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lundi 19 février 2018

#IranProtestes: L’Iran a aujourd'hui la voix des femmes qui ont dirigé les manifestants - Rama Yade


L’Iran a aujourd'hui la voix des femmes qui ont dirigé les manifestants - Rama Yade
« C'est pour la liberté que les Iraniens se sont levés, c'est contre les exécutions de masse, contre la torture, l'arbitraire qu'ils ont risqué leur vie, c'est pour l'égalité des droits des femmes qu’ils ont crié, c'est un changement de régime qu'ils réclament, plus rien ne sera comme avant, » a déclaré Rama Yade.

L’ex-secrétaire d'État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l'homme participait le 17 février à Paris à une conférence intitulée « Les Femmes, la forces du changement : soulèvement en Iran et le rôle des femmes », au cours de laquelle des défenseurs des droits des femmes de 23 pays ont rendu hommage aux combats des femmes du monde entier contre la dictature, l'intégrisme et la violence.
Dans son intervention, la présidente de « La France qui ose » a déclaré : « Ils ont cru que l’Iran était un géant endormi, ils ont cru que les Iraniens étaient un peuple satisfait, ils ont pensé qu'avec l'accord nucléaire tout était réglé, ils se sont illusionnés de possibles ouvertures, ils ont été incrédules, naïfs et cyniques. Et le monde se rappellera qu'en ce début d'année 2018, tout a commencé en Iran.
Le monde se rappellera que loin d'être une révolte sans lendemain, ces journées rouges à Téhéran, à Kermanshah, à Izeh, à Toyserkan, à Mashhad, à Tabriz, sont l’annonce d'une révolution. Le monde se souviendra que loin d'être un feu de paille, cette révolution est profonde. Le monde se souviendra qu’elle fut dirigée par des femmes, par des épouses, par des mères, par des sœurs. Le monde se souviendra que connues ou inconnues, elles auront été le fer de lance, l'inspiration, le guide, le moteur du réveil iranien. Le monde se souviendra que leur héroïsme sacrifié ne sera pas vain.
Vous avez réveillé les consciences humaines. Vous avez brisé les silences. Vous avez cassé l'indifférence des lâches. Vous avez élevé le mot de justice. Vous avez magnifié l'engagement. Vous vous êtes élevé au-dessus de votre condition humaine pour la sublimer dans l'héroïsme des combattants pour la liberté. Vous avez commis un acte de foi d'une incroyable puissance. Vous avez écrit une page de l'histoire de l’Iran. Vous avez réveillé l'élan vital d'une vieille mais vigoureuse nation.
L'anthropologue Margaret Mead disait, « Ne doutez jamais qu'un petit groupe d'individus conscient et engagé puisse changer le monde. » C’est même de cette façon que cela s'est toujours produit. Oui, nous qui sommes vos soutiens fidèles acharné n'avons jamais été aussi fiers d'être à vos côtés. Oui, comme hier nous étions Charlie, nous sommes aujourd'hui des Iraniennes. Et l’Iran a aujourd'hui le visage, la voix des femmes, des jeunes, des minorités. L’Iran a aujourd'hui le visage de cette femme, nouvelle statue de la liberté embrumée par les gaz lacrymogènes qui se dressent devant les gardes révolutionnaires en criant « A bas le dictateur ». L’Iran aujourd'hui a le visage de ces deux jeunes femmes arrêtées sur la place Azadi de Kermanshah. L’Iran a aujourd'hui la voix des femmes qui ont dirigé les manifestants.
L’Iran a le visage de Leila en garde à vue au quartier 209 de la prison d'Evin. L’Iran a le visage de Sara Jamshidi, Laleh Aghaei, Nazdar Amir Mohammadi, Shahla Vahdatpour, Turan Mehraban, Nastaran Akasheh et Ashraf Akbarpour, sept femmes kurdes arrêtées au cours des deux premières semaines de janvier dans les villes d’Oroumiyeh, Kermanchah, Ilam et Saghez. L’Iran a le visage de Sahar, militante étudiante à l'université de Tabriz, poète et militante du droit de l'enfant, celui de sa mère Akram enfermée à la prison de Tabriz. L’Iran a toujours le visage de Maryam Radjavi, la première des résistantes ciblée dès le début du soulèvement comme l'ennemi numéro un.
Nous sommes ici pour dire au gouvernement français de ne pas céder à la menace et de continuer à protéger un groupe qui fait honneur à la république française. Oui, ce qui s'est levé en Iran ne retombera pas. Nous y veillerons en vigie attentive et solidaire, nous ne nous laisserons pas intimider par la répression ni par la propagande. Non, la propagande ne fera pas oublier les raisins de la colère populaire.
C'est pour la liberté que les iraniens se sont levés, c'est pour leurs droits fondamentaux qu’ils se sont soulevés, c'est contre les exécutions de masse, contre la torture, l'arbitraire qu'ils ont risqué leur vie, c'est pour l'égalité des droits des femmes qu’ils ont crié, c'est un changement de régime qu'ils réclament, plus rien ne sera comme avant. Mais une condition néanmoins, un devoir, une responsabilité, plus que jamais : rester aux côtés du peuple iranien, leur faire sentir notre soutien.
Le régime est comme un lion blessé néanmoins et dans sa vulnérabilité, il est plus dangereux que jamais. Il le sait, c'est sa survie qu'il joue. Il a entendu résonner dans les rues « à bas le dictateur », il sait donc que ses jours sont comptés. Ne nous y trompons pas : ce combat ne se limitera pas à l’Iran, c'est une lutte pour l'histoire, pour le monde, pour la vie, pour la liberté. C'est notre liberté à tous qui se joue à Téhéran, c'est notre sécurité à tous qui se joue aussi.
Courage aux femmes d’Iran, forces démocrates d’Iran, courage aux humanistes d’Iran et force à madame Radjavi. Merci.»

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