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samedi 19 septembre 2015

Le massacre des prisonniers politiques en Iran en 1998 et l'accord sur le nucléaire iranien

Le massacre des prisonniers politiques en Iran en 1998 et l'accord sur le nucléaire iranien
Un ancien prisonnier politique iranien raconte le supplice qu'il a enduré pendant ses sept années passées dans les prisons des mollahs en Iran. Karim Moradi, militant iranien des Droits de l'Homme et membre de la Société des prisonniers politiques iraniens, est revenu sur le massacre de milliers prisonniers politiques en Iran en 1988, dans un article publié vendredi dans TheHill.com :
Mes amis américains me demandent souvent ce que je pense de l'accord sur le nucléaire iranien. En tant qu'ancien prisonnier, détenu 7 ans en Iran, il est difficile pour moi de donner une réponse simple. J'ai passé les dernières semaines à réfléchir, non pas au sujet de l'accord sur le nucléaire iranien, mais à l'été 1988, lorsque l'Iran a massacré de manière systématique 30000 prisonniers politiques, en à peine quelques semaines.
Je suis né en 1958 dans la belle ville de Chiraz dans le sud-ouest de l'Iran. J'étais étudiant et militant contre la dictature du Chah, mais après le soulèvement de 1979, j'ai observé un écart frappant entre mes valeurs et les mollahs qui avaient usurpé la révolution populaire. Je me sentais plus proche des moudjahidine du peuple iranien (OMPI), une organisation de l'opposition qui a adopté une interprétation démocratique de l'Islam et qui défendait une république laïque et démocratique.
Je fus arrêté par le régime des mollahs pour la vente de journaux d'opposition en janvier 1982. J’avais 23 ans quand, après un faux procès, j'ai d'abord été condamné à 10 ans de prison. Je fus alors torturé et plus tard condamné à mort par un juge nommé Ramazani.
En prison, j'ai été fouetté à l'aide de câbles sur les pieds et le dos et étais battu régulièrement. Mes compagnons de cellule, tous prisonniers politiques, ont été accrochés au plafond, parfois pendant des heures, ou avaient été brûlés progressivement sur certaines parties de leurs corps. J'ai également entendu dire que certaines femmes, y compris deux sœurs d'un ami de la famille, avaient été violées avant d'être exécutées.
Bien que nos jours aient été remplis d'isolement et de torture, nous trouvions souvent le temps, la nuit, de nous chuchoter des poèmes et des chants révolutionnaires, à la fois pour stimuler nos esprits et pour nous permettre de nous évader momentanément. Grâce à ces petits actes de défiance, nous avons pu renforcer notre résistance et maintenir une certaine bonne humeur dans ce qui était un réel enfer sur Terre.
J'en suis sorti grâce à un coup de chance rare, deux mois avant ce qui serait le plus grand massacre de prisonniers politiques de l'histoire de l'Iran. Mon père était parvenu à faire jouer un de ses contacts du Conseil judiciaire suprême, pour faire annuler ma peine de mort et m'assurer une libération pour des raisons médicales.
La sinistre fatwa
C'est l'ayatollah Khomeiny qui avait directement ordonné le massacre, par une fatwa (décret religieux) appelant à l'exécution de tous ceux qui restaient fidèles à leur soutien à l'OMPI. On a demandé aux prisonniers une question simple : soutenez-vous toujours l'OMPI ? Ceux qui ont répondu oui ont été exécutés, même si leur peine initiale était terminée. Beaucoup de mes amis les plus proches ont été exécutés à ce moment-là.
La grande majorité des victimes étaient des membres de l'OMPI et des sympathisants. Ils ont été pendus de manière collective, parfois entre 10 et 15 en même temps, et ont ensuite été enterrés dans des fosses communes. L'ampleur du massacre reste inconnue, car aucune enquête officielle n'a jamais eu lieu, mais les groupes de l'opposition estiment que 30000 personnes ont été tuées cet été-là.
Je ne vais pas raconter ce qui est arrivé en 1988 en détail. Il y a eu une grande compilation de nombreux témoignages de témoins oculaires et de preuves sur ce massacre. Je demande simplement que la vie de dizaines de milliers d'enfants, les meilleurs et les plus brillants d'Iran, ne soient pas relégués à une simple note dans l'histoire.
Même si je suis parvenu à quitter l'Iran, il m'a été impossible d'échapper aux blessures profondes qui m'ont été infligées dans les prisons d'un régime théocratique brutal. Je n'ai jamais été en mesure de vivre une vie normale, et je suis hanté par les souvenirs de mes amis qui m'ont été enlevés. En ce moment, je concentre mon énergie sur la défense des Droits de l'Homme pour d'autres prisonniers politiques en Iran.
Quand on me demande mon avis sur l'accord sur le nucléaire iranien, je ne peux que penser à la brutalité avec laquelle le régime a exécuté des milliers de jeunes Iraniens simplement parce qu'ils avaient des croyances différentes. C'est exactement ce que Daech est en train de faire au Moyen-Orient.
Je ne suis pas pour une guerre ou une intervention militaire étrangère. Toutefois, le régime iranien a déclaré la guerre contre son propre peuple depuis longtemps. Ce régime ne devrait pas être digne de confiance.
Je crois qu'il est de mon devoir de parler de ce qui nous est arrivé, à moi et à mes camarades qui se sont battus pour la démocratie contre la tyrannie religieuse. Le régime iranien continue de figurer parmi les pires violateurs de droits dans le monde. Il constitue une menace pour le peuple iranien et il reste une menace pour le monde entier, comme épicentre de l'intégrisme islamique et du terrorisme.

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