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lundi 28 novembre 2022

Le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies vote en faveur d’une enquête sur la répression meurtrière de la révolte par le régime iranien

 Le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies a décidé jeudi, avec une marge confortable inattendue, de créer une nouvelle mission d’enquête sur la répression par l’Iran des manifestations de masse qui secouent le pays depuis septembre.

La motion a été adoptée par 25 voix pour, six contre et 16 abstentions. Les militants présents lors de la session se sont levés et ont applaudi après la lecture du résultat par le président du Conseil, et certains diplomates se sont joints à eux pour applaudir avec enthousiasme.

Lors du discours d’ouverture, le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, Volker Turk, a fait le point sur ce qui s’est passé depuis que la manifestation de la mi-septembre s’est transformée en un soulèvement national contre le régime.

La 35e session extraordinaire du Conseil des Droits de l’Homme s’est tenue à la suite d’une demande officielle soumise le 11 novembre par l’Allemagne et l’Islande, ainsi que du soutien de plus de 40 autres États.

Le haut-commissaire des Nations unies aux Droits de l’Homme a critiqué le meurtre de manifestants et l’absence d’obligation de rendre des comptes pour les auteurs d’atrocités commises contre le peuple dans le cadre de la répression de la dissidence. Il a également exprimé ses préoccupations quant à l’usage « inutile et disproportionné » de la force contre les manifestants et au nombre élevé d’arrestations ainsi qu’aux condamnations à mort prononcées à l’encontre des manifestants. « Les forces de sécurité (…) ont utilisé des balles réelles, des plombs de chasse et autres boulettes métalliques, des gaz lacrymogènes et des matraques », a-t-il déclaré.

La représentante du régime iranien à la réunion de Genève, Khadijeh Karimi, avait auparavant lancé l’accusation habituelle selon laquelle les États occidentaux utilisent le Conseil des Droits de l’Homme pour cibler l’Iran. Les militants des Droits de l’Homme ont affirmé le contraire et ont fourni des preuves du meurtre par le régime de centaines de manifestants innocents et non armés, dont des dizaines d’adolescents et de mineurs, ainsi que de la détention et de la torture de milliers de personnes.

Il y a deux mois, le dernier soulèvement n’est pas né de protestations économiques, mais plutôt des funérailles d’une Kurde de 22 ans tuée par la « police des mœurs » de Téhéran. Mahsa Amini est tombée dans le coma le 13 septembre et est décédée peu après avoir été emmenée en rééducation parce qu’elle était « mal-voilée« . En réponse à cet incident, des manifestations ont commencé, et elles se sont depuis étendues à au moins 243 villes. Les forces du régime auraient tué 625 personnes et en auraient détenu plus de 30 000, selon des sources de l’opposition iranienne, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI).

Depuis le début du soulèvement, le Guide Suprême du régime, Ali Khamenei, a ordonné aux forces militaires et de sécurité de procéder à d’horribles massacres. Il a maintenant envoyé des hélicoptères, des véhicules blindés et des armes lourdes au Kurdistan iranien pour mettre fin aux protestations persistantes des citoyens.

Le 21 novembre, dans les villes de Javanrud et Piranshahr, les pasdaran et d’autres forces de sécurité ont ouvert le feu sur des civils sans défense avec de puissantes mitrailleuses de gros calibre, faisant des dizaines de morts et de nombreux blessés. Les pasdaran auraient utilisé un agent neurotoxique dans la région, provoquant des vomissements, des éruptions cutanées et une forte toux, selon les premiers rapports des médias kurdes.

Selon un rapport d’Amnesty International daté du 30 septembre, la plus haute instance militaire iranienne a ordonné aux commandants des forces armées de toutes les provinces de « confronter sévèrement » les manifestants qui sont descendus dans la rue. « L’organisation possède des preuves de l’utilisation illégale et généralisée de la force meurtrière et des armes par les forces de sécurité iraniennes qui avaient l’intention de tuer les manifestants ou auraient dû savoir avec un degré élevé de certitude que leur utilisation des armes entraînerait des décès.  »

En outre, le Haut Commissaire aux Droits de l’Domme de l’ONU, Volker Türk, a déclaré que « le nombre croissant de décès dus aux manifestations en Iran, y compris ceux de deux enfants ce week-end, et le durcissement de la réponse des forces de sécurité, soulignent la situation critique dans le pays. »

Depuis le début des manifestations, au moins 57 enfants ont été tués. Le 17 novembre, le personnel de sécurité a tué Kian Pirfalak, âgé de 10 ans. Il rentrait chez lui avec sa famille lorsque les forces de sécurité ont commencé à tirer sur leur véhicule. Nika Shahkarami, Sarina Ismailzadeh, Siavosh Mahmoudi et de nombreux autres mineurs ont également été victimes de la répression meurtrière du régime.

« L’UNICEF reste profondément préoccupé par les informations faisant état d’enfants tués, blessés et détenus. Malgré l’absence de données officielles, depuis la fin septembre, on estime que 50 enfants ont perdu la vie dans les troubles publics en Iran… C’est terrifiant et cela doit cesser », a déclaré l’agence des Nations unies pour l’enfance dans un communiqué samedi.

Le 16 novembre, une résolution dénonçant les violations des Droits de l’Homme en Iran a été approuvée à l’unanimité par la troisième commission de l’Assemblée générale des Nations unies. Il s’agit de la 69e résolution des Nations unies dénonçant les violations odieuses et répétées des Droits de l’Homme en Iran.

Maryam Radjavi, présidente élue de l’opposition iranienne et membre du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), s’est félicitée de l’adoption de la résolution et a déclaré que « si la résolution ne reflète qu’une petite partie des crimes du régime cruel au pouvoir en Iran, elle ne fait que refléter la réalité de la situation ».

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