Human Rights Watch, le 30 novembre 2017 - « Quel âge as-tu ? », demande l'intervieweur. « Treize », répond le jeune garçon en uniforme.
« Treize ans - treize ans ! », répète fièrement l'interviewer alors que la caméra se déplace vers les visages grimaçants et barbus d'hommes en uniforme, apparemment des soldats iraniens, qui tapotent leur jeune recrue dans le dos.
Le 25 novembre, une vidéo portant le logo de l'agence de diffusion de la République islamique d'Iran (IRIB) a circulé sur les sites Internet iraniens et les médias sociaux montrant le jeune garçon dans la ville frontalière syrienne d'Abu Kamal. Il a dit qu'il était un « défenseur du sanctuaire », l'euphémisme que le gouvernement iranien utilise pour les combattants qu'il envoie en Syrie et en Irak.
Le garçon, qui dit qu'il vient de la province iranienne de Mazandran, parle en persan de sa motivation à rejoindre les forces en Syrie et de son message aux Iraniens. L'interview ne précise pas son rôle militaire.
Si elle est authentique, cette vidéo suggère que malgré les récentes dénégations de l'ambassade iranienne à Kaboul, l'Iran viole les lois de la guerre dans le recrutement d'enfants soldats par son gouvernement, un abus dont Human Rights Watch et les médias ont déjà fait état, avec l’utilisation d’enfants soldats afghans, aussi jeunes que 15 ans, par les forces Fatemiyoun soutenues par l'Iran en Syrie. Pendant la guerre entre l'Iran et l'Irak dans les années 1980, l'Iran a également utilisé des milliers d'enfants soldats comme volontaires, combattant dans les situations de combat les plus dangereuses avec une formation limitée.
En vertu du droit international coutumier, le recrutement d'enfants de moins de 15 ans est un crime de guerre. Le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant fixe à 18 ans l'âge minimum pour le recrutement ou la participation à des hostilités. L'Iran a signé le protocole facultatif, mais le parlement doit encore le ratifier.
Lorsqu'ils sont confrontés à des preuves de recrutement d'enfants, les autorités et autres personnes se rabattent sur quelques justifications illégales : ils n'ont pas la capacité de filtrer les enfants qui « se portent volontaires », ou la nécessité militaire les oblige à utiliser des enfants. Et l'Iran peut difficilement prétendre qu'il doit compter sur les enfants pour se battre, quand il a soutenu que sa présence en Syrie est limitée, et consultative.
L'Iran n'est pas le seul participant au conflit syrien à utiliser des enfants soldats, mais ce n'est pas une excuse. Au lieu de glorifier sa participation, l'Iran devrait immédiatement mettre fin à cette pratique, ratifier le Protocole facultatif et veiller à ce que les enfants soient protégés contre le recrutement. Aucun pays ne devrait être fier si ses enfants quittent l'école pour tenir des armes.
Source : Human Rights Watch
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