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samedi 17 novembre 2018

Iran : Lettre ouverte de Golrokh Iraee pour défendre les droits de son mari malade


Golrokh Iraee et arash sadeghi iran Golrokh Ebrahimi Iraee, défenseuse des droits civils et prisonnière d'opinion, a écrit une lettre ouverte pour protester contre le maintien du blocus médical imposé par les pasdarans à son mari, Arash Sadeghi, qui est privé de chimiothérapie depuis son opération du chondrosarcome, le 12 septembre.
Le texte intégral de la lettre d'Iraee est présenté ci-dessous :

« Les autorités n'ont donné aucune explication concernant le blocage des visites et des appels téléphoniques entre moi et mon mari, Arash Sadeghi. Depuis décembre 2017, le seul contact que nous ayons eu est une visite de deux heures. Et c'était il y a cinq mois.
J'ai entendu de nombreuses informations selon lesquelles Arash s’affaiblissait de plus en plus à cause de son cancer. Deux jours seulement après avoir subi une opération chirurgicale, il a été contraint de quitter l'hôpital contre avis médical par les pasdarans de Sarallah (basé à Téhéran et chargé de la sécurité de la capitale). Mal équipée pour contrer la progression de la maladie d’Arash, la clinique de la prison de Rajaï Shahr a renoncé à sa responsabilité concernant ses soins postopératoires. En dépit d'une infection sur son site chirurgical, les autorités ont rejeté sa demande de transfert vers un hôpital.
Les spécialistes ont souligné que les étapes suivantes du traitement d’Arash nécessiteraient une chimiothérapie, et les médecins de la prison de Gohardasht (Rajaï Chahr) ont affirmé leur incapacité à administrer ou contrôler ce traitement. Aucune mesure n'a été prise pour l'hospitaliser afin que sa chimio puisse commencer.
Arash a été arrêté plusieurs fois. Il a perdu sa mère lors d'un raid mené par des agents du régime. Il s'est vu refuser le droit de poursuivre ses études et a été privé de ses droits civils. Enfin, il a été condamné à 19 ans de prison sans aucune justification ni preuve d'un délit. Maintenant, il fait face à la rancœur et à la rancune des pasdarans de Sarallah.
Arash se voit refuser des soins médicaux, l'un des droits les plus élémentaires promis aux prisonniers par les lois de la République islamique.
Pendant nos peines de prison, nous n’avons jamais demandé à être épargnés, mais cette fois-ci, la vie d’Arash est en jeu. Ma plus grande peur est devenue réalité et nous avons dépassé un point où tout peut basculer ; Je ne sais pas dans quelle mesure Arash peut recouvrer sa santé.
Dans les circonstances actuelles, les lois qui prétendent protéger les prisonniers sont dévoilées comme des masques d’humanité, une farce sur la scène internationale. Le despotisme ne peut plus contenir le véritable motif de ces lois, que les dirigeants ne font aucun effort pour appliquer.
Nous ne pouvons pas nous attendre de l’humanité de ceux qui en sont dépourvus. Ce qui importe, ce sont les sables éphémères du temps, les moments gâchés, la joie qui semble être un rêve de plus en plus éloigné chaque jour.
Je suis certaine qu’à chaque signe de dureté envers sa santé, Arash sera d’autant plus encouragé. Il fera comme il l'a fait avec toutes les autres injustices, coercitions et angoisses : il vaincra.
Je remercie tous les amis et toutes les organisations qui nous épaulent et je remercie les chers camarades qui se sont joints à Arash à Gohardasht. Puisse la conscience se lever l'aube dans la nuit obscure de l'ignorance.
Golrokh Iraee, de la Prison d'Evine, le 12 novembre 2018

Golrokh Iraee a été arrêtée avec son mari le 6 septembre 2014. D'abord détenue pendant deux jours dans un refuge des pasdarans, elle a ensuite passé 20 jours dans une cellule d'isolement de la section 2A d'Evine, sous la juridiction des pasdarans, avant d'être libérée sous caution. 800 millions de rials [environ 16 630 euros].
Le 24 octobre 2016, les pasdarans ont de nouveau arrêté Iraee, sans mandat. Elle a été condamnée à six ans de prison pour « blasphème » et « rassemblement et collusion contre le régime ». Elle a par la suite obtenu l'amnistie prévue à l'article 134 du code pénal islamique, qui a ramené sa peine à deux ans et demi.
Le mari d’Iraee, Arash Sadeghi, purge une peine de 19 ans d’emprisonnement dans la prison de Rajaï Chahr à Karaj.
Source : Les Militants des droits humains en Iran - 13 novembre 2018

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