CSDHI – Une motion du ministère de l’intérieur pour la dissolution de l’Imam Ali Popular Student Relief Society (IAPSRS). Il s’agit de l’une des principales et plus importantes organisations caritatives de la société civile iranienne. C’est la branche 55 du complexe judiciaire Shahid Beheshti à Téhéran qui a accordé cette dissolution.
Elle fut créée en 1999 par un groupe d’étudiants de l’université Sharif. L’organisation est entièrement gérée par un réseau de membres bénévoles. Elle compte actuellement au moins 10 000 personnes à travers l’Iran selon leurs dirigeants.
Une dissolution voulue par le Guide suprême
« La dissolution de cette société et la pression sur les ONG, au moins à Téhéran, est une politique menée par le Bureau du Guide suprême de la République islamique et sous la supervision d’Ali Khamenei », a déclaré une source informée à IHR.
Selon la source, un groupe de travail appelé « Eradicating Deprivation »(éradiquer la misère) fonctionne actuellement sous les auspices du Bureau du Guide suprême. Il a l’intention de se débarrasser des autres ONG travaillant dans le secteur de l’aide sociale.
Avec plus de 40 centres dans les zones les plus rurales d’Iran, la Société de l’Imam Ali est l’une des ONG les plus performantes dans le secteur de l’aide sociale. Elle s’occupe de toute une série de questions. La pauvreté, l’éducation, les soins de santé et le soutien aux enfants touchés par la toxicomanie et la criminalité, en particulier les jeunes délinquants et les enfants qui travaillent, en font partie.
L’ONG soutient actuellement plus de 6 000 femmes et enfants dans le domaine de l’éducation, de la santé, de l’emploi et du coût de la vie.
Des pressions exercées par les agences de sécurité
Les agences de sécurité exercent depuis longtemps des pressions sur la société de l’imam Ali. Le 26 avril 2018, l’ONG a publié une déclaration annonçant que le piratage des comptes Gmail, Facebook, Twitter, LinkedIn et Telegram d’un certain nombre de ses membres avait été « organisé. »
Selon les responsables de l’ONG, le piratage a eu lieu malgré l’utilisation par les titulaires de comptes d’un « login en deux étapes. » Un certain nombre d’experts techniques ont estimé que les piratages n’auraient pu avoir lieu qu’avec la coopération du ministère des communications. Le ministère des communications n’a cependant jamais répondu aux allégations.
La pression croissante sur la Société de l’Imam Ali a continué. Jusqu’à ce que les autorités iraniennes arrêtent son fondateur, Sharmin Maymandinejad, et leur responsable de la conformité, Katayoun Afrazeh et le chef des relations publiques, Morteza Keymanesh, le 21 juin 2020. Les autorités iraniennes ont fermé le siège principal de l’ONG.
Peu de temps après, faisant référence à l’arrestation de Sharmin Meymandinejad, l’agence de presse Tasnim, affiliée aux pasdarans, a cité une source informée. Elle l’a accusé de « travailler en réseau pour influencer l’opinion publique à différents niveaux » en créant l’organisation caritative et en faisant le travail du secteur public.
Accusée de blasphème et pensées anti-religieuses déviantes
Le site web affilié aux pasdarans a également accusé les membres de la société Imam Ali de « blasphème et de promotion de pensées anti-religieuses déviantes. » La déclaration du ministère de l’intérieur a réitéré cette accusation, le 17 août 2020, lorsqu’il a fixé un délai de 20 jours pour que l’ONG change de structure. A l’expiration de ce délai, les agents du régime ont arrêté Zahra Rahimi, directrice générale de l’organisation et épouse de Sharmin, le 6 septembre et libérée le lendemain.
Fin février, le ministère de l’intérieur a publié une déclaration appelant à la dissolution de la Société de l’Imam Ali. Il a déclaré qu’il avait déposé une requête auprès de la justice.
La déclaration se lit comme suit : « Il est clair que tout phénomène social, ainsi que les fonctions positives qui se forment sur la base des objectifs fixés, peuvent, pour diverses raisons, s’écarter de ces objectifs au fil du temps. Non seulement perdre la capacité nécessaire pour mener des actions positives. Elles peuvent aussi devenir un nouveau problème social qu’il faut empêcher de se propager en appliquant des mesures et en garantissant l’application de la loi. Le but est que le corps du saint système de la République islamique d’Iran ne soit pas endommagé. »
Malgré les efforts de plusieurs avocats et experts juridiques, et malgré les protestations d’un grand nombre d’utilisateurs de médias sociaux, le tribunal a statué en faveur du ministère de l’intérieur le 3 mars.
Trop indépendante
« L’indépendance administrative de l’ONG par rapport au gouvernement » et les efforts des agences de sécurité pour influencer les décisions de la Société de l’Imam Ali en participant aux élections du conseil d’administration et le refus des membres d’accepter les candidats des agences de sécurité, sont considérés comme une autre raison de la pression.
Parallèlement, des informations non confirmées font état de tentatives de remplacement de la Société de l’Imam Ali par la « Société de l’Imam Reza », affiliée au gouvernement.
Hossein Yekta dirige la Société de l’Imam Reza. Il est membre du conseil central de la base d’Ammar des pasdarans. C’est l’un des commandants des agents « en civil » responsables de la répression des manifestations nationales de 2009. Il est aussi un ancien membre du bataillon Habib et Mojtaba Khamenei, le fils du proche associé du Guide suprême.
Cependant, ce ne sont pas les seules raisons de la dissolution de la société de l’Imam Ali.
S’exprimant sous le couvert de l’anonymat, une source a déclaré à IHR : « On a formé un groupe de travail appelé « Eradicating Deprivation » (éradiquer la misère), sous les auspices du Bureau du Guide suprême. Il implique plusieurs agences gouvernementales, y compris le groupe de travail de l’Imam Khomeini Relief, le siège exécutif de l’Imam et la base de Khatam al-Anbia. »
Le groupe de travail « Eradicating Deprivation » a concentré son travail sur les banlieues et les bidonvilles de Téhéran. Notamment Darvaze Ghar, Bagh Azar, Atabak et d’autres quartiers similaires », a déclaré la source.
Selon la source, le groupe de travail a étendu son action dans ces quartiers depuis un certain temps. « Dans certaines banlieues, comme Darvaze Ghar, plusieurs bases jihadistes, y compris la base de l’Imam Reza, ont été mises en place au cours des années précédentes. Et maintenant le groupe de travail « Eradicating Deprivation » invite les bureaux de développement des quartiers à participer à ses activités. »
Les bureaux de développement des quartiers sont affiliés à des sociétés de conseil en urbanisme. Ils travaillent en collaboration avec l’Organisation de la rénovation de Téhéran.
Source : IHR
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