La justice iranienne a demandé la condamnation à mort de 17 chauffeurs routiers grévistes pour avoir pris part à une grève nationale, a rapporté un média officiel, le 8 octobre.
Le responsable de la cour Qazvin, cité par l'agence de presse officielle iranienne IRNA, a déclaré : « Le pouvoir judiciaire traitera sans aucune tolérance ceux qui perturbent la sécurité des conducteurs, mais aussi ceux qui entendent tirer parti de la grève et créer une insécurité ».
Lors d'une réunion à Qazvin, Mohsen Karami a ajouté que les problèmes des chauffeurs routiers « ne seraient pas résolus par des grèves ».
« Au cours des dernières semaines, nous avons vu plusieurs personnes attaquer des camionneurs dans la province », a-t-il déclaré à propos des camionneurs qui tentaient d'empêcher d'autres conducteurs de briser la grève.
« Nous avons appréhendé 17 de ces personnes et elles ont été transférées devant le pouvoir », a ajouté le responsable de la cour de Qazvin.
Il a ajouté qu'ils avaient demandé la peine capitale et que s'il était prouvé qu'ils étaient des « moharebs », ennemis de Dieu, ils seraient condamnés à des peines sévères telles que la mort.
La grève nationale des chauffeurs routiers se poursuit depuis la troisième semaine consécutive. Les responsables judiciaires du régime et les pasdarans ont continuellement recours à des menaces d’arrestation et d’exécutions.
Dans son discours diffusé par la télévision publique, le 29 septembre, le procureur général Mohammad Ali Montazeri a menacé les grévistes de « peines sévères et d'exécutions », affirmant : « Selon nos informations, des individus auraient été vus dans différentes rues de certaines villes, provoquant les chauffeurs de camion et leur causant des problèmes au cours de leurs trajets. Ces individus seront considérés comme des criminels et des voleurs et ils seront punis conformément à la loi. Dans certains cas, cela conduira à leur exécution ».
Ali Alqasi-Mehr, responsable du pouvoir judiciaire dans la province de Fars, dans le centre-sud de l'Iran, a accusé les chauffeurs de camion qui manifestaient de « corruption sur la terre ».
Mohammad Sharafi, un haut responsable de la police officielle, a également proféré des menaces graves contre les chauffeurs de camion, selon la télévision officielle.
Jeudi, un responsable des routes et des transports de la province de Fars a, de manière ridicle, prétendu que la grève des chauffeurs routiers n’était que des rumeurs.
« Il y a eu des rumeurs ces derniers jours, diffusées sur certains médias et réseaux sociaux, selon lesquelles les chauffeurs routiers seraient en grève. Ce n’est rien d’autre que des dissidents tirant parti des besoins des chauffeurs afin de créer une crise dans notre pays et leurs méthodes sont assez évidentes pour tous les Iraniens », a déclaré ce responsable, cité par l’agence de presse Fars.
Le colonel des pasdarans, Kavos Mohammadi, membre des forces de police de la province du Fars, a décrit les chauffeurs de camion qui manifestaient comme des « perturbateurs de l'ordre ».
« À la suite des actes de perturbation commis par certaines de ces personnes sur les routes de la province de Fars… 22 gangsters et perturbateurs de l'ordre public ont été arrêtés et, après avoir déposé plainte, ils ont été renvoyés devant les autorités judiciaires et finalement placés en détention. La police s’occupera soigneusement et avec vigilance des plus petits facteurs d'insécurité en coordination avec le pouvoir judiciaire, et le processus de confrontation avec les perturbateurs de l'ordre et de la sécurité routière dans la province de Fars se poursuivra au quotidien. La police surveille et contrôle toutes les routes de la province et s’occupe résolument de tous les individus perturbant l’ordre et la sécurité dans ces zones », a-t-il ajouté dans une déclaration adressée à l’agence de presse officielle IRNA.
Le régime iranien a pris diverses mesures pour inciter les chauffeurs de camion à abandonner la grève qui a paralysé les activités de transport iraniennes. Des sources de défense des droits humains affirment que plus de 300 camionneurs ont été arrêtés au cours de la grève de 16 jours qui s’est propagée dans plus de 300 villes et dans 31 provinces iraniennes.
Les responsables du régime ont également reconnu l'arrestation de camionneurs. Le responsable du pouvoir judiciaire de la province de Fars a annoncé l'arrestation de 35 chauffeurs et le responsable du pouvoir judiciaire d'Ispahan a annoncé l'arrestation de 13 chauffeurs. Le commandant de la police de la province de Khorasan Razavi a annoncé l'arrestation de 77 personnes sur les routes de Khorasan Razavi, Izeh et Hamedan, le commandant de la police de la province de Lorestan a annoncé l'arrestation de 12 « perturbateurs », et les médias officiels ont rapporté l'arrestation de 20 camionneurs qui faisaient grève dans la province d'Alborz, 25 dans la province de Qazvin, 12 à Kermanshah et 6 dans le Chaharmahal va Bakhtiari, 5 à Zanjan, 2 à Kangan, 3 à Bukan, 3 à Téhéran et 4 à Nahavand.
Les 31 provinces du pays ont été témoins des grèves des chauffeurs routiers au cours des dernières semaines. Ils ont protesté contre les bas salaires, les montées en flèche des prix des pièces de rechange et des pneus, et le refus des autorités de répondre aux justes demandes des chauffeurs routiers. Malgré tous les obstacles, cette grève a pu se poursuivre malgré les nombreuses menaces et complots lancés par les autorités du régime iranien.
On a notamment vu des camionneurs poursuivre leur grève dans les villes de Chiraz, Bushehr, Ispahan, Assad Abad, Borujen, Kashan, Khorramabad, Téhéran, Bandar Abbas, Malayer, Saveh, Yazd, Mobarakeh, Fouladshahr, Zanjan et Hamedan.
Source : Les droits de l’homme en Iran
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