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mardi 7 juin 2016

Iran : Un nouveau projet de loi iranien vise à maintenir les femmes en dehors du marché du travail


bill to reduction of working hours of women Un projet de loi qui permettrait de réduire les heures de travail de la main d'oeuvre féminine, qui a été adopté au cours des derniers jours par le parlement sortant d'Iran, le 10 mai 2016, ressemble à une tentative de l'Etat de « mettre hors de contrôle la moitié de la société en la plaçant justement sous son contrôle » , a déclaré un expert des études concernant les femmes à la Campagne internationale pour les droits de l'homme en Iran. Si le projet de loi est approuvé par le Conseil conservateur des Gardiens – le puissant corps des écclésiastiques et des juristes qui examine les projets de loi pour s'assurer de leur conformité avec loi islamique - les 4,3 millions de femmes faisant partie de la population active du pays se verront imposer une réduction obligatoire et substantielle de leurs heures de travail. Quelques militants des droits de la femme ont soutenu que le projet de loi pourrait encourager les employeurs à licencier leurs employées, et rendre la tâche plus difficile aux femmes pour retrouver un emploi.

Diminution de perspectives d'emploi
La « réduction de la Loi concernant les heures de bureau pour les femmes avec des circonstances particulières » réduirait les heures de travail des femmes de six heures par semaine, a déclaré le député Abdolreza Azizi le 22 avril, 2016. « Les employeurs qui renvoient leur personnel féminin en raison des heures de travail réduites, nous nous en occuperons », a ajouté Azizi, président de la commission des affaires sociales au Parlement.
Mais les heures de travail réduites nuiraient à la sécurité de l'emploi des femmes à court et à long terme, a dit à la campagne dans une interview, Nasrin Afzali, chercheuse sur les études de femmes.
« Les femmes qui travaillent actuellement peuvent accueillir positivement ce plan », a-t-elle dit. « Mais les femmes qui projettent seulement d'entrer sur le marché du travail pourraient sentir un plus grand impact parce que les employeurs ne peuvent pas les embaucher du tout dans ces circonstances ».
En ce qui concerne les femmes employées, Afzali a dit : « le danger, c'est qu'elles vont certainement être les premières à se faire virer lorsque leur employeur décidera de procéder à des suppressions d'emplois. En outre, les femmes ne seront pas une priorité pour les promotions parce que les entreprises ne seront pas en mesure de compter sur leur présence à temps plein ».
Nouvelles députées
Un nombre record de 18 femmes a été élu au nouveau Parlement lors des élections de février 2016 en Iran, mais seront-elles en mesure de changer les lois discriminatoires contre les femmes ? Afzali a déclaré que le plus grand nombre de femmes députées au Parlement était un signe encourageant, mais ellel a averti que la population ne devait pas s'emballer sur l'impact que ces nouvelles députées auraient.
« Vous ne pouvez pas avoir des espoirs et être certains de l'efficacité des femmes parlementaires », a dit Afzali à la campagne. « Après tout, les politiques générales de l'État visent à donner des emplois aux hommes autant que possible tout en faisant en sorte que les femmes retournent à leur rôle traditionnel ».
« En regardant les élections passées, le Parlement iranien a non seulement fait preuve de négligence à l'égard des intérêts des femmes, mais ses familles aussi », a-t-elle dit. « La famille est une institution sécuritaire pour tous les membres de la société et tous les membres d'une famille devraient avoir des droits égaux, mais nous ne pouvons pas dire que le Parlement et l'État aient servi les intérêts des familles. Au lieu de cela ... l'idéologie de l'Etat s'est renforcée avec les lois patriarcales. Avec ces lois, l'Etat veut s'assurer de la domination continue des méthodes traditionnelles imposées aux familles iraniennes et le retour des femmes à leur rôle de gardiennage ».
Les femmes, la famille et l'économie
Un autre projet de loi qui vise à contrôler et à limiter la présence des femmes dans la population active est le Plan détaillé de la population et de la famille, qui a été examiné la première fois dans la commission des affaires culturelles du Parlement en mai 2013, et approuvé par le Parlement le 4 novembre 2015. (Le Conseil des gardiens n'a pas encore approuvé, ce n'est donc pas encore une loi.)
Le plan soutient et promeut des visions et conceptions du Guide suprême de l'Iran, Ali Khamenei, qui soutient que le rôle principal d'une femme est d'élever des enfants. Les partisans conservateurs du régime croient qu'avoir permis aux femmes d'entrer dans la population active a affaibli les fondements de la vie de la famille, ce qui conduit à une augmentation des divorces et d'un faible taux de natalité.
« Ce plan comprend des mesures incitatives économiques adressées aux femmes afin qu'elles restent à la maison et prévoit de prendre soin des membres âgés de la famille », a déclaré Afzali à la campagne. « Il met la pression sur les femmes pour qu'elles acceptent des rôles familiaux qui peuvent être économiquement bénéfiques et utiles aux membres des familles en difficulté, mais qui n'ont rien à voir avec leurs compétences professionnelles ou leur niveau d'éducation et donc ne leur permettraient pas de se cultiver et d'avoir un avenir ».
Contrôle du corps des femmes
L'objectif le plus important des lois discriminatoires de l'Iran contre les femmes consiste, pour l'Etat, à reprendre le contrôle du corps des femmes, a dit Afzali à la campagne.
« Ces jours-ci, plus que jamais les femmes essaient de contrôler leur corps dans le sens où elles décident quand se marier et avoir des enfants ou si elles retardent le mariage ou ne souhaitent pas avoir d'enfant du tout », a-t-elle dit. « Elles pourraient même se faire avorter. Le nombre moyen d'enfants par famille a diminué et en même temps, de plus en plus de femmes cherchent des emplois et se dirigent vers l'enseignement supérieur ».
« Ce sont toutes les choses qui vont contre l'idéologie dominante de l'Etat et de son désir de contrôler les corps et les aspirations des femmes », a ajouté Afzali. « Par conséquent, l'Etat tente d'introduire des lois qui rétablissent son contrôle sur la moitié de la société, qu'il estime avoir perdu ».
L'Iran maintient l'un des pourcentages les plus bas du monde de femmes qui travaillent. Selon l'Organisation de la gestion et de la planification d'Iran, les femmes occupent seulement 11 % des emplois du pays.
Une étude réalisée par le sociologue Mehrdad Darvishpour indique que, malgré des avancées significatives des femmes iraniennes dans l'éducation depuis la révolution du pays en 1979, la discrimination entre les sexes, le tissu patriarcal des familles et misogyne de l'idéologie de l'État ont écarté et tenu à l'écart les femmes de toute progression professionnelle.
Source : Campagne internationale pour les droits de l'homme en Iran

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