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dimanche 16 juillet 2017

Deux prisonnières politiques dénoncent l’instrumentalisation de la visite d’ambassadeurs étrangers à la prison d’Evine en Iran

 Deux prisonnières politiques ont appelé les ambassadeurs de pays étrangers à ne pas collaborer avec les responsables iraniens dans leurs efforts pour présenter une fausse bonne image des prisons iraniennes.
Atena Daemi et Golrokh Iraei, détenues dans le pavillon des femmes de la prison d’Evine, affirment que les détenus n’étaient pas au courant de la visite et n'ont pas pu rencontrer les ambassadeurs. Les deux militantes des droits civiques ont écrit une lettre à cet égard, demandant aux ambassadeurs en Iran de visiter les prisons des mollahs sans planification préalable.

Elles ont également demandé à Asma Jahangir, Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme en Iran, de visiter les prisons du régime iranien et de parler aux détenus.
Selon eux, les ambassadeurs ont visité seulement des quartiers particuliers à l’intérieur de la prison alors que les prisonniers politiques n’étaient pas au courant de la visite et ne pouvaient pas les rencontrer.
« Si nous invitons des visiteurs dans notre maison, nous embellirons la maison autant que possible », écrivent Atena Daemi et Golrokh Iraei dans leur lettre, ajoutant « Alors, il n’est pas surprenant de voir l'espace en face du Bureau d’application des ordonnances de la prison d’Evin, où les prisonniers politiques ont été exécutés par peloton pendant les années 80, est maintenant transformé en un endroit pour accueillir 45 ambassadeurs. »
Les deux prisonnières politiques affirment qu'elles ont été informées de la visite que par les journaux et qu’avant la visite des ambassadeurs, les détenus ont été transférés hors du pavillon, sous prétexte d’être transféré au tribunal ou à l’hôpital, mais en réalité pour être gardés en isolement cellulaire dans le pavillon 2-A de la prison jusqu'au départ des ambassadeurs.
« Vous a-t-on déjà dit qu'en raison des limitations religieuses, les femmes détenues dans la prison d’Evine se voient refuser tout examen médical, injection de médicaments, ou test d’ECG (électrocardiogramme) par des médecins de sexe masculin ? », demandent les deux prisonnières politiques aux ambassadeurs. « Vous ont-il dit qu'il n'y a même pas une seule infirmière pour effectuer ces tâches ? »
« vous ont-t-il dit combien de détenus ont purgé toute leur peine de prison en isolement cellulaire ? Des détenus comme Mohammad-Ali Taheri qui a été détenu en isolement cellulaire dans le pavillon 2-A appartenant aux Gardiens de la révolution (pasdaran) au cours des cinq dernières années. »
Elles ont appelé les ambassadeurs à ne pas collaborer avec les responsables du régime qui essaient de présenter une fausse bonne image des prisons et des prisonniers en Iran. Les ambassadeurs ont besoin d’avoir une image réelle en effectuant des visites non planifiées dans les prisons.
Selon la lettre, l'endroit où les ambassadeurs ont été accueillis avait été utilisé dans les années 80 pour l’exécution par peloton des prisonniers politiques.
Accusée de « rassemblement et de collusion contre la sécurité nationale » et « d’insulte contre le leader suprême iranien », Atena Daemi a été condamné au tribunal de première instance à 14 ans de prison. La peine a ensuite été réduite par la cour d'appel à sept ans de prison.
Golrokh Iraei a également été condamné en juillet 2016 à six ans de prison sur des accusations de « blasphème » et « propagande contre l’Etat ». La militante des droits de l’homme a également été condamné pour avoir écrit un livre sur la lapidation en Iran.
Les ambassadeurs de près de 50 pays étrangers ont visité la prison d’Evine le 5 Juillet derniers, un événement largement diffusé par les médias officiels. Le ministère la justice a annoncé que les ambassadeurs ont été surpris par les conditions satisfaisantes de la prison. Les commentaires élogieux ont été publiés dans les médias du régime de la part des ambassadeurs d’Indonésie, de la Corée du Sud et du Portugal, ce qui a suscité la révulsion des militants des droits de l’homme en Iran.

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