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dimanche 25 août 2019

Le fils d'un Bahaï en Iran témoigne :"J'espère que mon père a été tué par un peloton d'exécution"


bahais exécutés iran Les membres de la première assemblée spirituelle nationale des bahaïs qui ont "disparus" en 1980
Alors que les autorités continuent de prendre pour cible et de persécuter la communauté bahaïe d’Iran, les familles de neuf éminents bahaïs qui ont disparu de force il y a 39 ans continuent de chercher à savoir ce qui est arrivé à leurs proches.

Le 21 août 1980, des membres de la première assemblée spirituelle nationale des bahaïs en Iran ont été enlevés, avec deux de leurs collègues, lors d’une réunion. Près de 40 ans plus tard, les familles d’Abdolhossein Taslimi, Houshang Mohammadi, Ebrahim Rahmani, Hassan Naji, Manouchehr Ghaem Maghami, Ataollah Maghrebi, Yousef Ghadimi, Behieh Naderi, Dr. Kambiz Sadeghzadeh Milani, Yousef Abbakhian essaient toujours de savoir ce qui leur est-il arrivé. Quelle agence était responsable de l'arrestation massive des membres d'une assemblée religieuse dont les activités étaient sociales et culturelles et non politiques ? Que s'est-il passé dans les heures qui ont suivi leurs arrestations ?
La recherche de réponses des familles a commencé immédiatement après les arrestations. Elles se sont rendues dans des prisons, des tribunaux révolutionnaires et des bureaux du ministère public. Elles ont arpenté les couloirs sans fin du parlement iranien et des bâtiments judiciaires à plusieurs reprises et ont rencontré diverses personnes d'influence. En cours de route, des explications absurdes leur ont été données, notamment que les neuf hommes avaient « embarqué dans un avion privé dans un aéroport abandonné pour se rendre en Israël ».
Les disparitions forcées ou involontaires sont un terme juridique internationalement reconnu qui désigne les personnes qui ont été enlevées, placées en détention ou assassinées secrètement et sans procès, et dont le sort n'a pas été officiellement révélé.
Shahin Sadeghzadeh Milani, avocat et directeur juridique du Centre iranien de documentation sur les droits humains, est le fils de M. Kambiz Sadeghzadeh Milani, l'un de ceux qui ont disparu. « J'espère que mon père a été tué par peloton d’exécution », a-t-il tweeté à l'occasion de l'anniversaire des enlèvements. « C'est mieux que d'être pendu ou tué par arme blanche. »
IranWire a parlé à Milani de sa recherche de réponses depuis 39 ans, ainsi que celles des autres familles.
Pendant toutes ces années, avez-vous déjà reçu des informations sur la mort de votre père et sur celles d’autres personnes ?
Au fil des ans, de nombreuses histoires invérifiables ont été racontées - par exemple quelqu'un qui avait été emprisonné ces années-là a dit ceci ou cela. Mais aucune des histoires et des rumeurs était crédible ou sérieuse. Il n'y a toujours pas de nouvelles fiables sur le sort de ces 11 personnes.
Il est maintenant reconnu que les membres de la deuxième assemblée spirituelle des bahaïs ont été tués par un peloton d’exécution en 1981, et que les membres de la troisième assemblée ont été enlevés, alors même que les responsables avaient initialement nié ces accusations. Il n'y a pas eu de fuites ni de réclamations au sujet de la première assemblée. Les autorités ont-elles accepté la responsabilité de leur mort, même implicitement ?
Ce n'est pas qu'ils aient accepté leur responsabilité dans la mort des membres de la deuxième assemblée. Un individu impliqué dans les exécutions a informé un proche de la ville de Kashan : « Nous avons exécuté Ghodrat Rouhani, fils d'Abolfazl Rouhani. » Abolfazl Rouhani étant une personnalité bien connue à Kashan, la nouvelle s'est répandue et finalement, ils ont dû accepter la responsabilité. Bien entendu, les corps n'ont pas été remis aux familles et aucune explication claire n'a été donnée non plus.
Nous devons nous rappeler que la situation en Iran avait changé lors des deuxièmes et troisièmes assemblées. De nouveaux événements politiques ont eu lieu entre le mois de juillet 1980 et l'automne 1981. Après mai 1981, le nombre d'exécutions a augmenté et elles sont devenues de plus en plus audacieuses. De plus en plus de bahaïs ont été exécutés et, bien qu’ils aient exécuté des bahaïs en 1979 et en 1980, leur nombre a augmenté en 1981 et c’est peut-être pourquoi ils sont devenus plus tranchés à ce sujet.
Vous souvenez-vous de quelque chose de ces jours ?
Je n'étais pas encore né. La dernière session de l'assemblée s'est tenue le 21 août 1980 au domicile de M. Doostdar, rue Naft. Vers 16 heures, un groupe a effectué une descente sur les lieux et les a emmenés. Ceci est la dernière information que nous avons sur le sort de ces 11 personnes, y compris mon père.
Donc, durant toutes ces années, aucun membre associé au régime ne vous a rien dit sur ce qui s'est passé, même implicitement ?
Les familles des personnes disparues ont tout fait pour le savoir et elles sont allées voir de nombreux responsables gouvernementaux. M. Rafsanjani a promis d’enquêter et de nous donner des informations, mais plus tard, il a déclaré : « Nous avons enquêté et découvert qu’ils avaient atterri en Israël depuis un aéroport abandonné. » Personne ne voulait répondre. Les familles se sont rendues dans les bureaux de Mohammad Beheshti, alors à la tête de la cour suprême, Ali Ghoddousi, procureur de la Révolution, et du président Abolhasan Banisadr, dont le bureau avait fait preuve de plus d'empathie mais, en réalité, ils n’ont obtenu aucune réponse.
En tant que fils d'un père qui a été enlevé et tué - quelque chose qui a sans aucun doute changé le cours de votre vie - pouvez-vous laisser cette tragédie derrière vous ?
La justice ne peut être rendue que dans une démocratie. D'un point de vue judiciaire, mon pardon personnel n'est pas si important que cela, car cette affaire a des dimensions publiques et sociales. Qu’ils décident ou non à l'avenir, de tenir les coupables pour responsables ou de leur pardonner à un degré ou à un autre, il s’agit d’une affaire sociale et politique, pas personnelle.
Pourquoi les autorités ont-elles ciblé les membres de l'Assemblée nationale bahaïe ? Étaient-ils engagés dans des activités politiques ?
Non, ils n'étaient pas du tout politiques. Les affaires de la communauté bahaïe sont gérées par une entité élue et ces personnes ont été élues à l’assemblée. C'était le résultat d'une inimitié idéologique. Cette hostilité existe depuis la naissance de la foi bahaïe, et elle a des racines historiques. Cette inimitié ne se limite pas aux personnalités connues de la communauté bahaïe, mais s’adresse aux gens ordinaires, y compris à une jeune fille de 16 ans et à un vieil homme inoffensif de Birjand qui ont également été éliminés.
Les autorités considèrent la religion bahaïe comme une religion rivale. Ils traitent même les sunnites, les derviches et les convertis au christianisme de la même manière. Lorsque la fondation d'un gouvernement est idéologique, ils considèrent que les groupes qui sont leurs rivaux idéologiques sont tout autant leurs rivaux politiques, même si ces groupes se comportent de manière apolitique et ne cherchent pas de tels affrontements.
Source : Iran Press Watch

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