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vendredi 16 avril 2021

Pour éviter d’autres tueries, il faut exiger des comptes au régime

 En septembre dernier, sept experts des droits de l’homme des Nations Unies ont écrit une lettre aux dirigeants du régime iranien et ont attiré l’attention sur la question du massacre des prisonniers politiques en 1988. Le document notait que les auteurs de ce massacre restent à ce jour dans des positions d’influence, en raison d’une tendance à l’impunité qui n’a jamais été sérieusement remise en cause par la communauté internationale.

En décembre 1988, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution A / Res / 43/137 sur la situation des droits de l’homme en Iran, qui a exprimé sa « grave préoccupation face à une nouvelle vague d’exécutions dans la période juillet-septembre 1988 visant des prisonniers en raison de leurs convictions politiques ». La communauté internationale était ainsi au courant du massacre alors qu’il était en cours, grâce aux efforts de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran, la principale cible de la répression.

Les membres et sympathisants de l’OMPI constituaient l’écrasante majorité des 30 000 victimes du massacre de 1988. Mais si une attention particulière avait été accordée à l’avertissement de la résistance iranienne, les meurtres n’auraient peut-être jamais atteint cette ampleur. Plus important encore, l’intervention des puissances occidentales ou de l’ONU aurait démontré un engagement précoce à tenir les autorités du régime responsables des violations des droits de l’homme, et le régime aurait peut-être été obligé de mettre un terme à ses abus au cours des trois décennies suivantes.

En l’occurrence, une conspiration mondiale du silence a eu exactement l’effet inverse. Les Rapporteurs spéciaux de l’ONU l’ont confirmé dans leur lettre. En dépit de la résolution de 1988, «la situation n’a pas été renvoyée au Conseil de sécurité, et l’Assemblée générale des Nations Unies n’a pas donné suite à la résolution de la Commission des Nations Unies pour les droits de l’homme ».
« L’incapacité de ces organes à agir, ont conclu les experts, a eu un impact dévastateur sur les survivants et leurs familles ainsi que sur la situation générale des droits de l’homme en Iran et a encouragé Téhéran à continuer de dissimuler le sort des victimes et à maintenir une stratégie de déviation et de déni qui continue à ce jour. »

La lettre prévenait ses destinataires que s’ils ne répondaient pas dans les deux mois, le texte serait rendu public et les auteurs demanderaient une enquête internationale. On ne sait pas si ces auteurs s’attendaient jamais à une réponse sérieuse de Téhéran, mais en tout état de cause, la lettre a été publiée en décembre et elle a rapidement alimenté les appels à l’action par la Résistance iranienne.

https://youtu.be/20V-kL1WdsA

L’urgence de ces appels s’est intensifiée depuis le déclenchement de manifestations à l’échelle nationale en Iran à la fin de 2017. Après que le soulèvement de décembre 2017 se soit poursuivi pendant une grande partie de janvier 2018, les autorités du régime ont adopté une stratégie de torture systématique qui a tué au moins une douzaine de manifestants et d’activistes. Plusieurs dizaines d’autres ont été abattus pendant les troubles. Un mouvement de protestation beaucoup plus large a éclaté dans près de 200 villes et villages en novembre 2019. Le guide suprême du régime Ali Khamenei a ordonné au Corps des gardiens de la révolution islamique de réprimer rapidement les manifestations et d’ouvrir le feu sur la foule, tuant 1 500 personnes.



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