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vendredi 1 juillet 2016

Les droits humains se détériorent en Iran, malgré l'optimisme européen

 EurActiv.com, 30 juin - par Gérard Deprez * - Aucun volume de commerce ni de croissance économique ne peut compenser la souffrance et la perte de vie causées par le régime violent de l'Iran. L'Occident doit exiger des changements avant d'approfondir ses relations avec Téhéran, écrit Gérard Deprez.
La semaine dernière, 270 de mes collègues du Parlement européen de tous les groupes politiques, notamment six vice-présidents du Parlement, et moi avons signé une déclaration commune dénonçant la situation des droits humains en Iran. Nous avons appelé les gouvernements européens à exiger des améliorations à cette situation avant de développer davantage leurs relations avec Téhéran. Nous avons exprimé notre préoccupation vis-à-vis du nombre croissant d'exécutions en Iran depuis que le président soi-disant «modéré» Hassan Rohani a pris ses fonctions il y a trois ans.

Dans ses derniers rapports à la Commission des Nations Unies des droits humains, le Dr Ahmed Shaheed, rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'homme en Iran, a souligné que près d'un millier de personnes avaient été mises à mort dans les prisons iraniennes durant la seule année 2015. Il a précisé que cela représente la pire période en termes d'exécutions depuis 27 ans, dans une nation qui exécute toujours plus de personnes par habitant au monde.
La tendance se poursuit à ce jour, même dans le sillage de la mise en œuvre de l'accord nucléaire iranien. Cela continue alors même que des politiciens européens insistent dur le fait de considérer le gouvernement Rohani comme modéré, et comme source potentielle de réformes internes dans les mois et les années à venir.
Des sources de l'opposition iranienne ont fait monter les statistiques de Shaheed en notant que le président Rohani a supervisé un total d'environ 2.500 exécutions au cours de ses trois années de mandat. Plusieurs organisations axées sur la défense des droits humains en Iran ont continué à signaler des exécutions ces dernières semaines et ont fait remarquer, par exemple, qu'au moins 73 personnes avaient été pendues en mai, certaines même devant des foules en public et en présence de jeunes enfants.
Ces spectacles brutaux sont l'une des façons avec lesquelles le régime iranien maintient son engagement à des valeurs nettement médiévales, indépendamment du fait que les observateurs occidentaux maintiennent l'examen et la pression sur Téhéran, ou fasse l'éloge de sa «modération». Les mesures répressives contre les femmes et les minorités religieuses ont continué d'augmenter. La déclaration conjointe des députés européens met en évidence non seulement la portée générale des exécutions, mais aussi le fait que l'Iran est au premier rang mondial des exécutions de mineurs délinquants. Les victimes de pendaisons en Iran comprennent des prisonniers politiques reconnus coupables de «crimes» comme "l'hostilité contre Dieu", qui peuvent simplement consister à donner de l'argent aux médias liés à l'OMPI, l'opposition, ou bien à dénoncer les exactions du régime.
Même ceux qui évitent le nœud coulant peut être punis avec des peines de prison excessivement longues ou des formes de violence légalement mandatées capables de choquer toute personne civilisée. Selon le dernier rapport d'Amnesty International, la direction intégriste du pays continue de se cramponner à la doctrine littérale de «œil pour œil», et a très récemment mené des châtiments comme aveugler des prisonniers ou les amputer.
Les peines de fouet ne sont pas seulement infligées avec enclin par les tribunaux de la révolution en Iran; elles semblent être de plus en plus communes comme moyens pour essayer de "corriger" le comportement d'une population rétive, en particulier les femmes, excédées par les codes vestimentaires islamiques forcés, la censure complète des médias, et la criminalisation de tout ce qui ressemble à la société occidentale. Vers la fin du mois de mai, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme a condamné « la flagellation scandaleuse de 35 jeunes hommes et femmes en Iran» qui avaient été arrêtés à une fête de remise des diplômes et presque immédiatement soumis à 99 coups de fouet chacun pour avoir enlevé leur foulard et dansé avec le sexe opposé.
Pour ceux qui attendent des signes de réformes de l'intérieur du régime iranien, cette attente a sûrement assez duré. Les anciennes revendications de modération ont été complètement contredites en paroles et en actes par le régime en général, et par le gouvernement Rohani en particulier. Les lois qui mènent aux exécutions et aux violences physiques mentionnées ci-dessus ont toutes été adoptées avec enthousiasme par le président iranien, qui les a qualifiées de «loi de Dieu» et de «lois du Parlement, qui appartient au peuple ».
En réalité, le parlement iranien n’appartient à personne d'autre que la théocratie. Les victoires politiques récentes de la faction de Rohani ne sont rien d'autre que les victoires d'une aile extrémiste sur une autre. Tous les réformistes authentiques ont été évincés de la course bien avant que les Iraniens aient eu une occasion de peser sur l'avenir du pays. De plus, bon nombre d'adversaires acharnés de la théocratie répressive et de l'intégrisme ont été chassés du pays il y a des années.
Le 9 juillet, de nombreux parlementaires d'Europe, des États-Unis et du monde entier se joindront au rassemblement international de l'opposition iranienne à Paris sous la direction de Maryam Radjavi pour souligner notre engagement à soutenir l'aspiration du peuple iranien pour un changement démocratique.
Notre message est que le peuple iranien ne peut pas se permettre de voir les politiques européennes et américaines toujours éviter de faire pression sur le régime en raison de la situation des droits de l'homme. Aucun volume de commerce ni de croissance économique ne peut compenser la souffrance et la perte de vie qui persistera si le régime est autorisé à engager sa nouvelle richesse dans les mêmes vieilles violations des droits humains.
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* Gérard Deprez, vétéran du Parlement européen, est vice-président du Mouvement Réformateur libéral belge et préside le groupe des Amis d'un Iran Libre au Parlement européen.

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