Pages

jeudi 25 août 2022

Empêchez le président iranien d’assister à l’Assemblée générale des Nations unies afin de mettre un terme à l’impunité

 L’Assemblée générale des Nations unies doit entamer sa 77e session le 13 septembre. Plusieurs dirigeants du monde s’adresseront à l’instance internationale les jours suivants.

Pour l’instant, il semble que le président iranien, Ebrahim Raïssi, ait l’intention d’assister à l’AG de l’ONU et que les États-Unis soient prêts à lui accorder un visa lui permettant de se rendre à New York. Ces deux attentes sont malheureuses dans la mesure où elles démontrent la volonté des États-Unis de fermer les yeux sur les terribles violations des
Droits de l’Homme et les menaces terroristes tout en montrant que Téhéran en est conscient.

Raïssi a ostensiblement eu l’occasion d’assister à l’Assemblée générale de l’année dernière, un mois après son investiture. Il a toutefois préféré envoyer un message vidéo, et certains observateurs ont interprété cette décision comme un signe d’inquiétude quant aux conséquences possibles d’un voyage aux États-Unis ou dans d’autres pays occidentaux. Cette décision est intervenue alors que l’ancien responsable des prisons iraniennes Hamid Noury faisait l’objet de poursuites pour crimes de guerre et meurtres de masse après avoir été arrêté en Suède en 2019. Cette arrestation a été rendue possible par le principe de « compétence universelle », qui permet à pratiquement n’importe quel pays de poursuivre les citoyens d’un autre pays s’il existe des preuves qu’ils ont commis des violations graves du droit international.

Dans le cas de Noury, les violations en question sont liées à sa participation à un massacre de prisonniers politiques iraniens au cours de l’été 1988. Ce massacre a été déclenché par une fatwa du Guide Suprême de l’époque, Ruhollah Khomeini, qui déclarait que les partisans du principal groupe d’opposition pro-démocratique du pays étaient des ennemis de Dieu, méritant d’être exécutés en raison de leurs seules convictions. La fatwa a été largement appliquée par des « commissions de la mort » réunies dans tout le pays, y compris à Téhéran, dont Ebrahim Raïssi était l’un des quatre membres.

À ce titre, Ebrahim Raïssi a manifestement assumé la plus grande part de responsabilité dans le massacre, dont le nombre de victimes a été estimé à environ 30 000. Ce rôle a été mis en évidence par une grande partie des témoignages de survivants et de témoins oculaires lors du procès de Noury, qui a conduit le tribunal de district de Stockholm à prononcer une peine de prison à vie cette année. Cette condamnation aurait dû renforcer les préoccupations préexistantes de Raïssi quant aux conséquences des voyages à l’étranger, mais sa participation éventuelle à l’Assemblée générale des Nations unies laisse penser que ces préoccupations se sont dissipées au lieu de s’amplifier.

Plusieurs facteurs contribuent à cette tendance, dont le moindre n’est pas le silence du gouvernement américain sur les crimes et abus passés de Raïssi, accompagné de son empressement apparent à l’accueillir dans le pays sans restriction ni condition préalable. L’octroi du visa requis ne fera que donner à Raïssi et aux autres responsables iraniens des raisons de croire qu’ils sont libres de voyager dans le monde entier. Après tout, si ses dirigeants peuvent s’attendre à un traitement amical de la part du pays qu’ils considèrent comme le « Grand Satan », pourquoi s’attendraient-ils à moins de la part des pays qu’ils considèrent comme des adversaires de moindre importance ?

Certains de ces pays ont déjà fait part de leur volonté d’ignorer non seulement les activités malveillantes historiques de Téhéran, mais aussi celles qui ont été visibles ces dernières années et qui le sont encore aujourd’hui. Nombre d’entre elles reflètent la même volonté de répression de la dissidence intérieure que celle affichée lors du massacre de 1988.
Mais beaucoup d’autres reflètent le penchant du régime pour une politique étrangère belliqueuse et le recours au terrorisme comme forme d’action politique.

Le mois dernier, le Parlement belge a approuvé un traité négocié secrètement entre Bruxelles et Téhéran. Ce traité est indubitablement destiné à faciliter la libération d’un terroriste diplomate du régime des mollahs nommé Assadollah Assadi, dont l’arrestation en 2018 a fait l’objet d’une indignation performative de la part des responsables iraniens depuis lors.

Assadi a été arrêté en Allemagne alors qu’il tentait de retourner à son poste diplomatique en Autriche, où il aurait ostensiblement été protégé par l’immunité diplomatique. Pendant plus de quatre ans, Téhéran a insisté sur le fait que cette protection aurait dû être étendue à tous les déplacements d’Assadi, même s’il avait été identifié comme le cerveau d’un complot visant à faire exploser un rassemblement de dizaines de milliers d’expatriés iraniens, que le Conseil national de la Résistance iranienne avait organisé près de Paris.

Assadi a finalement été condamné à 20 ans de prison pour conspiration en vue de commettre des actes terroristes et des meurtres de masse, mais le traité nouvellement ratifié prévoit la possibilité qu’il soit libéré après seulement quatre ans. Cette situation est d’autant plus inadmissible que l’enquête menée par les autorités belges sur le complot a permis d’établir qu’Assadi avait spécifiquement agi sur ordre des plus hauts responsables du régime iranien.

Cette révélation aurait dû susciter des demandes de responsabilisation à un niveau plus élevé pour ce qui aurait pu être la pire attaque terroriste sur le sol européen à ce jour. Ces demandes auraient dû trouver un écho dans le monde entier, y compris aux États-Unis. Mais comme elles ne l’ont pas été, le régime a été enhardi dans ses activités terroristes, qui ont connu une recrudescence au cours des dernières années, en particulier depuis l’arrivée au pouvoir d’Ebrahim Raïssi en août 2021.

En juillet, il a été signalé que les autorités albanaises ont effectué une descente dans un réseau d’espions et d’agents terroristes ciblant le principal groupe constitutif du CNRI, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI), qui a un siège dans le pays. En août, le Département américain de la Justice a levé les scellés sur les poursuites engagées contre un agent iranien toujours en fuite, suite aux efforts prolongés déployés pour faciliter l’exécution de l’ancien conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton.

Quelques jours plus tard, l’auteur Salman Rushdie a été attaqué sur scène lors d’un événement littéraire dans l’ouest de l’État de New York par un jeune homme qui avait fait l’éloge du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran (pasdaran). Cet incident, survenu au moment où Téhéran examinait le « texte final » d’un accord visant à rétablir l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, démontre une fois de plus que la menace du terrorisme soutenu par l’Iran ne connaît pas de frontières et n’est pas limitée par des considérations politiques, sauf si ces contraintes lui sont clairement imposées.

L’Assemblée générale des Nations unies représente une opportunité vitale d’imposer ces contraintes et de contrer le message envoyé par des gestes conciliants comme le traité de la Beligique pour le « transfert des personnes condamnées ». Raïssi ne doit pas être autorisé à assister à cette réunion, surtout s’il n’est pas contraint d’aborder sa propre histoire de violations des droits humains et son soutien aux actes terroristes du régime. Tous les autres responsables et agents iraniens doivent alors reconnaître que son isolement est le signe qu’aucun d’entre eux ne jouira plus jamais de l’impunité dans ces domaines.

Source: CNRI 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire