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samedi 3 décembre 2016

Iran : Le témoignage de la courageuse Chabnam Madadzadeh

 Ayant récemment quitté l’Iran où elle a connu les prisons politiques des mollahs pendant cinq ans, Chabnam Madadzadeh participait le 26 novembre à la Maison de la Mutualité, à Paris, à une conférence pour réclamer une enquête internationale sur le massacre des prisonniers politique en 1988 en Iran. La salle, bouleversée et en larmes, lui a réservé une standing ovation.

Libérée en février 2014, Chabnam a été une activiste du milieu étudiant, arrêtée en 2009 pour sa participation active dans le soulèvement populaire contre le régime et sa collaboration avec le mouvement d’opposition des Moudjahidines du peuple. À l'université Tarbiat Moalem elle participait activement à la mobilisation des étudiants, contribuant efficacement à l'organisation d’activités anti régime. En prison, elle n'a cessé de dénoncer les conditions d'incarcération des prisonniers politiques, notamment en envoyant secrètement des lettres aux organisations internationales de défense des droits de l'homme. Sa résistance et ses activités cruciales pour dénoncer les abus en Iran, lui ont value des représailles de la part du régime contre sa personne et sa famille. Elle fut plusieurs fois jetée en isolement.
Elle a salué d’emblée les 30.000 prisonniers politiques, « 30.000 roses rouges pendues », exécutés dans le massacre de 1988 en Iran, ainsi que son frère Akbar et sa sœur Mahdieh, fauchés à la fleur de l’âge dans le camp d’Achraf en 2011 par les hommes du régime iranien, et qui sont « avec moi à chaque souffle ». Elle a rendu un hommage appuyé aux prisonniers politiques et particulièrement à ses codétenues à la prison d’Evine de Téhéran.
Je m’appelle Shabnam Madadzadeh, et je suis arrivée d’Iran il y a quelques mois, explique-t-elle. J’avais 21 ans et j’étais en 3e année d’informatique à la fac Tarbiat Moallem de Téhéran. C’est à cette époque que les services de renseignement nous ont enlevés dans la rue mon frère Farzad et moi, et qu’ils nous ont emmenés à la prison d’Evine.
Je suis restée près de 9 mois en isolement dans la section 209, soumises à des tortures violentes physiques et psychologiques, dont la plus sauvage a été la torture de mon frère Farzad sous mes yeux.
Puis au tribunal injuste de la révolution, j’ai été condamnée à cinq ans de prison et à un éloignement à la maison d’arrêt de Gohardacht. Durant toute cette période, j’aurai connu les prisons d’Evine, de Gohardacht et l’entrepôt effroyable de Qarchak à Varamine. J’ai connu des épreuves épouvantables, comme lors de l’exécution de ma si chère camarade de cellule, cette lionne du Kurdistan, Chirine Alam-Houli.
Tout a commencé avec deux mots : C’était une chanson écrite à la première page de tous mes livres de classe et de préparation au concours d’entrée à l’université. Deux mots : On peut et il faut le faire (mitavan va bayad en persan)
Ces deux mots se sont plantés dans mon cœur et ont percé puis grandi pour se transformer en courage et en audace et en cri contre les humiliations sur le campus de l’université, où je me dressais face aux agents du renseignement et les agents de la sécurité, quand je défendais de toutes mes forces, d’une seule voix avec mes camarades de classe, le dernier bastion de la liberté. Ces deux mots, m’ont donné le courage de parler de la liberté et du droit de vivre.
Ces deux mots ont bousculé ma vie, m’ont donné la force de croire et ont été le secret de mon endurance en isolement cellulaire. Ils ont forgé ma foi sur la chaise des interrogatoires quand cinq bourreaux m’entouraient, en parlant d’exécution et me torturant. Ces deux mots ont incarné mon espoir chaque jour de ces cinq années de prison, quand les murs étaient toujours plus hauts.
Oui chère Maryam Radjavi, avec vos mots « on peut et on doit le faire », dans les cellules d’isolement je me suis vue pousser des ailes et j’ai pris mon envol. « Et aujourd’hui, je suis venue rejoindre la résistance et les Moudjahidine du peuple d’Iran, en m’appuyant sur vous qui incarnait cette phrase « on peut et on doit le faire » sous votre regard débordant de conviction.
Je viens des rues débordantes de tristesse et d’oppression d’Iran, je viens du milieu des grues d’exécution. Je suis venue à vous avec un sac rempli des souffrances du peuple iranien, en particulier de la souffrance des femmes et des filles de notre pays. Mais aussi un sac rempli de salutations et d’espoirs du peuple opprimé d’Iran. Je suis venue du milieu des étudiants combattifs qui refusent l’indignation. J’ai des messages qui vous sont destinés. »

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