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samedi 14 mai 2022

Le prix du pain augmente, provoquant des remous au sein du régime iranien

 On récolte ce que l’on sème, et le gouvernement d’Ebrahim Raïssi doit maintenant assumer les conséquences de ses jeux avec les taux de change. Alors que les prix des denrées alimentaires de base montent en flèche en Iran, les responsables du régime mettent en garde contre les réactions de la population et la menace d’un soulèvement.

Le 5 mai, les prix du pain et des pâtes, deux produits alimentaires que la population iranienne pouvait encore se permettre d’acheter, ont soudainement explosé. De nombreux économistes et responsables du régime attribuent cette hausse à la suppression du « taux préférentiel » utilisé pour l’importation de céréales.

Selon le journal officiel Bahar du 5 mai, le prix du riz a « augmenté de 130 % au cours des huit derniers mois« .

Des personnes de tous horizons ont appelé à des manifestations, et au Khouzistan, les habitants sont descendus dans la rue. Le débit d’Internet au Khouzistan est totalement réduit, et les forces de sécurité sont en alerte. La situation actuelle a suscité beaucoup d’émoi parmi les responsables du régime.

« La montée en flèche des prix a écrasé le peuple. Le gouvernement avait promis d’aider les Iraniens en leur donnant des coupons, mais il a échoué. La situation actuelle a intensifié le mécontentement populmaire. Je crains que ce retard ne provoque des protestations du peuple », a déclaré Mostafa Mirsalim, l’un des membres du Majlis (Parlement des mollahs), le 6 mai, cité par le site internet officiel Entekhab.

« Le plan du gouvernement pour aider le peuple en termes de distribution de coupons et de subventions leur permettrait d’avoir un septième de pain« , a déclaré le 6 mai le site officiel Tabnak, citant le membre du Majlis Ehsan Arkani.

« Nous avons 9 millions de familles qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Nous ne pouvons pas résoudre les difficultés économiques des gens en mettant les mains plus profondément dans leurs poches. Nous n’éradiquerions pas la pauvreté de cette manière. Nous ne ferions que l’accroître« , a déclaré le député Mohammad Asafri, cité par le site Internet officiel Entekhab le 6 mai.

« Les prix s’envolent, et si cette tendance se poursuit, la capitale nationale [la sécurité du régime] sera perdue« , a déclaré Solat Mortazavi, vice-président exécutif de Raïssi, le 5 mai, cité par l’agence de presse officielle IRNA.

Après des mois de volte-face, le gouvernement de Raïssi et le Majlis, trié sur le volet par le régime, ont approuvé l’élimination du « taux préférentiel« , c’est-à-dire le taux officiel de 42 000 rials pour un dollar. Le gouvernement d’Hassan Rouhani avait introduit le taux préférentiel en 2016 dans le but de contrôler le marché fluctuant et d’empêcher en quelque sorte les protestations de la population alors que les prix des biens de consommation de base s’envolaient.

Le taux de change officiel était alloué à l’importation de biens essentiels tels que les céréales et les médicaments. La corruption institutionnalisée du régime a fini par tripler les prix, mais la suppression du taux préférentiel a quadruplé le coût des besoins essentiels de la population.

« La raison de la flambée des prix actuelle, sans précédent, est la suppression du taux préférentiel par le gouvernement et le Majlis. Le gouvernement gagnerait 50 000 trillions de rials en supprimant le taux de change officiel de 42 000 rials par dollar. C’est la richesse du peuple« , a reconnu Heshmatollah Falahatpished, un ancien haut député, le 7 mai sur Twitter. Il convient de souligner que Falahatpishe était l’envoyé du régime en Syrie en 2015 et a reconnu plus tard qu’ils avaient donné 30 milliards de dollars à la dictature de Bachar-el Assad soutenue par l’Iran.

« Si le gouvernement a réduit l’inflation et fixé le taux de la monnaie, pourquoi les prix s’envolent-ils ? C’est un problème interne. La mafia a ses racines dans le gouvernement« , a déclaré Ahmad Alam-ol Hoda, beau-père de Raïssi et représentant du Guide Suprême dans la province de Khorasan. « Ces prix qui montent en flèche mettent en danger la vie des Iraniens et notre [sécurité] », a déclaré ce fervent partisan de Raïssi, cité par le site officiel Aftabnews le 6 mai.

« Si une nation passe de la liberté et de la prospérité à la pauvreté et à la misère, c’est, en effet, dû à la mauvaise gouvernance et à l’ineptie du système en place. Comment osons-nous appeler la pauvreté des gens ‘la volonté de Dieu’ ? » Mehdi Nasiri, qui entretient des liens étroits avec le gouvernement de Raïssi, a exprimé son inquiétude face aux récents propos de certains responsables du régime attribuant les problèmes à la volonté de Dieu. « Si nous continuons à blâmer Dieu, nous en verrons les conséquences ! » a-t-il ajouté, selon le journal officiel Aftabnews du 6 mai.

Aujourd’hui, alors que les prix s’envolent, de plus en plus de responsables mettent en garde contre le soulèvement du peuple, qu’ils ne peuvent ignorer.
« La hausse vertigineuse du prix du pain, qui est la principale nourriture des gens, les obligerait à se battre pour exister, ce qui est dangereux. Le président devrait agir avant qu’il ne soit trop tard« , a averti le député Ahmad Naderi le 6 mai, cité par Aftabnews.

« Monsieur le Président, si nous ne parvenons pas à gérer l’économie et l’inflation, il n’y aura pas de révolution ; nous devrions nous attendre à une révolte. La révolte du peuple affamé est plus dangereuse que la révolution. Réfléchissons à une solution avant qu’il ne soit trop tard« , a prévenu le mollah Fazel Meibodi le 6 mai, cité par le quotidien officiel Khqbaronline.

Mais Raïssi sera-t-il capable d’empêcher un soulèvement ?

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