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vendredi 20 septembre 2013

La résistance iranienne appelle à l’aide à Genève

                                  
Sept anciens moudjahidin sont retenus en otage par l’armée irakienne
Le Temps (Suisse), 20 septembre - C’était au matin du 1er septembre, des soldats irakiens en armes ont fait irruption dans le camp d’Ach¬raf, dans le nord de Bagdad, où subsistaient 103 moudjahidin du peuple iranien après que trois mille autres ont été transférés à Liberty, une ancienne base militaire américaine transformée pour accueillir les réfugiés.
Ils ont ouvert le feu et assassiné froidement, selon les témoignages recueillis, 52 personnes. Ils en ont blessé une dizaine d’autres. 42 survivants ont pu rejoindre leurs compagnons à Liberty. Mais sept Achrafiens, comme ils s’appellent eux-mêmes, ont disparu, pris en otage par l’armée irakienne, qui a d’abord nié, avant de reconnaître retenir sept prisonniers dont six femmes. Jeudi, au Palais des Nations unies, à Genève, Maryam Radjavi, la présidente de l’Organisation des moudjahidin du peuple iranien (OMPI), accompagnée d’une demi-douzaine d’orateurs, a appelé à l’aide: «Le temps est compté, il faut intervenir avant que les otages ne soient déportés vers l’Iran, où une mort certaine les attend.»
LE MASSACRE ETAIT ANNONCE
Une mère tend les photos d’un bambin, son fils tué le premier septembre : «Son frère jumeau a 28 ans. Il est en vie au camp Liberty. J’aimerais lui parler, entendre sa voix.» Elle ne retient pas sa colère: «Ils pensaient qu’ils seraient protégés. Où est l’ONU? Qui va sauver les sept otages? Mon fils est mort, mais je veux garder son frère. Ses 3000 compagnons sont menacés. » Derrière elle, douze personnes arborent des pancartes : «En grève de la faim.» Des centaines d’autres, à Liberty, ont cessé de s’alimenter pour réclamer que leurs coreligionnaires soient libérés.
Les problèmes sécuritaires se sont succédé à Achraf puis au camp Liberty, depuis 2009: irruptions armées et meurtrières, tirs de roquettes, la vie des anciens moudjahidin est devenue de plus en plus précaire. Au sein de l’OMPI, beaucoup ont tenté d’attirer l’attention sur les risques encourus par les trois mille combattants de la résistance iranienne, désarmés et reclus en Irak, dans l’attente d’une terre d’asile. Pour Maryam Radjavi, «le massacre était annoncé, personne ne peut dire qu’il n’avait rien vu venir. Ici même, il y a un an, je prévenais que le gouvernement irakien pouvait à tous moments attaquer Achraf ou Liberty.»
Tahar Boumedra, ancien directeur du Bureau des droits de l’homme de l’ONU en Irak, va plus loin. Pour lui, l’ambassade américaine à Bagdad et les agences onusiennes savent dans le détail ce qui s’est passé et connaissent les responsables: «En avril 2011 déjà, l’armée avait attaqué Achraf. On m’a empêché de faire un rapport sur les événements.»
L’ancien fonctionnaire international, qui a démissionné en 2012, en signe de protestation contre la passivité de l’ONU, dénonce une lâcheté coupable face au gouvernement irakien: «Le crime a été commis par l’armée irakienne, coordonné et décidé par le cabinet de Nouri al-Maliki. Les Etats-Unis et les Nations unies le savent. Ils savent aussi où sont les otages. Il est temps de les mettre en face de leurs responsabilités.»

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