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vendredi 16 mai 2014

Avec une dictature on ne transige pas - Sénateur Jean-Pierre Michel

                   
 Le Sénateur Jean-Pierre Michel est intervenu à une conférence à la salle Victor Hugo de l’Assemblée nationale sur la situation en Iran. Elle était tenue à l’invitation du Comité parlementaire pour un Iran démocratique. Voici le texte de l'intervention du sénateur Michel, qui s'est interrogé sur le bien-fondé de visites officielles d'élus en Iran, dénonçant le fait qu'elles soient souvent contrôlées au point d'imposer des restrictions inacceptables aux parlementaires:
 Je voulais intervenir pour donner un exemple de ce qui peut se passer lorsqu'une délégation de parlementaires va en Iran sans aucune précaution. En effet, le président de la Commission des finances du Sénat, M. Philippe Marini, expert en relations internationales d'affaires, a eu l'idée, et c'est son droit le plus strict comme président de commission, de constituer une mission qui est allée en Iran. Cette mission était constituée d'un certain nombre de parlementaires, à la proportionnelle.
D'abord, je dois dire que ça a très mal débuté et ça a très mal fini! Puisque les empreintes digitales de ces parlementaires ont été prises par la police à l'entrée de l'aéroport. Or je m'adresse ici aux parlementaires qui ont fait des missions à l'étranger, certains dans des pays un peu difficiles, comme moi-même, la Bosnie, le Kosovo, la Serbie, lorsqu'on arrive on est attendu au bas de l'avion, ou dans le hall par l'ambassadeur ou son représentant, par les autorités, on va dans un salon d'honneur, on donne nos passeports, on fait les formalités et puis on s'en va à notre hôtel. Rien de telle en Iran: les empreintes digitales ont été prises!
Ensuite, il y avait dans la délégation, je ne citerai que ce nom là, Philippe Dallier, sénateur UMP de la Seine Saint-Denis, qui a eu le malheur d'assister un samedi il y a quelques années, au grand rassemblement de Villepinte (de l'opposition iranienne). Donc ça a très mal débuté: il a été considéré comme persona non grata, il a été obligé presque de s'excuser d'avoir assisté à ce rassemblement. Je ne veux pas interpréter ce qu'il a dit, je l'ai lu dans les dépêches, mais que: il est allé en voisin… Enfin, vraiment, en minimisant sa présence. Quant à M. Marini également il a essayé d'enrober la chose.
Ensuite, bien entendu, le programme officiel était réglé, on le connaît, c'était dans les dépêches. Dans les rencontres, aucune possibilité d'aller ailleurs, de voir qui que ce soit d'autre. Pas de prisonniers politiques, pas d'opposants, mêmes les plus les plus modérés. A telle enseigne que la délégation était invitée un soir à une réception donnée par un homme d'affaires français, qui paraît-il avait invité un certain nombre d'Iraniens, peut-être de la société civile, peut-être que certains étaient des opposants en puissance. En tout cas, les forces de police ont interdit absolument, physiquement, à nos collègues d'aller à cette réception!
Voilà en gros ce qui s'est passé. C'est une honte pour l'ambassade de France à Téhéran! Je dis comme je le pense! Je ne sais pas qui est le titulaire du poste, mais ceux qui y ont été sont des fervents défenseurs du régime des mollahs. Alors je ne sais pas comment ils ont contaminés, quel est le virus qu'on leur inocule quand ils passent à Téhéran, mais certains, qui ont des postes importants au sein du ministère des Affaires étrangères aujourd'hui, sont des fervent défenseurs du régime des mollahs.
Or, vous le savez tous, avec une dictature, quelle qu'elle soit, on ne transige pas! On est pour, ou on est contre! Il n'y a pas de realpolitik possible. Et d'ailleurs, s'il en avait une possible avec l'Iran ça se saurait. Car l'Iran est économiquement exsangue, et je dirais que toutes les discussions qu'on peut avoir ne rapporteront absolument rien, sinon de légitimer le régime qui s'en sert.
Alors je dis à l'adresse de mes collègues, et à l'adresse d'Élisabeth Guigou, qui le saura d'ailleurs par ses collègues sénateurs qui étaient présents en cette délégation. Deux d'entre eux, une seule femme, qui a tout de même été obligé de porter un foulard autour de la tête tout au long du voyage. Or en France lorsque des délégations étrangères viennent, on ne leur demande pas de s'habiller comme nous. C'est absolument aberrant! Aberrant! Et bien les parlementaires ont été obligé d'en passer par là!
Mes chers collègues députés, vous avait pris quelques décisions et quelques déclarations qui me paraissent tout à fait opportunes. Vous savez que si une délégation de députés français se déplace en Iran dans les semaines qui viennent, elle sera soumise au même régime. Voilà, c'est ce que je voulais vous dire ce soir, pour que tout le monde soit bien informé de la façon dont on est accueilli en Iran aujourd'hui.

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