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mercredi 29 avril 2020

Les travailleurs journaliers contraints de fouiller les poubelles


fouiller dans les poubelles iranCSDHI - Durement touchés par la récession pandémique, de nombreux journaliers iraniens ont recours à la récupération dans les poubelles.
Fouiller les poubelles est un indicateur précoce de la situation socio-économique désespérée dans laquelle de nombreux Iraniens ont été contraints de vivre depuis l'épidémie.

On pense que le nombre de personnes se livrant à la récupération dans les poubelles a doublé dans les zones métropolitaines de Téhéran et d'Arak.
« Le comportement et l'activité de ces groupes montrent qu'ils sont nouveaux dans la fouille des poubelles. »
Plus des trois quarts d'un million d'Iraniens sont devenus chômeurs pendant la pandémie du coronavirus - et une nouvelle vague de nettoyage a frappé les rues des petites et grandes villes du pays.
Selon Massoud Babaei, directeur de la division de l'assurance chômage du ministère du travail, quelque 783 000 personnes se sont inscrites à l'assurance chômage pour la première fois entre le 13 mars et le 28 avril. Parmi elles, 654 000 ont jusqu'à présent vu leur demande approuvée. Afin de financer des dispositions supplémentaires pour ce nombre de personnes, a ajouté M. Babaei, le ministère a besoin d'un budget supplémentaire de cinq billions de tomans (307 millions d’euros) et de nouveaux paiements seront subordonnés à ce financement.
Dans son derniercompte-rendu, le Centre de recherche du Parlement iranien a estimé qu'en fonction de l'un des trois scénarios modélisés en cours, un total de 2 876 000 à 6 431 000 personnes en Iran pourraient finalement perdre leur emploi en raison des effets étendus de la pandémie. Une proportion importante de ceux dont les moyens de subsistance sont désormais en jeu sont des travailleurs journaliers et des propriétaires de petites entreprises.
Sur la base du comportement et du mode de collecte des ordures observés dans les rues des villes, les responsables sociaux ont conclu que le ramassage est déjà en hausse en Iran : un indicateur précoce de la situation socio-économique désespérée dans laquelle beaucoup auront été contraints depuis l’épidémie.
Les travailleurs à l’usine de sucre Fasa, qui est actuellement fermé, auraient été forcés de migrer vers d’autres villes pour collecter et vendre des déchets en plastique obsolètes après n’avoir pas été payés pendant sept mois d’affilée.
Hadi Mahmood, membre du conseil des ouvriers de l’usine Fasa, a déclaré à l’agence de presse iranienne du travail : « Personne ne nous tend la main et n’écoute nos voix. Ils promettent que les salaires des travailleurs seront payés, mais en pratique, rien ne se passe. »
Il a ajouté que la plupart des travailleurs de l'usine étaient coincés à la maison en raison du manque d'autres emplois et de possibilités d'emploi : une situation susceptible d'être à présent aggravée par les fermetures de sites à la suite de l'épidémie du coronavirus.
Ailleurs à Arak, la capitale de la province de Markazi, le nombre de personnes faisant les poubelles aurait doublé depuis que la pandémie s'est installée en Iran. Hamidreza Qanati, chef du département de gestion des déchets de la municipalité d'Arak, a déclaré : « Avant l'épidémie de coronavirus, environ 500 personnes fouillant les ordures étaient signalées dans la région métropolitaine d'Arak. Mais dans la nouvelle année, à la suite à la fermeture de certaines entreprises, mais le nombre de ces personnes est passé à 1 200. »
Il a ajouté : « Les déchets urbains font partie de la propriété de la municipalité et selon la loi, les acheter et les vendre est un délit. De plus, ces personnes représentent un facteur de risque élevé dans l’augmentation de la prévalence du coronavirus. Le doublement du nombre de personnes qui le font après l’éclosion dans cette ville est préoccupant. »
Malek Hosseini, chef du département des services sociaux et sociaux de la municipalité de Téhéran, affirme également que l’activité de récupération a doublé dans les décharges, ce qui correspond à une augmentation du volume de déchets produits dans la ville. Cette activité a été interdite à Téhéran, a-t-il déclaré, et a ajouté : « Le comportement et l’activité de ces groupes montrent qu’ils sont nouveaux dans la fouille des poubelles. »
L'apparente vague de personnes qui ont récemment recours à la récupération dans les poubelles est une alerte précoce des défis qui pourraient attendre l'Iran post-coronavirus. Depuis des années, la société iranienne est aux prises avec des faillites et des fermetures dans le secteur industriel, un taux de chômage élevé chez les travailleurs et l'aggravation d'un ensemble de facteurs de stress économique. Le nombre de personnes marginalisées qui ont perdu leur emploi au fil du temps, se réfugiant dans des banlieues délabrées en raison de l'extrême pauvreté, a simultanément atteint 19 millions : parmi eux, des sans-abris, des toxicomanes et des personnes contraintes de louer leur utérus, ou de vendre leurs reins ou même leurs enfants, pour survivre.
L'ère post-coronavirus en Iran est susceptible de voir une nouvelle augmentation de cette population. Le temps nous dira combien des deux à six millions de chômeurs prévus seront contraints à cette misérable situation : dont la fouille des poubelles par les nouveaux chômeurs, privés de tout autre moyen de mettre du pain sur la table, est l'une des plus tristes manifestations.
Source : IranWire

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