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mardi 21 mars 2017

Condamnée à 10 ans de prison, ma soeur a été exécutée au bout de sept ans en Iran

 CSDHI – « Au cours de l'été 1988 plus de 30.000 prisonniers politiques ont été exécutés dans pratiquement toutes les villes d'Iran. Ma sœur Zahra Bijanyar en faisait partie après avoir passé 7 années de sa vie en prison et subi des tortures », raconte Zohreh Bijanyar à l’ONU à Genève le 14 mars 2017.
Elle s’exprimait dans une conférence parallèle du Conseil des droits humains de l’ONU où témoignaient de nombreuses victimes du régime des mollahs.
« Lors de son arrestation en 1981 elle était enceinte de trois mois, mais elle a perdu son bébé sous la torture. Tout comme les autres prisonnières politiques, elle n'a jamais eu le droit de se défendre en présence d'un avocat. Elle a été condamnée à 10 ans de prison.

En 1988, Khomeiny a ordonné dans une fatwa l'élimination de tous les prisonniers politiques. Les visites des familles ont été annulées et elles sont restées sans nouvelles de leurs proches en prison.
Les nouvelles concernant ce massacre inouï ont envahi les rues à travers le pays.
Chaque jour les familles se rendaient devant les portes des prisons pour avoir des informations sur leurs proches mais se heurtaient à des violences physiques et verbales, à des propos insultants et des humiliations de la part des autorités carcérales et des gardiens. Personne ne voulait croire ni ne pouvait imaginer une telle violence...
A partir septembre 1988, les familles des prisonniers ont été contactées par téléphone pour être informées de l’exécution de leurs êtres chers et pour être aussitôt menacées de ne pas organiser de cérémonie de deuil.
De plus, les autorités ont privé les familles de leur droit absolu de savoir où était enterrés les corps et surtout les raisons pour lesquelles après des années de prison ils avaient été exécutés, même ceux qui avaient terminé leur peine depuis quelques mois voire des années.
Sur les documents d'état-civil de ma sœur, comme pour les prisonniers politiques exécutés à cette époque, les responsables avaient écrit qu'elle était décédée au domicile de ses parents de mort naturelle…
Des milliers de familles comme la mienne, 28 ans après, sont encore dans l'ignorance de ce qui est arrivé à leurs proches et pourquoi ils ont été exécutés.

Depuis 1988, les familles n'ont cessé de contacter et d’informer les organisations des droits humains et ont envoyé des lettres et des témoignages, des preuves concernant ce massacre des prisonniers politiques qui s'est déroulé dans le silence du monde entier...
Suite à la diffusion en août 2016 par Ahmad Montazeri d’un enregistrement audio avec la voix de son père l’ayatollah Montazeri datant d’aout 1988 sur ce massacre, il n'y a plus d'excuse pour ignorer les exécutions massives et programmées par le régime de Khomeiny en 1988. Il est temps de réagir, de briser le silence et procéder à l'ouverture d’une enquête sur ce massacre.
Aujourd'hui les membres des « Commissions de la mort » chargés d’anéantir les opposants dans un délai de quelques mois, occupent des postes et responsabilités majeurs dans le système judiciaire iranien et le régime des mollahs continue d’exécuter ses opposants.
Les commanditaires et auteurs de cette horrible barbarie doivent être jugés par un tribunal international pour crime contre l'humanité.
Les familles sont toujours sous la menace et le harcèlement du régime des mollahs et quand elles osent demander le sort de leurs proches exécutés en 1988, elles sont emprisonnées à leurs tours...
Est- ce que les criminels pourraient trouver refuge dans le temps et l'oubli, alors qu'ils s'en sont pris à l'humanité ?
Il faut que le monde sache enfin ce qui s'est passé en Iran, puisque cela continue encore.

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