RFI, le Voix du Monde, par Pascal Thibaut, le 8 janvier 2018 - L’ayatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi (photo AFP), proche d'Ali Khamenei et potentiel successeur de ce dernier, est actuellement hospitalisé à Hanovre.
Il serait soigné pour une tumeur au cerveau. Malgré une certaine discrétion, les militants des droits de l'homme dénoncent la présence sur le territoire allemand de celui qui fut à la tête du système judiciaire iranien pendant de nombreuses années. Ce lundi 8 janvier, le député écologiste allemand Volker Beck a déposé officiellement plainte contre Shahroudi pour crimes contre l'humanité.
La police allemande est présente devant l’hôpital de Hanovre. De grosses voitures noires avec des plaques diplomatiques iraniennes se trouvent également devant le bâtiment de l'International Neuroscience Institute, un établissement privé dirigé par le Germano-Iranien Madjid Samii, un neurochirurgien de réputation mondiale.
Si des limousines du corps diplomatique sont stationnées devant l’hôpital, c’est parce qu’il abrite un hôte de poids, un dignitaire du régime iranien. L’ayatollah Mahmoud Hashemi Shahroudi, 69 ans, est un proche du guide suprême de la révolution Ali Khamenei ; son nom est évoqué pour succéder un jour à ce dernier.
Shahroudi est hospitalisé depuis plusieurs semaines dans la clinique privée de Hanovre. Il souffrirait d’une tumeur au cerveau, d’après le quotidien populaire Bild Zeitung qui a été jusqu’à présent un des rares médias à évoquer le séjour de l’ayatollah en Allemagne. Le ministère des Affaires étrangères à Berlin a reconnu être informé de sa présence sur le sol allemand. Une photo diffusée sur Twitter le montre en compagnie du directeur de la clinique, Madjid Samii, et de l’ayatollah Reza Ramezani représentant du guide de la révolution iranienne en Europe.
Les défenseurs des droits de l'homme montent au créneau
La présence de Shahroudi en Allemagne a rencontré un faible écho dans les médias. Les défenseurs des droits de l’homme et les opposants du régime iranien se montrent des plus critiques. Durant les vingt années où il a dirigé la justice iranienne, 2 000 personnes, dont des enfants, ont été exécutés d’après l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International. Deux condamnations à mort ont particulièrement fait parler d’elles : celle prononcée contre un adolescent de 13 ans auquel on reprochait d’avoir eu une relation avec un jeune de son âge, et celle d'une jeune fille qui a avoué sous la torture avoir été violée, condamnée à mort pour adultère.
L’ancien député vert Volker Beck a porté plainte pour meurtres et crimes contre l’humanité contre l’ayatollah Shahroudi. « Nous ne devons pas devenir un sanatorium pour des criminels mais les poursuivre », a déclaré l’homme politique au quotidien Bild Zeitung. L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch demande au gouvernement allemand de prendre le cas au sérieux.
Des juristes soulignent qu’il est possible de poursuivre des personnes pour des crimes commis à l’étranger. L’exilée iranienne Mina Ahadi qui a défendu de nombreux compatriotes a envoyé des demandes en grâce à l’ayatollah Shahroudi dans le passé. Elles ont toutes été rejetées. « C’est un homme dangereux qui a du sang sur les mains. Les autorités allemandes doivent agir d’urgence », a déclaré Mina Ahadi au journal Bild.
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