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dimanche 22 mai 2022

La responsabilité morale de la communauté internationale devant la coupure de l’Internet en Iran

 Alors que les pays du monde entier se précipitent vers des services Internet plus rapides, la théocratie au pouvoir en Iran tente désespérément de contrôler les médias sociaux et impose des pannes d’Internet.

Ces derniers jours, plus d’une douzaine de villes iraniennes ont été témoins de manifestations en raison de la flambée des prix. Comme les gens sont conscients du rôle du régime dans la création et l’aggravation de leurs difficultés économiques, ils ont rapidement scandé des slogans contre des responsables, Ali Khamenei et son président Ebrahim Raïssi.

Ces protestations ont éclaté peu de temps après que le gouvernement de Raïssi a éliminé le taux de change préférentiel, qui était utilisé pour importer des produits essentiels tels que la farine, le blé et les médicaments à un prix inférieur. Raïssi a fait grand cas de la lutte contre la corruption générée par le taux préférentiel, mais en fait, son gouvernement gagnerait environ 8 milliards de dollars aux dépens du peuple.

Lorsque la population est descendue dans la rue pour réclamer ses droits, Khamenei et Raïssi ont réagi violemment. Des vidéos d’Iran montrent des forces de sécurité brutalisant des manifestants non armés, et au moins six personnes ont été tuées jusqu’à présent.

Alors que les manifestations se répandaient dans tout le pays, le régime iranien a imposé une panne d’Internet pour étouffer la diffusion d’informations sur les manifestations à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran.

Netblocks, qui surveille la connectivité réseau à travers le monde, a enregistré une interruption d’Internet en Iran.

Alors que des militants iraniens parlaient de perturbations d’Internet, confirmé par Netblocks et Amnesty International, le ministre de la communication de Raïssi s’est précipité pour démentir l’indéniable.

« Je nie avec véhémence que nous ayons réduit la bande passante du pays ; la vitesse d’Internet est basée sur le volume de données. Il existe maintenant des autorités dans le monde qui mesurent la vitesse d’Internet. Hier, il a été annoncé que le rang de l’Iran avait même augmenté et avait atteint le 73e rang », a déclaré Aftabnews, citant Isa Zarepour le 17 mai.

Des images récentes de la violente répression du régime ainsi que des reportages de sources indépendantes telles que Netblock ont démystifié les remarques effrontées de Zarepour.

Le régime a une politique restrictive pour contrôler Internet et les médias sociaux. Khamenei a longtemps demandé et insisté sur le «contrôle d’Internet», et son parlement a récemment ratifié un «projet de loi sur le plan de protection d’Internet».

Dans son discours du 20 juillet 2021, il a exprimé sa peur absolue des médias sociaux, décrivant la nécessité de les contrôler comme la « tâche la plus importante » de son régime. Il a ajouté que les responsables devraient y prêter attention en tant que « problème clé ».

La Résistance iranienne avait précédemment publié un rapport exclusif sur le projet de loi pour la protection de l’internet, qui souligne que le régime entend « perturber l’accès des citoyens aux services internationaux, principalement les médias sociaux, et permettre à l’appareil de sécurité du régime de contrôler les passerelles internet afin d’intensifier la répression des contestation. »

En plus de craindre la publication de leurs crimes en ligne, les mollahs ont très peur de l’influence croissante de l’opposition iranienne en Iran. De nombreux responsables du régime ont reconnu que des jeunes rejoignent le principal groupe d’opposition iranien, l’OMPI (MEK).

« Les gens passent des heures sur les réseaux sociaux. Depuis que nous avons perdu le contrôle du cyberespace, l’ennemi a pris le dessus pour concevoir et mettre en œuvre ses plans pour influencer la jeunesse », a reconnu le 12 mai le quotidien officiel Kayhan, porte-parole de Khamenei.

« Nous devons être vigilants sur les activités du MEK. Ils essaient de déclencher des émeutes en utilisant les réseaux sociaux. Ils continuent de parler de la pénurie alimentaire sur les réseaux sociaux », a déclaré Ahmadreza Shahrokhi, le représentant de Khamenei à Khoramabad, dans le nord-ouest de l’Iran, lors du sermon de la prière du vendredi 13 mai.

Ironiquement, même si le régime continue sa rhétorique sur l’ennemi en utilisant les médias sociaux et a fait un bond en avant pour interdire Internet, il dispose de l’une des plus grandes cyber-armées au monde pour générer des fakes news et identifier et arrêter les opposants.

Un rapport exhaustif par la Résistance iranienne, daté du 1er avril, a jeté un regard sur la présence dangereuse du régime sur le net.

« Outre quelques dizaines d’organisations militaires et de sécurité spécialisées dans la terreur de la société iranienne et du monde, le régime clérical est connu pour avoir un vaste reseau de renseignement et de contre-espionnage pour surveiller, manipuler et dominer le cyberespace », indique le rapport.

« Ce réseau réalise principalement deux types d’opérations. Le plus notoire est une force du cyberespace qui est responsable du piratage et d’autres types d’agressions en ligne. Une autre force, moins connue et moins technique, dont le suivi et l’identification ont été moins bien documentés, n’a pas moins servi Téhéran », ajoute le rapport.

Alors que le régime iranien est terrifié par le cyberespace et son rôle lors des manifestations, la véritable crainte des mollahs concerne l’impact de l’opposition iranienne sur la société en utilisant les médias sociaux et le rôle d’Internet dans la fissuration du mur de désinformation et d’oppression du régime.

Les médias sociaux et Internet ont en effet joué un rôle essentiel dans tous les conflits de notre époque. Le monde s’est mobilisé pour aider le peuple ukrainien, comme il l’a fait lors du soulèvement de novembre 2019 en Iran.

Ainsi, la communauté mondiale a la responsabilité morale d’aider les Iraniens qui aspirent à la liberté et à la démocratie. Elle devrait empêcher le régime de répandre la désinformation en utilisant un soi-disant « Internet national » ou en poursuivant ses violations des droits de l’homme et avoir les rênes libres pour bloquer l’accès des Iraniens à Internet et aux médias sociaux.

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