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lundi 28 mars 2022

Désobéissance civile : Narges Mohammadi refuse d’aller en prison

 CSDHI – Narges Mohammadi, défenseuse des droits humains de longue date et ancienne prisonnière d’opinion, refuse pacifiquement de se présenter à la prison de Téhéran pour y purger une peine de huit ans, prononcée à son encontre à l’issue d’un procès qui a duré cinq minutes.

Elle a annoncé la nouvelle en utilisant le hashtag en farsi « نافرمانی_مدنی# », qui signifie désobéissance civile.

« Je n’accepte pas les verdicts contre moi, et à ce jour, j’en suis au sixième jour d’absence et de rébellion contre le retour en prison », a écrit Mohammadi sur Instagram le 18 mars 2022.

« Je désobéirai à l’ordre du procureur de retourner en prison tant que ma rébellion et ma désobéissance n’entraîneront pas la confiscation des biens de mon garant », a déclaré Mohammadi, qui est resté chez lui au moment de la rédaction de cet article, le 23 mars.

Le « garant » de Mohammadi avait précédemment déposé une caution de 500 millions de tomans (environ 120 000 dollars) pour garantir sa libération de prison.

Le journaliste indépendant Hossein Razzagh a tweeté qu’il avait également refusé de se présenter à la prison.

« Il y a deux jours, j’ai reçu un mandat d’exécution de l’une des peines prononcées contre moi, me donnant cinq jours pour me présenter à la prison », a-t-il écrit le 17 mars. « Mais il ne faut pas obéir aux ordres d’un pouvoir judiciaire qui est le bras de l’oppression, et dont la seule mission est l’injustice. Je ne me rendrai nulle part… »

Razzagh est condamné à deux peines de six mois chacune par le tribunal révolutionnaire, l’une à Téhéran et l’autre à Amol, une ville du nord de l’Iran, pour ses commentaires écrits sur les affaires politiques, notamment son boycott des élections présidentielles de l’année dernière. Les peines ont été confirmées en appel.

La campagne de protestation politique pacifique a vu le jour dans le contexte du mouvement plus large « Seeking-Justice », qui comprend d’anciens prisonniers politiques, des parents de prisonniers politiques exécutés dans les années 1980, un groupe de mères dont les enfants ont été exécutés ou tués par les forces de sécurité du régime, et des parents de certains des 176 passagers tués à bord de l’avion ukrainien abattu dans l’espace aérien iranien par les pasdarans.

« La condamnation de militants politiques, civils et syndicaux par des tribunaux non indépendants n’a pas pour but la justice, mais la répression et l’intimidation de la société », a écrit Mme Mohammadi sur Instagram.

« Nous, le peuple, nous devons nous opposer à cela non seulement pour réaliser le droit mais aussi pour remplir notre devoir et montrer notre autorité face au gouvernement illégitime », a-t-elle ajouté.

Comme d’autres militants de premier plan, Mme Mohammadi a été emprisonnée à plusieurs reprises en Iran.  Elle a en fait passé la majeure partie des 13 dernières années (de 2009 à 2013 et de 2015 à 2020) derrière les barreaux pour avoir défendu pacifiquement les droits.

Les autorités ont utilisé des tactiques similaires contre d’autres défenseurs des droits humains, par exemple l’avocate Nasrin Sotoudeh, les activistes Atena Daemi et Golrokh Iraee Ebrahimi, et le défenseur des droits des enseignants Esmail Abdi, pour n’en citer que quelques-uns, en prononçant sans cesse de nouvelles condamnations pour les maintenir derrière les barreaux.

Mme Mohammadi s’est avérée être une épine particulière dans le pied des autorités, refusant de se taire, que ce soit en prison ou pendant ses brèves périodes de liberté entre deux condamnations.

Elle a déjà purgé une peine de 30 mois à la prison de Gharchak après avoir organisé un sit-in dans le quartier des femmes de la prison d’Evine pour condamner le meurtre de centaines de manifestants par les forces de sécurité du régime lors des manifestations de novembre 2019, ainsi que l’exécution injuste du lutteur Navid Afkari.

Source : Centre pour les droits de l’homme en Iran

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