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mardi 10 mai 2016

Mahnaz n'est pas venue en classe, elle s'est suicidée

suicide teheran iranCSDHI - "A la fin de la semaine, quand il a fallu passer l'examen de niveau hebdomadaire au lycée qui nous préparait au concours d'entrée à l'université, ma copine Mahnaz n'est pas venue", se souvient Paria qui a fui l'Iran en 2015 à 18 ans.
Paria aurait dû entrer en fac en Iran, elle a choisi la liberté à l'étranger où elle est très active en faveur de la libération des prisonniers politiques. Son père Saleh Kohandel en est un depuis de si longues années. Elle raconte des bribes de son quotidien à Téhéran, sous le régime des mollahs, ici dans son lycée de filles :

- "Mahnaz ne viendra pas, elle ne viendra plus", a dit une élève.
Et je me suis demandé pourquoi parce que c'était une élève brillante.
- "Elle s'est suicidée."
Un coup de massue. Non ce n'était pas vrai, c'était une blague, une très mauvaise plaisanterie. Mais tout le monde était bouleversé autour de moi, alors j'ai compris que c'était vrai.
- "Mais comment ?", ai-je demandé.
- "Elle a avalé une "pilule de riz", du poison.
Mahnaz était sous une pression extrême, un tas de problèmes insolubles. Nous, ses copines, on ne s'en était pas rendu compte, on n'avait pas su l'écouter. Cela nous a fait de la peine et puis le temps a passé, laissant place à l'oubli.
Mais trois mois plus tard, nous avons entendu qu'une autre fille, Simine, dans un lycée voisin s'était aussi suicidée. Ce n'était pas la seule, au cours de l'année il y en a eu d'autres, des filles de notre âge qui mettaient fin à leurs jours. Et je trouvais ça bizarre qu'on ne puisse rien y faire. Peu après mon arrivée à l'étranger, j'ai encore appris le suicide d'une jeune fille à Tabriz (nord-ouest de l'Iran)."
Record de suicides en Iran
L'Iran des mollahs se place en tête des suicides au Moyen-Orient, en particulier de femmes et de jeunes filles. Les raisons sont légions: pauvreté, mariage forcé, viol, violences, harcèlements, l'absence de tout avenir pour la jeunesse, pour les femmes. Les mollahs cultivent le désespoir dans la tête des jeunes pour les pousser à renoncer à toute action, à se soumettre, à plonger dans la drogue plutôt que dans la révolte. La drogue coûte moins cher que le pain dans la capitale iranienne.
Mais à l'instar de Paria, la jeunesse et les femmes ont soif de liberté. Si les suicides se succèdent, on retrouve aussi les femmes en première ligne des manifestations sociales, étudiantes et politiques en Iran. Les femmes, moteur de la révolte et du changement forment le gros des troupes de la résistance iranienne. Elles y ont toute leur place puisque l'égalité y est pratiquée depuis une trentaine d'années dans tous les domaines et que les femmes y occupent des postes de responsabilités jusqu'à la direction du mouvement. C'est cette voie qu'a choisie Paria.
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