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mercredi 1 août 2018

#Iranprotests; Éditorial : Le régime iranien lance un jeu de remaniement ministériel en prolongation

Éditorial : Le régime iranien lance un jeu de remaniement ministériel en prolongation
Les analyses que l'on trouve dans l'univers médiatique du régime iranien ces jours-ci sont remplies d'un tout nouveau sujet : la question du remaniement du cabinet d’Hassan Rohani. Le remaniement ministériel est quelque peu sans précédent dans l'histoire du régime des mollahs, les rares cas que l'on trouve dans les 11 gouvernements précédents étant principalement dus à des conflits et à des affrontements à l’intérieur du régime et non à un changement de politique gouvernementale, ce qui pourrait être décrit comme une « réaffectation de postes » et non un remaniement ministériel.

Le fait de soulever la question du remaniement ministériel dans les dictatures est généralement une réaction à des conditions menaçantes dues à des développements sociaux et politiques nationaux ou à des pressions internationales ; les remaniements consécutifs au cours des cinq derniers mois du régime du Shah en 1979 étant un exemple éloquent à cet égard.
Une question importante à souligner ici est que lorsqu'un système n'apporte aucun changement ou amélioration à sa structure et joue la carte de la « réforme » au plan national et la carte de la « complaisance » à l'étranger, comment est-il censé sortir une carte gagnante en prolongation en déplaçant simplement quelques pièces qui ont tous juré d'être fidèles au principe du guide suprême en tant que fondement même du régime ?
Ce qui est très clair pour le peuple iranien et le régime des mollahs, les deux extrémités du spectre iranien, c'est que la situation explosive de la société et le cours des événements politiques, sociaux et internationaux menacent l'existence même du régime du vilayat-e-faqih. Ces conditions alarmantes, qui sont sans doute les facteurs les plus importants obligeant le régime à se tourner vers un spectacle ridicule de remaniement ministériel – en changeant une pièce à la fin de son mandat – pourraient être résumées dans les trois développements importants suivants :
1- Un changement total de régime, c'est ce qu'exige le grand public iranien, une exigence qui ne cesse de se renforcer jour après jour, semaine après semaine et année après année ; une exigence à laquelle le peuple iranien n'a jamais renoncé et pour laquelle il n'a jamais cessé de crier dans ses protestations et ses soulèvements.
C'est une réalité que le chef du cabinet de Rohani, « Vaezi », est contraint de reconnaître : « La nouvelle conjoncture exige que certains membres du cabinet, qui ont été nommés par le président dans des conditions normales, soient remplacés », déclare Vaezi, mentionnant la réunion du cabinet de Rohani avec Khamenei.
2- En ce qui concerne les facteurs internationaux, les deux questions de l'accord nucléaire de 2015 et des droits de l'homme ont irréversiblement mis le régime des mollahs sous pression. Les deux crises, qui sont le résultat des luttes et de la résistance du peuple iranien, auront un effet dévastateur direct sur l'ensemble du régime des mollahs.
3- Les conflits entre les factions rivales du régime s'étendent maintenant vers les fondements du régime, un développement qui est sans doute la conséquence du premier facteur, à savoir les protestations populaires à l'échelle nationale.
La combinaison des trois faits mentionnés ci-dessus a enfoncé l'ensemble du régime du vilayat-e-faqih plus profondément dans une crise exisentielle. C'est pour cela que la question d'un remaniement ministériel est soulevée sous la supervision de Khamenei afin de servir de soupape de sécurité pour prolonger la durée de vie du régime.
Pour mettre en œuvre ce que l'on appelle le remaniement ministériel, un paquet contenant la fameuse combinaison de vulgarité, de mensonge, de fraude et de tromperie des mollahs est sorti de la boîte du régime, avec pour résultat le remplacement d'une seule pièce : la démission du directeur de la Banque centrale du régime à la fin de son mandat !
En tant que présentateur de ces paquets, Hassan Rohani a déclaré de la manière la plus vulgaire que la raison pour laquelle les personnes spoliées haïssaient le directeur sortant de la Banque centrale était sa lutte contre la corruption, affirmant que « M. Seif était un directeur extrêmement honnête et précieux qui remplissait très bien ses obligations. La lutte contre la corruption soulevée par des entités non autorisées restera dans l'histoire comme l'accomplissement de M. Seif. Il a combattu ce type de corruption à pleine puissance et a réussi à enlever cette tumeur cancéreuse. » (Discours de Hassan Rohani, mercredi 25 juillet 2018)
Pour voir la véritable image, cependant, il suffirait de détourner la caméra de Rohani et de faire un zoom à travers la fenêtre de son bureau sur les personnes qui se rassemblent depuis au moins deux ans devant les organes prédatrices affiliées à l'État, criant et frappant sur leurs portes closes afin de récupérer une partie de leurs biens.
Et pour répondre aux propos de Rohani, il suffirait de mettre le bilan de Seif sur sa table et de lui montrer les réalités choquantes qui ne cessent de resserrer leur étau sur le peuple iranien : un flux de trésorerie quadruplé, un taux de change triplé, une diminution de 75 % de la valeur de la monnaie nationale et la liste est longue.
Les propos de Rohani sont tellement ridicules que même le député du régime 'Ahmadi Lashki' a réagi : « M. Rohani, pendant combien de temps allez-vous lier l'économie du pays aux politiques du Dr Seif ? En raison des mauvaises politiques du Dr Seif, de nombreuses personnes se sont retournées contre le régime islamique. Quand allez-vous annoncer la date à laquelle les établissements de crédit en faillite rembourseront intégralement leurs investisseurs ? Quand allez-vous stabiliser le marché des devises et de l'or », a interrogé M. Lashki le 24 juillet 2018.
Mais en dehors de ces jeux double, le fait est que Khamenei, Rohani et tous les membres de leur cabinet ainsi que les députés sont pleinement conscients de ce que la nouvelle conjoncture exige.
La nouvelle conjoncture est que l'âge d'or de la politique de complaisance de l'Occident s'est transformé, l'économique du pays s’est effondrée et les conflits au sein du pouvoir ont atteint le fondement même du régime. Tous suggèrent un jeu de remaniement en prolongation. Le peuple iranien est descendu dans la rues pour crier son amour de la liberté et pour appeler au grand remaniement de l'Iran en mettant fin à la domination du vilayat-e-faqih et en renversant le régime des mollahs.

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