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jeudi 28 novembre 2019

Campagne d’intimidation contre les journalistes iraniens à l’étranger


campagne intimidation journaliste iran La campagne d'intimidation contre les familles de journalistes iraniens s'intensifie à la suite des manifestations.
Les agents du renseignement disent aux familles que les journalistes seront « blessés » s'ils n'arrêtent pas leur travail.

Les services du renseignement iranien ont menacé directement les familles des journalistes travaillant à l'étranger, avertissant les membres de la famille que les journalistes seraient blessés s'ils continuaient à faire des reportages pour des agences de presse étrangères.
Bien que le harcèlement des membres de famille de journalistes basés à l'étranger soit une pratique courante, les menaces se sont intensifiées ces derniers jours, alors que les autorités iraniennes s'efforcent de limiter les couvertures médiatiques négatives de la répression violente menée par ses forces lors des récentes manifestations en Iran.
Les manifestations qui ont éclaté le 15 novembre dans le pays à la suite d’une hausse soudaine du prix de l’essence ont été suivies d’une réaction brutale de la part de l’État, faisant plus d’une centaine de morts et au moins 4 000 arrestations. Les chiffres pourraient bien être beaucoup plus élevés étant donné que la censure des nouvelles imposée par le gouvernement et la coupure d’Internet en Iran du 16 novembre au 23 novembre ont empêché les informations de quitter le pays.
Bien que les autorités aient pu contrôler la couverture nationale des troubles par des ordonnances exécutives et des arrestations, le contrôle des journalistes iraniens travaillant à l'étranger s'est avéré plus difficile, amenant les autorités à poursuivre les familles de ces journalistes avec des avertissements et des menaces flagrantes.
Saman Rasoulpour, rédacteur en chef de la chaîne de télévision par satellite Iran International, basée à Londres, a déclaré le 26 novembre, au Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI) que plusieurs membres de sa famille en Iran avaient été avertis qu'il pourrait être « blessé » s’il continuait de travailler.
« À Téhéran et dans d'autres villes, mes proches et mes collègues, ainsi que ceux de mes collègues, y compris les parents, les sœurs et les frères, ont été convoqués au ministère du renseignement. Certains d'entre eux ont été emmenés de la rue ou de leur lieu de travail vers des bureaux de la sécurité », a déclaré Rasoulpour.
« Les responsables de la sécurité ont adressé des menaces directes aux membres de la famille et ont exigé que nous mettions immédiatement fin à notre collaboration avec « Iran International ». Ils ont explicitement averti que si nous continuions notre travail, ils pourraient nous faire du mal. Ils ont dit qu'ils savaient où nous vivions en dehors de l'Iran. Nous considérons que ces menaces constituent des menaces flagrantes de la part des agences de sécurité iraniennes contre des journalistes qui s’acquittent simplement de leur devoir professionnel afin d’apporter des informations précises et impartiales. »
Le 22 novembre 2019, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a annoncé qu'au moins six reporters iraniens basés à l'étranger avaient reçu des menaces de la part de la République islamique. Rasoulpour, cependant, a déclaré que plus de six de ses collègues d'Iran International avaient été menacés.
Pouya Azizi, un reporter d’ « Iran International », a tweeté le 24 novembre : « Le ministère du renseignement de la République islamique d’Iran a convoqué mon père et l’a menacé de mettre fin à mes activités professionnelles. Ce n'est pas la première fois qu’ils font cela. Ils savent que cela ne fera que renforcer notre détermination à poursuivre notre travail. »
Farnaz Ghazizadeh, reporter de la chaîne de télévision en persan de la BBC, a également révélé que sa famille en Iran avait été soumise à des actes d’intimidation.
«La République islamique poursuit ses tentatives d'intimidation et de censure des journalistes au-delà des frontières iraniennes en faisant pression sur leurs familles. Ils ont convoqué mon père âgé de 73 ans et l'ont mis en garde contre moi et ma sœur (la journaliste d'Iran International Sanaz Ghazizadeh). Nos familles sont devenues des otages », a-t-elle tweeté le 23 novembre.
Ali Hamedani, un autre journaliste de la BBC, a tweeté un commentaire adressé aux agents de la sécurité iraniens : «… quand vous avez secoué le corps de mon cher parent, avez-vous jamais pensé que cela en valait la peine? … Arrêtez ca. Si vous vous arrêtez, cela ne deviendra pas une information, puis les médias ne rapporteront pas les mauvaises choses que vous avez faites et cette roue cessera de tourner. »
Rasoulpour a déclaré au CHRI : « Ces pressions n’ont pas commencé avec les récentes manifestations. Des pressions similaires ont eu lieu par le passé, mais elles se sont intensifiées au cours des 10 derniers jours. La République islamique tente de perturber le travail des médias à l'étranger tout en imposant une censure généralisée à l'intérieur du pays en coupant Internet et en arrêtant et en emprisonnant des journalistes.
« Les perturbations comprennent le brouillage des signaux de radiodiffusion, le blocage de la communication entre nous et notre public, ainsi que la pression psychologique exercée sur nos familles et la menace de nos proches en Iran. C’est parce que le régime craint que la nouvelle ne parvienne à la population. Il souhaite mettre un terme aux informations que nous avons préparées pour notre public avec un soin professionnel. »
A la question de savoir si des mesures avaient été prises pour contrer ces menaces, M. Rasoulpour a déclaré qu' « Iran International » avait lancé un appel aux organisations internationales telles que les Nations unies et l'Union européenne pour appeler les autorités iraniennes à mettre fin, immédiatement, à sa campagne d'intimidation.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran

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