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vendredi 28 avril 2017

Le délit de parenté ou le calvaire des parents âgés en Iran

 En février de cette année, une femme âgée en Iran, Saharnaz Moussavi, a été matraquée par des gardiens de la prison Dastguerd à Ispahan avant d'être jetée dans la rue. Mme Moussavi avait eu le tort de s'inquiéter pour son fils Qanbar-Ali Safari, emprisonné. Détenu politique depuis 2009, son fils était à l'isolement et en grève de la faim. Face à un mur de silence, elle avait eu la mauvaise idée d'élever la voix. Pour toute réponse, les coups ont plu.

Il ne s'agit pas d'un cas isolé. En Iran, les familles d'opposants souffrent autant que leurs proches en prison. Le régime iranien qui craint comme la peste une épidémie de démocratie, a eu vite fait de réprimer les familles des opposants politiques, pratiquant la prise d'otage et le chantage sur ses concitoyens, bien avant d'exporter la pratique au Liban et dans le reste du monde. On ne compte plus les parents emprisonnés après l'évasion des enfants dissidents ou leur fuite à l'étranger, même quand ces parents sont très âgés. Cela vaut aussi pour les frères et les soeurs qui ont eu la mauvaise idée de passer un coup de fil pour avoir des nouvelles ou simplement d'avoir rendu une visite.

 En mars 2017, les forces de sécurité ont lancé un raid chez la mère du détenu politique Afchine Sohrabzadeh dans la soirée du 15 mars, et l’ont violemment passée à tabac, la blessant à la tête. La police avait menacé ce prisonnier politique que s'il ne coopérait pas, ils mettraient le feu à son domicile.
Deuil interdit
Toujours en mars de cette année, Mme Mansoureh Behkish, qui a perdu cinq de ses frères et sœurs et un beau-frère au cours du massacre de prisonniers politiques de l'été 1988, a voulu avec d'autres parents fleurir les charniers de Khavaran, à Téhéran où sont enterrés pêle-mêle des milliers de jeunes victimes du massacre. « Nous sommes arrivés au cimetière de Khavaran à 12 h 30, écrit-elle. Les forces de sécurité n'ont pas laissé les familles déposer des fleurs sur le sol, ni même arroser et nettoyer l’endroit. Alors nous avons tous essayé de passer sous les barbelés pour déposer des fleurs en souvenir de nos êtres chers et au nom des mères qui n’avaient pu se déplacer. »

Mars, mois du Nouvel an en Iran, est propice pour fleurir les tombes et saluer les mémoires. C'est aussi le mois de la répression. Ainsi cette année, les services de renseignement de Mazandaran (nord de l'Iran) ont convoqué et menacé une mère qui a tenu une cérémonie à la mémoire de son fils assassiné par le régime. Les agents ont convoqué Mme Houri Golestani et ses proches pour lui intimer l’ordre de ne pas commémorer son fils, Behnoud Ramezani, sinon tous les participants seraient arrêtés. Behnoud Ramezani était un étudiant de 19 ans en première année de génie mécanique à l'université Noshirvani de Babol. Il a été tué par les forces de sécurité pendant la Fête du Feu en 2010, sur la place Narmak à Téhéran. Un ami de la famille a dit qu’après six ans, la famille de Behnoud Ramezani n’avait toujours pas été autorisée à célébrer sa mémoire. En mars 2012, les parents et la tante de Behnoud avaient été arrêtés pour avoir tenté de tenir une cérémonie. Ses parents ont été condamnés à 8 mois de prison et à sa tante à quatre mois.

Ne pas rechercher les disparus
Mme Raheleh Rahemipour a été condamnée à deux ans de prison pour « atteinte à la sécurité nationale » en Iran. Elle tente de savoir ce qui est arrivé à sa nièce, Golrou Rahemipour, née en prison en 1983 et disparue depuis. Golrou a été séparée de sa mère alors qu'elle n'avait que 14 jours. En réponse à l'enquête de ses parents, les gardiens de prison ont dit que Golrou était morte. Le frère de Mme Rahemipour, Hossein, a été exécuté en septembre 1984 en Iran. Sa famille n'a été informée ni de sa mort ni du lieu où il a été enterré. Le corps n'a jamais été restitué à la famille. Le procès de Mme Rahemipour a eu lieu le 2 novembre et le 13 décembre 2016. Elle avait déjà été convoquée et menacée par les services de renseignement parce qu’elle cherchait à savoir ce qui était arrivé à son frère et sa nièce.

Le 24 novembre 2016, cinq experts des droits humains de l'ONU ont exhorté le régime iranien à mettre fin à la campagne contre Mme Rahemipour. Ils se sont dits préoccupés par les mesures de rétorsion prises par le régime iranien. Les experts de l'ONU ont déclaré : «Nous craignons que le processus judiciaire contre Mme Rahemipour puisse être des représailles directe pour son militantisme des droits humains dans la recherche de ses proches, ainsi pour l'exercice de son droit à la liberté d’assemblée pacifique. Nous exhortons le gouvernement iranien à abandonner immédiatement toutes les accusations portées contre Mme Rahemipour et à mettre un terme aux actes de représailles contre les proches, témoins et défenseurs des droits humains signalant des cas de disparitions forcées ».

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