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lundi 14 janvier 2019

Le cas de Spiegel est-il le pire scandale de la presse ou la campagne de désinformation du régime en Iran ?


Les révélations sur la tromperie de Claas Relotius, journaliste du prestigieux magazine allemand Der Spiegel, ont choqué les défenseurs de la presse libre et honnête. Il est maintenant évident que la plupart des 60 reportages pour lesquels Relotius avait remporté plusieurs prix de journalisme étaient fondés sur des mensonges.

Le Syndicat des Journalistes Allemands a qualifié cette affaire du « plus grand scandale de fraude dans le journalisme depuis les carnets d’Hitler » en 1983 et CNN lui a retiré son prix. La question est de savoir si c’était la seule et la pire campagne de diffamation de ce type. Certainement pas.
Le scandale a éclaté à un moment où l’une des dictatures les plus abjectes, le pouvoir totalitaire en Iran, a eu une influence indue et néfaste sur la presse occidentale pendant des années. Pourtant, un mur de silence volontaire et cruel a subsisté et lorsqu'occasionnellement ce mur se brisait, des groupes d’intérêts s’arrangeaient à couvrir la fraude afin poursuivre leurs affaires avec les mollahs.
Le régime des mollahs a réussi à influencer une partie de la presse occidentale, à coopter des journalistes et à orchestrer le recrutement de ses agents de renseignement comme journalistes dans les médias occidentaux. La partialité de certains médias en 2018 – notamment The Guardian, The Independent, la chaîne britannique Channel 4 TV et Al Jazeera – avec une hostilité douteuse vis-à-vis de l'opposition iranienne, en particulier à l’Organisation des Moudjahidine du Peuple Iranien (OMPI) et au Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), est assez flagrante. Sur différents supports ils ont publié des informations déformées et des allégations diffamatoires contre l’OMPI et le CNRI. Les preuves sont inexistantes ou si ténues qu'une simple enquête suffirait pour établir leurs liens avec les services secrets du régime des mollahs. Les maintes correspondances envoyées par l’OMPI sont restées ignorées et leurs démentis n’ont jamais été publiées.
L’ignoble tromperie subie par les lecteurs de Der Spiegel a probablement nourri l'ego et le portefeuille de Claas Relotius. Le 9 novembre 2018, le journaliste du Guardian, Arron Reza Merat, a loué le régime des mollahs avec son article de 6 800 mots et s’est attaqué à l’OMPI avec des allégations méprisables, préparant le terrain à de futurs attentats terroristes.
Comme les reportages de Relotius, le caractère mensonger des articles de Reza Merat auraient pu être facilement démasqué en accordant simplement un peu d’attention aux documents fournis par l’attaché de presse de l’OMPI. De nombreux parlementaires et personnalités anglaises ont décrié cette tromperie dans des lettres adressées au rédacteur en chef. De toute évidence, c’était une campagne de diffamation systématique. The Guardian avait précédemment écrit des articles similaires, quoique plus limités (30 juin, 2 juillet, 23 juillet, 26 juillet et 26 octobre).
La source mentionnée par le Guardian pour la plupart de ces falsifications était un groupe d’agents du ministère du Renseignement et de la sécurité du régime des mollahs (VEVAK) en Albanie, qui se faisaient passer pour d’anciens membres de l’OMPI. Des documents prouvant leurs liens avec l'ambassade d'Iran et le VEVAK ont été envoyés au journal The Guardian. Dès que la mission de chacun de ces agents est considérée comme accomplie, ils sont envoyé en Iran.
Il est intéressant de noter qu’un mois après la publication de l’article de Reza Merat par The Guardian, l’ambassadeur du régime et le chef de son agence de renseignements en Albanie ont été expulsés du pays pour conspiration contre l’OMPI.
Le Guide Suprême, Ali Khamenei, a reconnu le rôle crucial joué par le l’OMPI dans la poursuite des soulèvements populaires qui ont ébranlé l’Iran pendant plus d’un an. Le 12 décembre, il a déclaré que ceux qui se trouvent à l'extérieur du pays souhaitent « aider les ennemis de l'Iran, l’OMPI et les groupes affiliés à créer des troubles et une guerre civile …. Ils ont causé quelques agitations en 2018, mais ils font des plans pour 2019. »
Dans un tel contexte, les « journalistes amis des mollahs » qui font de l'OMPI la cible de leurs attaques, sont précieux pour le régime des mollahs. Certains sont d’anciens membres des services de sécurité et des médias contrôlés par le régime. D’autres sont des personnes qui voient leurs intérêts dans la survie du régime.
Les documents établissant leurs liens sont facilement accessibles. L’expulsion de l’ambassadeur du régime des mollahs et chef du bureau de Renseignement du régime en Albanie a définitivement allumé les voyants rouges qui étaient intentionnellement ignorés. Si les rédacteurs en chef de The Guardian et les autres médias qui ont fait de la désinformation contre l'OMPI et le CNRI s'étaient intéressés à l'impartialité et à la bonne foi journalistique, ils auraient renvoyé les auteurs de ces duperies et présenté des excuses.
Il est temps de rompre le silence sur l’influence malveillante du régime des mollahs sur la presse occidentale. En dépit de l’embarras et du scandale, Der Spiegel a pris la défense de la presse libre et de ses valeurs. Les médias responsables de la diffusion de la propagande du régime iranien, eux, ne semblent pas disposés à le faire et c’est à leur déshonneur.

Alejo Vidal-Quadras
Président du Comité international à la recherche de la Justice (ISJ)
Ancien Vice-président du Parlement Européen (1999-2014)

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