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vendredi 28 juin 2019

Amnesty : Le régime iranien torture les familles des victimes du massacre de 1988

Amnesty : Le régime iranien torture les familles des victimes du massacre de 1988
Par Hamideh Taati 
Les autorités iraniennes violent systématiquement l'interdiction absolue de la torture et des autres mauvais traitements par des pratiques cruelles visant les membres des familles de milliers de prisonniers qui ont disparu et ont été exécutés de manière extrajudiciaire dans les prisons iraniennes pendant le massacre de 1988 en Iran, a dénoncé Amnesty International à l'occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture.

Trois décennies après que les autorités iraniennes ont fait disparaître de force et tué en secret plusieurs milliers de dissidents politiques, jetant leurs corps dans des fosses communes sans épitaphes, elles continuent de tourmenter les familles des victimes en refusant de révéler quand, comment et pourquoi leurs proches ont été tués et où leurs dépouilles sont enterrées, a écrit le 26 juin 2019 le groupe de défense des droits humains sur son site Web. Les membres des familles qui ont recherché la vérité et la justice ont fait l'objet de menaces, de harcèlement, d'intimidation et d'attaques, a indiqué Amnesty.
Les autorités iraniennes bafouent systématiquement l’interdiction absolue de la torture et des mauvais traitements en infligeant des pratiques cruelles aux familles de milliers de prisonniers, victimes de disparitions forcées ou d’exécutions extrajudiciaires dans les prisons iraniennes en 1988, a déclaré Amnesty International à l’occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture.
« L’entêtement des autorités iraniennes qui refusent de reconnaître la mort ou de révéler ce qu’il est advenu des victimes de disparitions forcées et d’homicides fait peser un lourd fardeau sur les familles, toujours hantées par un sentiment de détresse, d’incertitude et d’injustice, a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Il ne fait aucun doute que la souffrance intenable infligée aux familles des victimes depuis plus de 30 ans viole l’interdiction absolue de la torture et de tout autre traitement cruel et inhumain garantie par le droit international. »
La torture et les actes inhumains constituent des crimes contre l’humanité lorsqu’ils s’inscrivent dans le cadre d’une pratique systématique ou généralisée.
Les familles des victimes interrogées par Amnesty International expliquent que leur vie est toujours dominée par l’angoisse et l’incertitude. Beaucoup ajoutent que, sans corps pour faire leur deuil, elles restent dans le flou et ne parviennent pas à réaliser que leurs proches sont réellement décédés.
« Après toutes ces années, de nombreuses familles sont toujours plongées dans la souffrance et l’incrédulité… Parfois, je suis saisie par le doute et me demande si mon époux pourrait être en vie… Je veux dire, tant que vous n’avez pas vu le corps, vous ne pouvez pas réellement croire qu’ils sont partis », a déclaré Shayesteh Vatandoost, dont l’époux, Farzan Babry, a été soumis à une disparition forcée et à une exécution extrajudiciaire en 1988.
Ezzat Habibnejad a raconté les conséquences douloureuses de la disparition forcée et de l’homicide de son époux, Mehdi Gharaiee, sur sa belle-mère, qui n’arrive toujours pas à accepter sa mort :
« Depuis 30 ans, ma belle-mère attend que Mehdi revienne. Dès que le téléphone sonne ou que la sonnette retentit, elle se précipite, disant que c’est peut-être Mehdi. Elle n’arrive pas à l’accepter [sa mort] ».
Dans plusieurs cas, les familles révèlent que les disparitions forcées et les homicides secrets ont causé – ou contribué à causer – des problèmes de santé physique et mentale chez les parents des victimes, notamment des crises cardiaques, des dépressions, des hallucinations et des tendances suicidaires.
La souffrance des familles est exacerbée par la campagne que mènent les autorités iraniennes pour nier les massacres et effacer la mémoire collective des victimes de l’histoire officielle. Entre autres pratiques cruelles, elles n’ont bien souvent pas fourni aux familles des certificats de décès ou ont délivré des certificats qui mentionnent que le défunt est mort de causes « naturelles », de maladie ou simplement de « mort ».
En outre, elles nient l’existence de charniers contenant les dépouilles des prisonniers tués, alors qu’elles détruisent délibérément des sites présumés ou avérés de fosses communes, en les rasant au bulldozer avant de construire dessus des immeubles, des routes ou de nouveaux sites de sépulture. Par ailleurs, elles interdisent les rites de deuil, les commémorations et les débats publics sur les massacres des prisonniers et cherchent à les minimiser en présentant le bilan comme « faible » ou « insignifiant ».
Dans son rapport publié en décembre 2018 sous le titre Blood-soaked secrets, Amnesty International a conclu qu’en raison du caractère généralisé et systématique des crimes passés et présents, notamment la dissimulation du sort réservé aux victimes des exécutions extrajudiciaires secrètes de 1988, les autorités iraniennes sont responsables de crimes contre l’humanité, notamment de meurtre, de disparition forcée, de persécution, de torture et d’autres actes inhumains. Ce rapport appelait l’ONU à mener une enquête indépendante sur ces événements afin d’établir la vérité, de permettre de poursuivre en justice les auteurs présumés et d’apporter justice et réparations aux victimes, y compris aux familles des milliers de prisonniers assassinés.
« Le fait que personne n’ait comparu en justice pour le massacre de milliers de prisonniers en 1988 ne fait qu’aggraver la douleur des familles. Leur détresse perdurera tant que toute la lumière ne sera pas faite sur les massacres des prisons de 1988 dans le cadre d’une procédure qui permette à des experts indépendants d’exhumer les fosses communes, de réaliser des autopsies et des analyses ADN, et de faciliter la restitution des dépouilles aux familles », a déclaré Philip Luther.

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