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vendredi 17 novembre 2017

Le silence de l'Europe sur les droits de l'homme en Iran encourage de nouveaux abus

 La délégation parlementaire de l'Union Européenne en Iran devrait utiliser son influence pour impliquer l'Iran dans les droits de l'homme. Le joyeux mépris des gouvernements européens pour les violations croissantes des droits de l'homme en Iran depuis la signature de l'accord nucléaire en 2015, donne ainsi le feu vert à d'autres violations des droits de l’homme dans le pays.
Cette approche a encouragé les institutions de sécurité iraniennes à intensifier leurs violations des droits dans le pays, à emprisonner davantage de binationaux afin qu’ils servent de monnaie d'échange avec l'Occident et à s'engager dans des actions extraterritoriales de plus en plus brutales, comme la pression sur des ressortissants iraniens basés à l’étranger, avec des confiscations de biens, menaces d'arrestation et de la coercition pour espionner.

 « Le silence assourdissant des gouvernements européens sur les violations des droits de l'homme en Iran ne fait qu'encourager d'autres violations des droits, cela met en péril les citoyens européens qui se rendent en Iran », a déclaré Hadi Ghaemi, le directeur du Centre pour les droits de l'homme en Iran.
 Du 25 au 28 novembre 2017, une délégation de membres du Parlement européen se rendra à Téhéran pour rencontrer leurs homologues iraniens. CDHI exhorte ces députés à profiter de cette occasion pour s'adresser directement aux responsables iraniens sur ces violations des droits.
 « Les politiciens européens qui se rendent en Iran devraient tenir le flambeau des droits de l'homme et faire savoir aux autorités iraniennes que les droits de l'homme ne seront pas mis de côté pendant que les affaires se poursuivent comme d'habitude », a déclaré Ghaemi.
 « Dans le cas contraire, cela donnera le feu vert, aux institutions de la sécurité iranienne, y compris aux Pasdarans, pour harceler et emprisonner des victimes comme Nazanin Zaghari-Ratcliffe, sans responsabilité ni voie de résolution », a-t-il ajouté.
 Zaghari-Ratcliffe, une binationale irano-britannique, a été condamnée à cinq ans de prison à Téhéran en avril 2016 sur des accusations de sécurité nationale non précisées.
 Les Pasdarans ont arrêté au moins 30 binationaux en Iran depuis la signature de l'accord sur le nucléaire en juillet 2015, selon une enquête de Reuter. Une étude du CDHI montre qu'au moins 12 ressortissants binationaux et étrangers, ainsi que des résidents permanents, se trouvaient en prison en Iran en octobre 2017 sans procès équitable.
 Le lancement par le système judiciaire iranien d'une enquête criminelle plus tôt cette année sur 152 actuels et anciens employés de la BBC Persane, basés en dehors de l’Iran, reflète la volonté croissante des autorités d'étendre leur répression et leur déni de la liberté d'expression au-delà des propres frontières du pays.
 En 2009, la plupart des reporters étrangers ont été forcés de quitter l'Iran après avoir couvert les manifestations pacifiques généralisées contre l'élection présidentielle contestée cette année-là. Maintenant, les représentants de l'État tentent d'intimider les reporters basés à l'étranger en créant des casiers judiciaires pour eux par contumace.
 Le gouvernement britannique a mis plus d’une année pour condamner l'emprisonnement de la citoyenne binationale, irano-britannique, Nazanin Zaghari-Ratcliffe, qui a été condamnée à cinq ans de prison sur des accusations d'espionnage non spécifiées, et il n'a rien dit de l'enquête criminelle sur le personnel persan de la BBC.
 Plusieurs ressortissants iraniens qui ont obtenu des diplômes d’études supérieures hors du pays ont également déclaré que les forces de sécurité iraniennes ont essayé à plusieurs reprises de faire pression sur eux pour qu'ils fassent de l'espionnage pour l'Iran. Ahmedreza Djalali, un résident suédois d'origine iranienne et expert en médecine des catastrophes, arrêté en Iran en avril 2016 et condamné à mort, affirme avoir été emprisonné pour avoir refusé d'espionner le ministère des renseignements.
 L'Iran désire attirer les investissements étrangers des entreprises européennes. Le silence des gouvernements européens sur l'incarcération de leurs citoyens en Iran sur des accusations fabriquées de toutes pièces et après des poursuites dépourvues de toute apparence de procédure équitable, fera courir un grand risque à tout voyage de binationaux en Iran.
 « Les gouvernements européens ont utilisé avec succès leur influence sur l'Iran pour aider à la signature de l'accord nucléaire, a déclaré M. Ghaemi. « Ils doivent utiliser le même niveau de concentration, d'énergie et de pouvoir pour défendre les droits de l'homme, sinon ils vont sérieusement saper leurs intérêts à long terme en Iran ».
 Source : Centre pour les droits de l’homme en Iran, le 14 novembre 2017

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