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dimanche 6 mars 2022

Sara Nouri : 400 à 500 féminicides par an en Iran

 CSDHI – Dans une conférence sur la situation des droits humains en Iran, en marge de l’ouverture du Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève, Sara Nouri, avocate au barreau de Paris, s’est exprimée sur le féminicide en Iran :

« Le Parlement européen a adopté le 17 février une résolution contre la peine de mort en Iran et a souligné notamment l’augmentation effrayante du nombre de crimes d’honneur.

La liste des jeunes femmes victimes de ces crimes de féminicide est longue :

– Romina Ashrafi, 14 ans, a été décapitée dans son sommeil par son propre père, avec une faucille, en mai 2020 ;

-Mona Heydari, adolescente de 17 ans, mère d’un petit garçon, fut décapitée par son mari au début de ce mois de février. Sur une vidéo insoutenable, on voit son cousin et mari, Sajjad, fier et sourire aux lèvres, parader dans une rue d’Ahvaz, avec la tête coupée de Mona dans une main, et un grand couteau dans l’autre…

Sajjad Heydari a été arrêté, mais jusqu’à présent aucune charge n’a été retenue contre lui pour le meurtre atroce de sa très jeune épouse. Les lois de la République islamique lui permettent de rester impuni ou, au pire, de purger une peine de 10 ans de prison seulement.

Au lieu de tirer les conséquences de cette carence pénale, certains responsables et notamment le procureur général de la République islamique considèrent Instagram et le cyberespace comme la source du meurtre de Mona Heydari et de « l’effondrement des familles » !

Sara Nouri, avocate au barreau de Paris

 Législation criminelle

Selon les rapports, chaque année, 400 à 500 femmes sont brutalement assassinées dans des crimes dits d’honneur. Les médias et les réseaux sociaux révèlent l’horreur de ces meurtres non pénalisés en République islamique d’Iran. Ce ne sont que des cas qui ont atteint la presse et, bien sûr, n’incluent pas les tentatives qui n’ont pas conduit à la mort.Loin d’être liées aux traditions iraniennes, ces tragédies sont les conséquences d’une misogynie institutionnalisée depuis plus de quatre décennies et d’un système politique qui encouragent l’autorité prépondérante des hommes.

Selon cette législation farouchement misogyne et une culture antiféministe dominante, la femme n’est pas un être humain indépendant, mais l' »honneur » de l’homme, autrement dit son appropriation de la femme. Des qualifications persanes telles que « namous » et   « gheirat », dont la traduction simple fait référence à l’  « honneur » de l’homme, sont très souvent utilisées dans les slogans des organes chargés de veiller sur la chasteté des femmes ou sur les grandes affiches suspendues dans les villes iraniennes, signées par les gardiens de la révolution, qui qualifient « l’homme dont l’épouse sort maquillée de la maison« comme étant un homme dont l’honneur est entaché.

Mariages d’enfants

La pratique généralisée du mariage des enfants signifie que davantage de jeunes filles seront assassinées. Ces adolescentes sont en général victimes des mariages précoces/forcés et exposées aux violences.

Le Rapporteur Spécial Javaid Rehman dans son rapport du 13 janvier 2022 sur la situation des droits de l’homme en République islamique, juge « ce constat d’autant plus préoccupant que, dans les zones défavorisées, l’aggravation de la pauvreté incite les familles à se chercher de nouvelles sources de revenus« .  Les chiffres officiels font état de plus de 31 000 mariages de filles âgées de 10 à 14 en 2021, d’une augmentation de 6 % des mariages de filles âgées de 15 à 19 ans, par rapport à 2020 et plus de 66 000 nouveau-nés issus de ces mariages.

Afin de camoufler son visage misogyne devant la communauté internationale et de tromper l’opinion publique et les activistes des droits des femmes, le régime des mollahs fait parfois un tapage médiatique sous couvert d’aborder la question des femmes. « Le projet de loi sur la protection, la dignité et la sécurité des femmes » fait toujours l’objet de controverses depuis onze ans, mais n’a jamais été approuvé ni mis en œuvre.

L’amère réalité du système politique en place en Iran est que sa misogynie, dans sa forme la plus brutale, envers plus de 40 millions d’Iraniennes est une hostilité connue et commune à toutes les factions affiliées au régime clérical.

Le Conseil des gardiens de la constitution a ratifié en novembre 2021, une loi, initiée et ordonnée par le guide suprême Ali Khamenei qui vise à augmenter la croissance démographique. Elle impose une interdiction stricte d’avortement et de stérilisation volontaire et rend difficile l’accès aux moyens de contraceptions modernes. Des mesures incitatives directes et indirectes proposées en même temps vont davantage encourager les mariages précoces.

Dans un Iran où la pauvreté fait des ravages et la prostitution est de plus en plus répandue, l’âge minimum légal du mariage reste fixé à 13 ans pour les filles, mais les fillettes plus jeunes peuvent également être mariées avec le consentement du père et l’autorisation d’un tribunal compétent ; ceci en violation flagrante du droit international. Il faut s’attendre donc à plus d’ « enfant épouse », « enfant mère » et « enfant divorcée ».

La sécurité, la dignité et l’égalité des femmes et des filles iraniennes, ainsi que la liberté et la justice sociale ne pourront pas être garanties en Iran tant que la théocratie antiféministe des mollahs est au pouvoir.

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