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jeudi 24 août 2017

Amnesty International : Grève de la faim massive des prisonniers politiques en Iran

 Ils protestent contre des conditions cruelles de détention
Amnesty International, 22 août 2017 : (traduction de l’anglais) Plus d’une douzaine de prisonniers politiques, notamment des prisonniers d'opinion, ont commencé une grève de la faim pour protester contre les conditions cruelles, inhumaines et dégradantes dont ils ont été l’objet dans une prison de haute sécurité à Karaj, dans la province d'Alborz, a déclaré aujourd'hui Amnesty International.

Les prisonniers politiques de la prison de Rajai Shahr avaient récemment été transférés vers une zone nouvellement ouverte où les conditions de vie sont décrites comme étouffantes. Ils sont détenus dans des cellules avec des fenêtres recouvertes de plaques métalliques et privés d'accès à l'eau potable, à la nourriture et à des lits suffisants. Ils sont également privés de visites familiales personnelles, et interdits d’accès aux téléphones, qui, habituellement, sont disponibles dans d'autres endroits de la prison.
« Le fait que les conditions de détention soient devenues si précaires, à tel point que les prisonniers, désespérés, se sentent obligés de faire une grève de la faim pour exiger les normes les plus élémentaires de la dignité humaine, est déplorable et met en évidence l’urgence d’une réforme du système pénitentiaire cruel de l'Iran », a déclaré Magdalena Mughrabi, Directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Les autorités iraniennes doivent veiller à ce que la nourriture, l'eau potable, les médicaments, les soins de santé et l'assainissement soient accessibles à tous les prisonniers de la prison de Rajai Shahr ».
« Le 30 juillet, environ 53 prisonniers politiques ont été transférés de force vers la Section 10 de la prison de Rajai Shahr. Parmi eux, il y a des prisonniers d’opinion, notamment des défenseurs des droits de l'homme, des syndicalistes, des journalistes, des étudiants, des dissidents politiques pacifiques et des membres de la communauté baha'ie iranienne persécutés. »
Au moins 17 prisonniers politiques ont été en grève de la faim pour protester contre le transfert. Le défenseur des droits de l'homme et syndicaliste, Reza Shahabi, s'est joint aux grévistes de la faim le 16 août suite à son arrestation et à son transfert dans la même section.
Selon les informations obtenues par Amnesty International, au début du mois d'août, certains prisonniers qui ont mené une grève de la faim, ont été détenus en isolement solitaire pendant environ 12 jours, en représailles contre leur protestation pacifique.
« En détenant des douzaines de prisonniers d'opinion après des procès manifestement injustes, les autorités iraniennes manquent sans vergogne à leurs obligations en matière de droits de l'homme. Ce sont des personnes qui ne devraient même pas être derrière les barreaux, mais au lieu d'être libérées, elles sont punies davantage dans des conditions épouvantables », a martelé Magdalena Mughrabi.
Amnesty International a été informé du fait que les autorités pénitentiaires ont couvert les fenêtres dans la section 10 avec des plaques métalliques et ont scellé toutes les portes et les ouvertures extérieures, ce qui rend les chambres quasiment hermétiques. Cela a entraîné une ventilation insuffisante, et des pièces humides, mettant en danger la santé des prisonniers, en particulier ceux qui souffraient déjà de problèmes médicaux graves.
Les prisonniers ont également exprimé leur indignation concernant l'installation de douzaines de caméras de sécurité et de dispositifs d'écoute, dans toute les parties de la prison, y compris dans les toilettes et les salles de douche, ce qui constitue une grave violation de leurs droits à des conditions de vie décentes.
Ces mesures répressives, ainsi que l'interdiction des appels téléphoniques et des visites familiales, semblent faire partie d'un effort concerté des autorités iraniennes, en vue de couper les prisonniers politiques du monde extérieur et de limiter les fuites d'informations au sujet de la liste des violations des droits de l'homme qu'ils subissent régulièrement dans la prison de Rajai Shahr.
Au cours des derniers jours, plusieurs prisonniers ont été transférés à la clinique médicale de la prison suite à une détérioration de leur santé, y compris les prisonniers baha'is Adel Naimi, Farhad Dahandaj et Peyman Koushak Baghi, l'étudiant en troisième cycle Hamid Babaei, le journaliste et blogueur Saeed Pour Heydar et le défenseur des droits des droits de l’homme Jafar Eghdami. Les médecins de la prison ont signalé que certains d'entre eux ont besoin en urgence de soins médicaux spécialisés en dehors de la prison, mais le régisseur de la prison refuse d'autoriser leur transfert dans les hôpitaux.
Les prisonniers détenus à la section 10 n'ont pas non plus accès à l'eau potable, puisque les dispositifs d'épuration d'eau qu'ils se sont procurés à leurs propres frais n'ont pas été autorisés après leur transfert. Les autorités ont également refusé de transférer le réfrigérateur, la nourriture et les ustensiles de cuisine que les prisonniers avaient progressivement achetés avec leurs propres fonds au fil des années, les obligeant à survivre avec les vivres de la prison, ce qui est à la fois inadéquat et insuffisant. Par conséquent, les prisonniers devaient généralement acheter de la nourriture dans la boutique de la prison et préparer leurs repas à leurs propres frais.
« Les horribles conditions de vie à la prison de Rajai Shahr indiquent un mode de traitement cruel et inhumain, qui a caractérisé à maintes reprises l'attitude impitoyable de Téhéran envers les prisonniers placés sous sa garde », a déclaré Magdalena Mughrabi.
« Tous les prisonniers devraient être traités avec dignité et humanité, conformément aux normes internationales relatives aux droits de l'homme. Ceux qui ont besoin de soins médicaux spécialisés doivent être transférés dans des hôpitaux en dehors de la prison. »
Lors du transfert à la salle 10, les prisonniers ont déclaré qu'ils avaient été battus par des gardiens et qu'ils avaient également été empêchés de prendre avec eux les médicaments qu’on leur avait prescrits ainsi que leurs effets personnels, notamment les vêtements, les livres et les lettres. Certains de leurs biens personnels, y compris des cahiers, des photos, des lettres et autres souvenirs qui sont leurs dernières sources de réconfort dans une situation aussi désastreuse, ont été par la suite détruits.
Les prisonniers en grève de la faim ont exprimé une série de revendications, souhaitant notamment le retour de leurs biens, la réparation des dommages, et demandant aux autorités d’examiner immédiatement les conditions terribles qui exposent leur bien-être physique et mental à de grands risques.
Amnesty International exhorte les autorités iraniennes à permettre aux observateurs internationaux, y compris le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en Iran, de procéder à des inspections indépendantes et inopinées de la prison Rajai Shahr, de même que d'autres prisons à travers le pays.

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