Le ministère iranien du renseignement a porté de nouvelles accusations contre le militant des droits de l’ethnie azérie, Abbas Lesani, qui aurait organisé des protestations depuis la prison de la ville d’Ardabil, où il est incarcéré.
Depuis le 15 janvier 2019, ce militant âgé de 57 ans purge une peine de dix mois d'emprisonnement dans la capitale de la province d'Ardabil, à 373 km au nord-ouest de Téhéran, pour avoir pris la parole lors des funérailles de Hassan Damirchi, célèbre musicien azéri.
Pour avoir utilisé sa liberté d'expression, Lesani a été reconnu coupable de « propagande contre l'État ».
« Quand il a été emprisonné, il y a eu beaucoup de manifestations », a déclaré une source proche de Lesani au Centre iranien des droits de l'homme en Iran (CDHI), le 5 mars 2019. « Des slogans gravés sur des murs et des pamphlets ont été distribués la nuit à Ardabil et Tabriz (capitale de la province de l'Azerbaïdjan oriental).
« Mais ce qui a énervé les autorités, c'est que des supporters ont scandé des slogans pour sa libération lors d'un match de football entre les équipes de Persepolis et Tractor Sazi Tabriz », a ajouté la source qui a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité.
La source a poursuivi : « Les agents du ministère du renseignement ont dit à M. Lesani qu’il était l’instigateur de ces actes et que s’il ne s’arrêtait pas, il serait tenu pour responsable. M. Lesani leur a dit qu'il ne pouvait pas arrêter les manifestations car il n'avait rien à voir avec elles. À présent, le ministère du renseignement a ouvert une nouvelle affaire contre lui sur la base d’accusations plus graves ».
Parmi les accusations portées par Lesani, figurent « l’incitation à la lutte armée », « la formation d'une organisation illégale », « le rassemblement et la collusion contre la sécurité nationale » et « la propagande contre l'État », qui pourraient le condamner à 15 années de prison supplémentaires.
La source a déclaré au CDHI que les autorités iraniennes avaient mal interprété les déclarations de Lesani et l'avaient accusé sur une fausse hypothèse.
« En Azerbaïdjan (une région d'Iran), M. Lesani est connu pour être un activiste pacifique », a déclaré la source. « Mais il est accusé d'incitation à la « lutte armée parce que les autorités, qui parlent principalement le persan, ne comprennent pas la langue azérie-turque ».
« Dans un discours, Lesani a utilisé le mot « duyush » qui signifie lutte, mais les autorités l'ont traduit par « guerre » ou « lutte armée », a déclaré la source.
De 16 à 25 % de la population iranienne sont des azéris parlant le turc (différent de la langue parlée en Turquie), vivant principalement dans les provinces de l’est et de l’ouest de l’Azerbaïdjan, dans les provinces d’Ardabil et de Zanjan.
Les défenseurs des droits civiques azéris luttent depuis longtemps (parmi d’autres politiques discriminatoires) contre l'interdiction, dans leurs écoles, d'enseigner le turc-azéri en complément de la langue officielle persane.
Auparavant, Lesani avait été condamné à un an de prison pour « propagande contre l'État » jusqu'à ce qu’il soit libéré, le 26 mai 2016.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran
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