Maryam Radjavi : Le soulèvement trouve ses racines dans le désir de liberté, de justice et de libération des femmes de la société iranienne
Honorables membres du Parlement britannique,
C’est un plaisir d’échanger avec vous et je vous remercie de votre aimable présentation.
Nous tenons cette conversation alors que le grand soulèvement national du peuple iranien pour renverser le fascisme religieux a atteint son 70e jour.
Aujourd’hui, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies tient sa session spéciale sur la détérioration de la situation des droits humains en Iran. Il est nécessaire de former une mission d’enquête sur la répression brutale des manifestations et de demander des comptes aux responsables de ces crimes.
Au cours de ces deux mois, le soulèvement iranien a clarifié ses caractéristiques, son objectif et le modèle qu’il recherche pour l’avenir du pays après le renversement des mollahs.
Les caractéristiques du soulèvement
Tout d’abord, je soulignerai les caractéristiques du soulèvement. Les protestations trouvent leurs racines dans le désir de liberté, de justice et de libération des femmes de la société iranienne. Elles reposent sur la détermination du peuple iranien à renverser le régime des mollahs et ne sont influencées par aucune puissance étrangère. Le régime a fait tous ses efforts pour arrêter le soulèvement. Mais il n’a pas réussi jusqu’à présent à atteindre son objectif en raison de deux facteurs : premièrement, les conditions explosives dans la société, et deuxièmement, le rôle des unités de résistance et du réseau de l’OMPI en Iran dans l’organisation des soulèvements.
Les responsables du régime ont reconnu ce fait à plusieurs reprises. Récemment, l’adjoint du représentant de Khamenei au sein des pasdarans a déclaré : « 50 des meneurs identifiés » du soulèvement sont issus de l’OMPI. Le commandant des forces de sécurité de l’État et certains responsables de la prière du vendredi ont souligné à plusieurs reprises le rôle des membres de l’OMPI en tant que meneurs du soulèvement.
Dans une interview à une radio américaine, le ministre des Affaires étrangères du régime a affirmé que les gouvernements occidentaux avaient envoyé des membres de l’OMPI en Iran pour former les soulèvements. Et le commandant des pasdarans a accusé les jeunes manifestants en leur demandant s’ils voulaient prendre le pouvoir avec l’OMPI.
L’alternative que désire le peuple
L’autre point que je dois expliquer est l’alternative. Notre peuple veut renverser l’ensemble du régime. Par conséquent, il cherche à détruire les Gardiens de la Révolution (pasdarans), qui sont la colonne vertébrale du régime et sa principale force chargée de tuer la population. Dans son soulèvement et ses slogans, le peuple iranien a exprimé l’alternative qu’il souhaite. Cette alternative présente les caractéristiques suivantes :
1 – Rejet de la tyrannie religieuse.
2 – Instauration d’une république démocratique et rejet du retour à la dictature du chah.
3 – Engagement en faveur de l’égalité des sexes et rejet du voile obligatoire et de toute forme de misogynie.
4 – Mise en avant de la séparation de la religion et de l’État. Croire ou ne pas croire en une religion ne doit pas entraîner de privilège ou de discrimination à l’encontre d’un citoyen ou d’une citoyenne. Sunnites et chiites sont frères et sœurs.
5 – Défendre les libertés et l’égalité des droits des minorités ethniques opprimées disposant d’une autonomie à l’intérieur des frontières de l’Iran.
6 – Les différentes parties de la société iranienne ont des croyances, des religions, des langues et des origines différentes. Mais aujourd’hui, elles sont unies dans la lutte pour renverser le régime et reconstruire l’Iran libre de demain. Comme vous pouvez le voir ici, la solidarité va de pair avec le pluralisme.
Telles sont les politiques centrales d’une alternative démocratique pour remplacer la dictature religieuse pour laquelle les manifestants payent un lourd tribut.
La politique du Royaume uni et de l’Occident
Honorables parlementaires,
En Iran, une révolution démocratique est en cours et le fascisme religieux est au début de la fin. La force déterminante en Iran est celle du peuple iranien et de ses soulèvements. Le régime au pouvoir a recouru à des arrestations et des meurtres généralisés. Mais il ne peut pas changer le cours du soulèvement. Si la répression intérieure ou le bellicisme à l’étranger, par l’utilisation de missiles et de drones, étaient efficaces, le soulèvement n’aurait pu ni commencer ni se poursuivre.
Les politiques internationales vis-à-vis de l’Iran ont toujours souffert d’un manque fondamental. La raison en est l’ignorance du rôle du peuple iranien et l’évaluation incorrecte des gouvernements occidentaux en raison de leurs intérêts économiques. Ce point de vue domine toujours la politique des gouvernements occidentaux. En conséquence, malgré la solidarité du peuple et des parlementaires occidentaux avec le soulèvement iranien, les gouvernements sont malheureusement prudents dans leur coopération avec le peuple iranien.
Notre peuple et nous-mêmes n’attendons ni ne voulons des gouvernements étrangers qu’ils interfèrent en Iran. Le renversement du régime relève du peuple iranien et de sa résistance.
Ce que nous demandons à la communauté internationale et aux défenseurs des droits humains et de la démocratie est de mettre fin une fois pour toute à la politique de complaisance dont la première victime est le peuple iranien. Ça suffit !
Pour terminer, permettez-moi de souligner deux exigences fondamentales. La première est que les gouvernements occidentaux acceptent la légitimité de la lutte du peuple iranien pour renverser le régime. Ils doivent reconnaître que le combat que livrent les jeunes contre le Corps des gardiens de la révolution est nécessaire, correct et juste. La seconde est de déclarer l’ensemble du ministère du Renseignement et la totalité du Corps des gardiens de la révolution comme une entité terroriste. Fermez les ambassades du régime et expulsez leurs agents. Ce régime ne représente pas le peuple iranien, n’a pas de légitimité et doit être expulsé de toutes les instances internationales.
Tout gouvernement sera du côté du peuple iranien lorsqu’il reconnaîtra le soulèvement pour le renversement du régime et qu’il rejettera la force de répression qu’est le Corps des gardiens de la révolution. Tant que les gouvernements occidentaux ne prendront pas ces deux mesures fondamentales, le régime utilisera cette situation pour avoir les mains libres pour massacrer la population. Le peuple et les manifestants iraniens demandent instamment aux deux chambres du Parlement britannique de lancer une initiative audacieuse pour encourager le gouvernement britannique à prendre ces deux mesures nécessaires.
J’apprécie vos efforts pour soutenir le soulèvement en Iran.
Je vous remercie.
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