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mercredi 9 octobre 2013

Réfugiés iraniens de Cologne : « Toutes ces personnes risquent d’être massacrées »

                         
CNRI - Dans une interview parue le 6 octobre dans le quotidien allemand Kölner Stadt-Unzeiger, l'ancien ministre allemand de l’Intérieur Gerhart Baum répond aux questions d’Andreas Damm et explique pourquoi l’Allemagne doit accueillir des réfugiés du camp Liberty. En voici quelques extraits :

Cologne - Le gouvernement fédéral a décidé que Cologne devait accueillir jusqu'à 77 réfugiés, membres des Moudjahidine du peuple d’Iran, contre l’avis du conseil municipal. Ces derniers se trouvent au Camp Liberty, une ancienne base militaire américaine, en Irak. Ce camp a été la cible d’attaques meurtrières répétées des troupes irakiennes. Gerhart Baum, l’ancien ministre de l’Intérieur appartient à un groupe d’hommes politiques qui se battent pour faire accueillir ces réfugiés. Rita Süssmuth, l’ex-présidente du Bundestag a co-signé une lettre de protestation au conseil municipal qui s’y est opposé.
Gerhart Baum : La pression sur ces personnes a considérablement augmenté. Le régime des mollahs est derrière ces pressions. L'an dernier, l’Irak a fermé le camp d’Achraf par la force. Ils ont confisqué les biens des habitants et les ont transférés dans une base militaire vétuste abandonnée par les Américains, le camp Liberty, qui n’a pourtant rien à voir avec la liberté. De graves violations des droits humains y sont monnaie courante. Ces derniers temps, ces Iraniens non armés ont été, à cinq reprises, cibles de massacres perpétrés par les troupes irakiennes. Il y a eu plus de 100 morts. Le 1er septembre, 52 personnes ont été simplement exécutées dans le camp, abattue d’une balle dans la tête. Les assaillants ont pénétré ...
Question : Qui étaient les assaillants ?
C’étaient des membres de l'armée irakienne, sorte de gardes révolutionnaires. Ce n’étaient pas du tout des mercenaires, mais l'armée irakienne qui a exécuté brutalement ces personnes. Sept d’entre elles, dont six femmes, ont été enlevées. Leur sort est encore incertain. Il y a à tout moment la menace d’un nouveau massacre. Pour dénoncer ce terrible désastre, nous avons appelé à un rassemblement à Berlin.

Qui voulez-vous dire par ‘nous’ ?
Un groupe d’hommes politiques allemands sous la houlette de Rita Süssmuth et Günter Verheugen, ainsi que Horst Teltschik et Herbert Scharrenbroich, mais aussi des journalistes comme Klaus Bresser, un ancien de la ZDF. Des manifestations semblables se déroulent également dans d'autres pays.
Et vos efforts visent à faire accepter ces personnes par la République fédérale ?
Il n'y a qu'une seule solution : qu’elles quittent le camp. Toutes les organisations internationales compétentes ont lancé des appels à cet effet. Nous lançons des appels nationaux et internationaux pour les faire installer dans des pays sûrs. L'ONU, le gouvernement allemand, les organisations de défense des réfugiés et Amnesty International ont protesté, et un nombre croissant de pays se sont déclarés prêts à les accueillir, y compris l'Allemagne.

Le conseil municipal de Cologne a d'abord refusé d'intégrer les 77 membres des Moudjahidine du peuple qui ont vécu ici il y a quelques années avant de rejoindre la résistance au Moyen-Orient. Dans un communiqué du conseil municipal, Guido Kahlen, le greffier de la ville, déclare qu’ils ont ainsi abandonné leur statut reconnu de réfugiés. En outre, un risque sécuritaire pour l’Allemagne n’était pas à exclure.
Le gouvernement fédéral a très clairement indiqué que ces personnes ne présentent pas de risque pour la sécurité. Ils ont depuis longtemps renoncé à la résistance armée. Ces gens sont bien éduqués et seront capables de trouver leur place ici. Certains d'entre eux ont de la famille. Avec tout le respect dû à la ville de Cologne compte tenu de la situation des réfugiés dans cette ville, cela ne doit pas la conduire à devenir involontairement le bras tendu des mollahs qui ont décidé de s’opposer à l'installation de ces personnes dans des pays tiers. Ils les poursuivent avec beaucoup de haine.
L'Organisation des Moudjahidine du peuple a figuré pendant plusieurs années sur la liste des organisations terroristes...
Ce n'est pas une organisation terroriste. Ce fait a été constaté par la Cour européenne de justice, ainsi que par l’une des plus hautes juridictions américaines. L’OMPI est à prendre très au sérieux car il s’agit, en effet, de l’organisation d’opposition la plus puissante au régime des mollahs.
Ces réfugiés qui viendront à Cologne, avaient quitté l’Allemagne de leur propre chef pour se rendre dans une zone de danger. A cet égard, ne sont-ils responsable de leur situation actuelle ?Non, ils ne pouvaient pas prévoir cette situation potentiellement mortelle.
Encore une fois, la question juridique : ces personnes n'ont-elles pas renoncé volontairement à leur statut de réfugié ?
Le gouvernement fédéral et les Nations Unies rejettent explicitement cet argument.
Que pensez-vous de l’avis de la ville de Cologne jugeant que la République fédérale devrait accepter les résidents du Camp Liberty – comme dans le cas des réfugiés en provenance de la Syrie - pour des raisons humanitaires pour ensuite les faire installer de manière équitable dans différentes villes du pays?Ces personnes ont des liens très forts avec Cologne. Je vois très bien que la ville a des problèmes avec le nombre croissant de réfugiés. Mais cela ne doit pas être évacué sur le dos de ce groupe.

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