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mardi 2 mars 2021

Les erreurs de la politique occidentale persistent, alors les manifestations et la répression redoublent en Iran


 Au cours de la semaine dernière, un mouvement de protestation s’est étendu pour englober une grande partie de la province iranienne du Sistan-Baloutchistan, à la suite d’affrontements lundi entre le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) et les porteurs de carburant dans cette région. Des manifestations de solidarité ont également été enregistrées dans plusieurs grandes villes d’Iran, de nombreux participants ayant saisi l’occasion pour condamner l’ensemble du régime clérical et pour appeler à un changement de régime.

Cette série d’incidents signalent que la société iranienne reste dans un état explosif plus de trois ans après un soulèvement national qui a introduit le thème du changement de régime dans le discours public.

Les manifestations les plus récentes ne sont pas seulement un autre rappel de la vulnérabilité du régime; ils servent à mettre en évidence la brutalité et le mépris des droits de l’homme qui rendent ce régime si indigne de la légitimité internationale qui lui a été accordée dans les interactions récentes avec la plupart des gouvernements occidentaux. Alors même que les manifestations et les répressions qui en ont résulté se poursuivaient, cette offre de légitimité a été réitérée sous la forme de plans pour le Forum des affaires Europe-Iran, qui doit a commencé lundi avec la participation du chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, entre autres.

Les nouvelles manifestations en Iran et le Business Forum
La décision d’organiser l’événement a été critiquée en raison de sa proximité avec la condamnation le 4 février par un tribunal belge d’un diplomate iranien de haut rang qui avait tenté de mettre une bombe dans le rassemblement du CNRI en 2018 à Paris. Les nouvelles manifestations ont naturellement contribué à alimenter une critique plus large du Business Forum en tant qu’exemple de la politique occidentale de complaisance face à un large éventail d’activités néfastes du régime iranien à la fois dans le pays et à l’étranger.

Les troubles au Sistan-Baloutchistan ont commencé lorsque les porteurs de carburant ont découvert que le CGRI avait creusé de grandes tranchées près de la frontière avec le Pakistan pour empêcher les gens de traverser avec des marchandises, alors que le CGRI lui-même est connu pour faire passer en contrebande des quantités beaucoup plus importantes. Certains des porteurs, qui sont des membres de la minorité ethnique baloutche, se sont alors rassemblés pour protester contre l’obstruction par les autorités de leur seul moyen de subsistance. Le CGRI a rapidement répondu par des coups de feu, tuant plusieurs habitants pauvres avant de chasser les habitants d’un village frontalier.

Ceci, bien sûr, n’a contribué qu’à alimenter une réponse encore plus forte de la part d’autres localités voisines. L’affrontement de lundi a déclenché des manifestations massives mardi dans la ville de Saravan, qui ont attiré des coups de feu supplémentaires du CGRI. S’appuyant sur les rapports de témoins oculaires, l’OMPI a estimé que le nombre de morts à ce jour-là était d’au moins 40, avec plus de 100 autres civils non armés blessés. Pourtant, même cette expansion de la répression violente n’a pas eu pour effet de contenir les troubles.

En novembre 2019, lors d’un autre soulèvement national, encore plus étendu que son prédécesseur, la population est descendue dans la rue. Des slogans familiers tels que «mort au dictateur» et «à bas le règne des mollahs» ont pu être entendus dans près de 200 villes et villages moins de deux ans après avoir atteint une notoriété nationale. Visiblement effrayées par l’échec de leurs propres mesures répressives, les autorités iraniennes ont immédiatement intensifié leur brutalité en réponse à ce deuxième soulèvement. Le CGRI a ouvert le feu sur des foules de manifestants, tuant environ 1 500 personnes.

Naturellement, les meurtres ont été accompagnés une fois de plus d’arrestations massives, que l’OMPI a estimé être au moins 12 000 personnes. Beaucoup de ces personnes arrêtées ont ensuite été soumises à la torture, comme détaillé dans un rapport publié en septembre dernier par Amnesty International, intitulé «Piétinement de l’humanité».

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