20minutes.fr - Bérénice Dubuc - La polémique déclenchée par la bise de l’actrice iranienne Leila Hatami au président du festival de Cannes, Gilles Jacob, en dit long de la condition féminine en Iran…
Un geste et une polémique qui résument la situation féminine en Iran. Dimanche, l’actrice iranienne Leila Hatami, membre du jury du festival de Cannes, s’est attiré les foudres des autorités iraniennes pour avoir fait la bise au président du festival, Gilles Jacob, lors de la soirée d’ouverture de la 67e édition du festival.
«Qu’elle soit artiste ou non, la femme iranienne est le symbole de la chasteté et de l’innocence, donc une telle attitude inappropriée (…) n’est pas conforme à nos principes religieux», a jugé le vice-ministre de la Culture, Hossein Noushabadi, cité par le site Internet de la radio-télévision Irib. Pour Simin Nouri, présidente de l’Association des femmes iraniennes de France, cette polémique met en lumière la «misogynie totalement institutionnalisée du pouvoir iranien». «Ce n’est pas le cas isolé d’une artiste, mais bien l’ensemble des femmes en Iran qui subissent cette misogynie», explique-t-elle à 20 Minutes.
«Une ségrégation flagrante»
En effet, selon la loi islamique, en vigueur dans le pays depuis la révolution de 1979, une femme ne peut pas avoir de contact physique avec un homme étranger à sa famille. «Les lois de ce régime sont basées sur une misogynie totale. En Iran, il est également impossible pour une femme de devenir juge, ou présidente. Le code civil dit aussi qu’en cas d’héritage par exemple, une femme hérite deux fois moins qu’un homme. Et dans le code pénal, le “prix du sang" que doit payer un criminel pour compenser la blessure ou le décès dont il s’est rendu coupable est deux fois moindre quand il s’agit d’une victime de sexe féminin que quand il s’agit d’une victime masculine», égrène Simin Nouri.
Elle ajoute que dans tous les domaines, qu’ils soient universitaire, sportif, culturel, «une ségrégation flagrante entre les deux sexes existe». Preuve de cette discrimination devenue insupportable pour la gent féminine selon elle: la récente campagne de femmes iraniennes qui ont publié sur Facebook des photos d’elles sans le hijab imposé dans le pays depuis 1979. «C’est une forme de révolte, de protestation. Beaucoup d’entre elles se sont d’ailleurs photographiées devant les pancartes indiquant que le hijab est obligatoire dans tel ou tel lieu public.»
Cependant, Simin Nouri déplore que ce mouvement doive se faire sur les réseaux sociaux, en cachette. «La répression est tellement forte qu’il ne peut pas y avoir de mouvement total des femmes, ce n’est pas possible.» Pourtant, la présidente de l’Association des femmes iraniennes de France, proche du Conseil national de la résistance iranienne, se dit «certaine que le changement du régime en Iran se fera par les femmes et par les jeunes». «Et il n’y a pas que des femmes qui luttent pour changer la situation féminine dans le pays. Il y a aussi beaucoup d’hommes. Car réprimer la liberté des femmes, c’est réprimer la liberté en général.»
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