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mardi 4 février 2014

Iran - Régis Debray, un Persan à Paris

                    
Le Monde.fr - 03.02.2014  - Par Pierre Bercis (Président de Nouveaux Droits de l'Homme), Yves Bonnet (Préfet honoraire ancien directeur de la DST), François Colcombet (Magistrat, ancien député) et Jean-Pierre Michel (Magistrat, sénateur)
On avait un peu oublié Régis Debray depuis qu'il était devenu membre du jury Goncourt. Il vient heureusement - ou plutôt malheureusement - de se rappeler à notre bon souvenir après un voyage en Iran, le pays des ayatollahs où, avec sesyeux d'éternel candide à la naïveté calculée, il a « découvert » que tout était rose, contrairement à ce que disent, écrivent tous les observateurs.
Sous l'impulsion de Khomeiny et de ses successeurs, l'ancienne Perse serait devenue un Etat moderne, démocratique, respectueux du principe de non ingérence. Quasiment un Etat Exit l'assassinat de Chapour Bakhtiar, de Kazem Radjavi, professeur de Droit en Suisse ; l'attentat mortel contre un centre culturel juif à Buenos Aires. Mais c'était il y a longtemps. Régis Debray était encore jeune.
Dès lors, parlons de l'immixtion actuelle de l'Iran en Syrie pour soutenir le «très respectable » Assad ; l'appui inconditionnel au Hezbollah libanais qui tente toujours de déstabiliser la démocratie au pays du Cèdre ; la coopération étroite en Irak avec le premier ministre, M. Al Maliki  pour mener des pogroms dans les camps de réfugiés iraniens d'Achraf et de Liberty. Les autres en font autant dira-t-il comme les enfants pour couvrir ses nouveaux amis.
Alors rappelons-lui la révolution pacifique et populaire en Iran, en 2009, aussi durement réprimée que celle de la place Tiananmen en Chine. A-t-il visité la prison d'Evine où l'on torture - et achève - aussi bien les détenus qu'à la redoutable Ecole de mécanique de la Marine ou ESMA (qui servait de centre de détention et de tortures), à Buenos Aires du temps de la dictature fasciste ? A-t-il eu le temps de photographier les grappes de jeunes gens pendus à des grues dont les corps dansent sous l'effet du vent ? Cher Régis, dis-nous que ce n'est pas toi qui feint une telle ignorance.
Mais notre nouveau Persan a trouvé un coupable : les Moudjahidin du Peuple d'Iran réfugiés en France et que préside Maryam Radjavi.
Sous le dictée, il les qualifie de « terroristes » et de « secte politico-religieuse » oublieux qu'il était conseiller à l'Elysée du président François Mitterrand lorsque celui-ci leur a accordé l'asilepolitique en France en raison des persécutions dont ils étaient victimes et que les résistants français ont longtemps été, eux-mêmes, qualifiés de « terroristes » par Vichy et les nazis qui occupaient la France. En outre, ses nouveaux amis, s'ils avaient été un tantinet honnêtes, auraient dû l'avertir que la Justice anglaise, française, américaine et européenne, à l'unanimité ont retiré ce qualificatif infamant.
Selon notre ci-devant révolutionnaire, la paix religieuse règne en Iran. Tolérance à tous les étages pour les juifs et les chrétiens de toutes obédiences. Voire. Et quid des Bahaïs ? Au final, ce pour quoi il met son poids dans la balance, c'est la condamnation de l'Occident qui exige l'arrêt de l'armement nucléaire d'un régime dangereux. Un excellent avocat pour un pays économiquement exsangue et qui a besoin d'un ballon d'oxygène en raison des sanctions économiques qui lui ont été imposées par la communauté internationale.
A l'occasion, il tacle notre gouvernement qui reste partisan d'une ligne dure vis-à-vis de cette Pour notre part, nous pensons que non seulement les sanctions doivent être maintenues à la fin du moratoire de six mois mais qu'elles doivent être renforcées en mettant dans la balance le respect des libertés et des droits de l'Homme par l'Iran. Les sourires du nouveau président pseudo libéral Rohani ne sont qu'hypocrisie. Et la meilleure, la seule garantie, au respect des engagements nucléaires de l'Iran est une démocratie car la parole d'un Etat voyou ne vaut rien. Comme en Syrie, seule la participation de l'opposition démocratique à la vie politique du pays peut assurer la paix intérieure et extérieure.
Sans doute, l'auteur du plaidoyer en faveur des mollahs verra-t-il en nous d'indécrottables suppôts de Bush, ou de Saddam Hussein, si ce n'est d'Israël et de l'Arabie Saoudite, comme il l'écrit pour tous ceux qui combattent la dictature barbue… Le ridicule ne tue plus. Seuls « les faits sont nos maîtres » comme le disait, jadis, un révolutionnaire qui, lui, l'est resté jusqu'au bout.
  • Pierre Bercis (Président de Nouveaux Droits de l'Homme)
  • Yves Bonnet (Préfet honoraire ancien directeur de la DST)
  • François Colcombet (Magistrat, ancien député)
  • Jean-Pierre Michel (Magistrat, sénateur)
  • Jean-Pierre Michel (Magistrat, sénateur)

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