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samedi 25 septembre 2021

En quête de justice pour le massacre de 1988, des témoins et des familles témoignent

 Discours de Batoul Majani, Soheila Dachti, Laya Gohari et Fatemeh KhazAli lors du rassemblement à Stockholm.

CNRI Femmes – En quête de justice pour le massacre de 1988 en Iran, des témoins et des familles de victimes ont pris la parole et ont fait part de leurs témoignages.

Le procès de Hamid Noury, l’un des auteurs du massacre de 1988 en Iran, se déroule actuellement à Stockholm, en Suède. Les familles des victimes qui réclament justice ont organisé des rassemblements et des manifestations près du tribunal et dans d’autres pays. Lors de ces rassemblements, les témoins du massacre de 1988 et les proches des victimes ont donné leur témoignage.

L’ancienne prisonnière politique Batoul Majani

Batoul Majani, prisonnière politique pendant sept ans, a demandé justice lors d’un rassemblement à Stockholm le 10 août. “Le régime clérical a exécuté sept membres de ma famille”, a-t-elle déclaré. “Cinq d’entre eux, dont mon frère, Abdol Rassoul Majani, font partie des victimes du massacre de 1988. Au nom des familles des victimes, je salue la mémoire des 30.000 prisonniers politiques envoyés à la potence. Plus de 90 % d’entre eux étaient des membres et des partisans des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK). Toutes les femmes massacrées étaient affiliées à l’OMPI. Ces héroïnes ont ouvert la voie de la libération des femmes iraniennes. Elles ont été l’avant-garde du mouvement de résistance et du mouvement pour l’égalité dans notre patrie occupée.”

Dans une interview accordée à la télévision nationale suédoise le 13 août, Batoul Majani a confié : “Mon oncle a été tué il y a 40 ans après avoir été torturé deux jours durant. Mon père a été arrêté et assassiné un mois plus tard sans avoir été jugé.”

Soheila Dachti demande justice  

Soheila Dachti fait également partie de ceux qui demandent justice pour le massacre de 1988. Elle a pris la parole lors du rassemblement le 10 aout à Stockholm, où elle a déclaré : “Aujourd’hui, pour la première fois, la communauté internationale entend parler des crimes effroyables [commis en Iran]. Qui sont ces victimes qui ont donné leur vie pour la liberté ? J’ai eu la chance d’être au tribunal ce matin. Lorsque j’ai entendu les noms des 110 prisonniers de l’OMPI exécutés à la prison de Gohardacht, un par un, je me suis dit : Les noms de ces héros inconnus sont maintenant entendus dans un tribunal étranger. Grâce à la Résistance, la voix du mouvement pour la justice est désormais entendue dans le monde entier.”

La télévision nationale suédoise a également interviewé Mme Dashti le 13 août : “Mon cousin de 26 ans a été exécuté, rappelle-t-elle. Bien sûr, le crime ne touche pas seulement ma famille mais tous les Iraniens. Ils ont massacré une génération. Nous parlons de l’exécution massive de plus de 30.000 personnes. La plupart des personnes exécutées avaient entre 20 et 26 ans.”

Laya Gohari, ancienne prisonnière politique

Laya Gohari est une ancienne prisonnière politique qui a perdu son frère et de nombreux amis sous le régime des mollahs. Elle demande justice pour les victimes. Dans son intervention au rassemblement de Stockholm le 10 août, Mme Gohari a déclaré : “Ils m’ont arrêtée en novembre 1981 pour avoir soutenu l’OMPI. J’étais alors lycéenne et je n’avais que 17 ans. J’ai passé ma captivité dans les prisons d’Evine et de Ghezel Hessar. J’ai fait l’expérience d’une mort graduelle pendant six mois en isolement cellulaire. Toutes les pressions et les tortures n’ont pas eu raison de moi. J’ai été choquée d’apprendre l’exécution de mon frère, Mohammad Sadegh. Il a été exécuté le 10 février 1982, alors qu’il n’avait que 19 ans. En mars 1986, après ma libération de prison, j’ai appris que mon cousin, Saïd Assadollah Khani, l’enfant unique de ma tante, avait également été exécuté alors qu’il n’avait que 18 ans.

“Durant l’été 1988, pas un jour ne s’est passé sans que j’entende parler de la mort d’un être cher. Chaque jour, j’entendais parler de mes anciennes camarades de cellule pendues pour être restées fidèles à leurs convictions. La radio “Voix de Mojahed” a annonçé dès le début les noms des victimes. Des héroïnes comme Mojgan Kamali, Chahine Jolghazi, Chourangiz Karimi, Farahnaz Zarfchi, Mojgan Sorbi, Tahmineh Sotoudeh, Roghieh Akbari-Monfared, Hanifeh Emami, Maryam Pakbaz, et d’autres. En effet, quel crime avaient-elles commis? Quel était le crime de 30 000 prisonniers politiques, dont la plupart étaient jeunes et constituaient les biens les plus précieux de notre pays ? Quel était leur crime sinon d’être épris de liberté ?

“oui, nous cherchons absolument à poursuivre et à punir le régime dans son intégralité, en particulier le guide suprême des mollahs, Ali Khamenei, et son président meurtrier, Ebrahim Raïssi. Il ne fait aucun doute que nous les traduirons en justice et qu’ils devront faire face à la justice.”

Fatemeh KhazAli demande justice pour le massacre de 1988

Fatemeh KhazAli a pris la parole lors du rassemblement à Stockholm le 11 août. Elle a déclaré dans son discours : “Je m’appelle Fatemeh KhazAli, la sœur de Mohsen KhazAli, l’une des victimes du massacre de 1988. Mon frère Mohsen a été arrêté à 21 ans après une manifestation pacifique d’un demi-million de personnes à Téhéran le 20 juin 1981. Après des tortures mentales et physiques, il a été condamné à 15 ans de prison uniquement pour avoir manifesté. Mohsen purgeait sa peine à la prison d’Evine. Mais à nouveau, et sans raison apparente, ils ont rejugé Mohsen en août 1988. Le tribunal s’est réuni sur l’ordre de la “Commission de la mort”, dont faisait partie Ebrahim Raïssi, le meurtrier de masse qui est aujourd’hui le président du régime. Le procès n’a duré qu’une minute. Comme tous les autres prisonniers, il a dû répondre à une question : ” Êtes-vous un Moudjahidine ou un hypocrite ? ” Mohsen a courageusement souligné qu’il était un Moudjahidine. Comme 30.000 autres prisonniers de l’OMPI et prisonniers résistants, il a choisi de mourir sur la voie de la liberté. Il a été exécuté le 28 juillet 1988, avec d’autres prisonniers de l’OMPI.

“Malgré leurs efforts, les mollahs n’ont pas réussi à dissimuler ce crime contre l’humanité. Maintenant, le monde entier est au courant. Nous, les familles des victimes du massacre de 1988, avons juré de ne pas oublier et de ne pas pardonner ce crime. Nous ne relâcherons pas nos efforts tant que les auteurs de ce crime odieux ne seront pas traduits en justice.”

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