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lundi 31 août 2020

L’Iran : 32 ans après le massacre de 1988 : Il est temps que l’Assemblée générale des Nations unies agisse

Photos de certaines victimes du massacre de 1988 en Iran lors d’une exposition publique

CNRI- Le mois dernier, la porte-parole du Département d’Etat, Morgan Ortagus, a mis en ligne une vidéo dans laquelle elle exprimqit sa « grande préoccupation » au sujet des « violations persistantes des droits humains » commises par le système judiciaire du régime iranien. Mme Ortagus a attiré l’attention sur un crime spécifique négligé par les puissances occidentales et qui n’a jamais reçu une attention suffisante dans les discussions de politique internationale.

En juillet 1988, le système judiciaire du régime a créé des « commissions de la mort » dans les prisons du pays, avec pour mission d’interroger les détenus politiques sur leurs opinions et leurs affiliations, puis de prononcer des condamnations à mort pour ceux qui refusent de nier leurs croyances. Cette mesure a été prise à la suite d’une fatwa du fondateur et Guide Suprême du régime, Ruhollah Khomeiny. Craignant un soulèvement national du peuple déchiré par la guerre après le cessez-le-feu de la guerre Iran-Irak, Khomeiny s’est fixé comme objectif d’éradiquer la dissidence organisée pour consolider le pouvoir du régime.

A l’époque, comme aujourd’hui, la principale opposition organisée est l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI), et elle s’est donc avérée être la principale cible des actions des commissions de la mort. La plupart des victimes du massacre de 1988 étaient des partisans ou des membres de l’OMPI. Ils ont refusé de succomber aux exigences du régime et ont renié leurs convictions politiques, qui n’étaient pas seulement la liberté et la démocratie.

Leur engagement pour la cause de la liberté a suffi pour que les commissions de la mort déclarent les prisonniers coupables d’« inimitié contre Dieu », dans le langage de Khomeiny. Et la peine légale pour ce crime vaguement défini a toujours été la mort. Au cours de l’été 1988, les procès visant à établir cette culpabilité n’ont duré qu’une minute et les condamnés ont été pendus par pelotons de plusieurs prisonniers avant d’être chargés dans des camions frigorifiques pour être transportés vers des fosses communes secrètes.

L’ampleur précise des tueries n’a jamais été établie car le massacre n’a jamais fait l’objet d’une enquête indépendante. Mais en extrapolant à partir de témoignages oculaires, de documents et d’enregistrements audio ayant fait l’objet de fuites, et de dossiers de prisonniers disparus pendant l’été et l’automne 1988, l’OMPI a pu déclarer qu’au moins 30 000 personnes ont été exécutées au cours de ce massacre.

Craignant l’issue de ce massacre, le régime a tenté d’occulter l’affaire en dissimulant des preuves essentielles du massacre, notamment l’emplacement de nombreuses fosses communes. Alors que les militants de l’OMPI ont identifié certaines d’entre elles et en ont fait des sites de rassemblements illégaux de commémoration, d’autres ont été pavées et transformées en sites de grands projets de construction. Amnesty International a mis en garde contre ce phénomène dans de multiples déclarations, soulignant qu’il menace de minimiser l’efficacité de toute enquête future.

Ces déclarations auraient dû susciter un plus grand sentiment d’urgence parmi les gouvernements et les décideurs politiques qui s’intéressent à l’application des principes fondamentaux des droits de l’homme dans le monde entier. Mais elles sont pour la plupart tombées dans l’oreille d’un sourd, tout comme les innombrables appels à l’action lancés par l’OMPI lui-même. Alors que des groupes de législateurs américains et européens ont publié diverses déclarations et présenté des résolutions condamnant le massacre de 1988.

Maintenant, nous nous rapprochons de l’Assemblée générale des Nations unies, qui comprendra sans doute des discussions sérieuses et de haut niveau sur la politique iranienne. L’ONU et ses États membres devraient aborder le bilan abyssal du régime des mollahs en matière de droits humains, son sentiment évident d’impunité dans ce domaine et l’absence d’inculpation pour les crimes passés, comme le massacre de 1988, qui ont permis à ce régime de tuer et d’exporter le terrorisme. L’assassinat barbare de 1500 manifestants lors des grandes manifestations en Iran en novembre 2019, et la tentative ratée du régime de bombarder le rassemblement annuel « Iran Libre » de la Résistance iranienne en juin 2018 par l’intermédiaire d’un soi-disant « diplomate », sont le résultat du fait que les mollahs jouissent de leur impunité pour le massacre de 1988.

Le massacre de 1988 est représentatif de l’idéologie violente et extrémiste qui est au cœur du régime des mollahs et qui est à l’origine de l’enracinement de ces autres questions.

Il faut faire quelque chose pour s’attaquer aux racines de cette idéologie. La communauté internationale doit faire comprendre que même dans les cas où le régime a bénéficié auparavant de l’impunité pour ses pires impulsions, il y aura maintenant de graves conséquences. Le massacre de 1988 a été décrit comme le « pire crime de la République islamique » et comme le pire crime contre l’humanité qui ait été perpétré dans la seconde moitié du XXe siècle. Il n’y a aucun moyen de mettre fin aux violations des droits humains commises par Téhéran tant qu’il n’y aura pas eu d’effort de bonne foi pour tenir quelqu’un responsable de cette situation.

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