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mercredi 14 décembre 2022

Le plan du régime iranien visant à intimider la société par des exécutions se retourne contre lui

 À la suite de l’assassinat par l’État de deux manifestants ces derniers jours, le militantisme contre la peine de mort s’est intensifié dans tout l’Iran

Le 8 décembre, la théocratie au pouvoir en Iran a pendu Mohsen Shekari, un manifestant arrêté, après des mois de torture. Quatre jours plus tard, Majidreza Rahnavard a été exécutée lundi à l’aube. Ces exécutions pourraient-elles aider le régime à contrôler la société rétive ?

Majidreza a été exécutée lundi matin, entourée d’un groupe de militants bassidjis, aux heures les plus sombres et à l’abri du public. Après des semaines d’appels à la « résolution » et à la « peine capitale » des « contrevenants » lancés par des députés et certains hauts responsables, le pouvoir judiciaire du régime a veillé à ce que cette cruelle entreprise fasse le tour des médias officiels.

Le Guide Suprême du régime, Ali Khamenei, a juré à plusieurs reprises que les jeunes rebelles, qu’il a qualifiés d' »émeutiers », seraient sévèrement traités. En exécutant Mohsen, Khamenei a choisi d’envoyer ce message à la société : exiger la liberté a un prix élevé. Mais la réaction du peuple iranien à l’exécution de Mohsen et Majid a fait tomber Khamenei au premier obstacle.

Quelques heures après son martyre, les Iraniens se sont rassemblés sur la tombe de Majid et ont juré de poursuivre leur lutte pour la liberté.

Du sud à l’est de l’Iran et du nord à l’ouest, des jeunes insurgé ont incendié les bases paramilitaires du Basij, les séminaires et les symboles du régime. Dans la rue Sattarkhan à Téhéran, où Mohsen a été arrêté, les manifestants ont bloqué la route et se sont heurtés aux forces de sécurité.

Ces manifestations et opérations contre le régime se sont poursuivies ces trois derniers jours, malgré les autorités qui ont montré les dents, menacé les manifestants et défié les jeunes. Vendredi, les manifestants de la province du Sistan-Baloutchistan sont descendus dans la rue et ont juré de poursuivre le chemin de Mohsen pour la démocratie et la liberté en scandant : « Nous jurons sur le sang de ceux qui ont été tués, nous [résisterons] jusqu’au bout ! » Ces manifestations ont démenti les efforts du régime pour diviser et conquérir le soulèvement national en présentant les minorités ethniques comme des séparatistes.

En outre, le meurtre d’État de Mohsen et Majid a suscité une condamnation mondiale. Les Iraniens du monde entier, principalement les partisans de l’opposition iranienne, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI), ont organisé des rassemblements de protestation depuis tôt le matin jusqu’aux heures les plus froides de la nuit, jurant également de « résister jusqu’au bout ».

Ces exécutions et la réaction de la société ont provoqué beaucoup de remous au sein du régime, augmentant ses luttes intestines. De nombreux mollahs et anciens responsables ont critiqué cette exécution, remettant en cause les accusations de « Moharebeh« , dont Mohsen était accusé. Puisqu’il n’avait pas tué les forces de sécurité et avait seulement bloqué la route, il n’aurait pas dû être exécuté, affirment certains. D’autres affirment que même si un agent de sécurité a été tué, l’État n’aurait pas dû utiliser les accusations de Moharebeh et aurait plutôt dû chercher « la voie de l’amnistie« .

« Même si un manifestant prend les armes et tue l’imam sacré, il n’est pas un Mohareb et l’État ne devrait pas le condamner à mort. Malgré son crime, nous devrions faire preuve de clémence et d’amnistie« , a déclaré Soroush Mahalati, un mollah affilié à l’État, au site Web Sarpoosh le 9 décembre.

D’autres responsables ont prévenu leurs pairs que ces exécutions ne briseraient pas la vague de dissidence qui se poursuit sans relâche en Iran.

« Si vous tenez à détenir le pouvoir, notez que vous ne pouvez pas le fortifier par des pendaisons. Si vous tenez à préserver le système, posez-vous la question suivante : pourquoi les gens manifestent-ils contre nous ? Qu’avons-nous fait pour que les jeunes ne quittent pas la rue après trois mois ? », a déclaré Fazel Meibodi, un autre enseignant du séminaire, le 11 décembre, selon le journal officiel Sarpoosh.

« Nous ne pouvons plus exécuter librement des individus », a déclaré le quotidien officiel Farhikhtegan, affilié à l’ancien ministre des Affaires étrangères et conseiller principal du Guide Kuprême Khamenei, Ali Akbar Velayati.

Il convient de souligner que ces exécutions ne montrent pas la force du régime. En novembre 2019, Khamenei a ordonné le massacre de manifestants non armés. En conséquence, plus de 1500 manifestants ont été abattus en trois jours, et Téhéran est arrivé à calmer la société temporairement.

Mais, suite au soulèvement de novembre 2019, et après des décennies de répression et de mauvaise gestion des ressources du pays, Khamenei savait que la société volatile de l’Iran était au bord de l’explosion, et qu’infliger plus de violence pourrait immédiatement se retourner contre lui.

Ainsi, lorsque le soulèvement national a débuté le 22 septembre, le régime clérical a commencé son oppression dite « intelligente ». Dans sa déclaration du 25 octobre, la Résistance iranienne a révélé un rapport classifié des Gardiens de la Révolution (pasdaran) à ce sujet.

« Arrestation ciblée des éléments efficaces de l’ennemi : Les individus qui sont restés sur le terrain au cours des 25 derniers jours représentent agissent comme le moteur des émeutiers. Par conséquent, arrêtez-les et neutralisez-les », peut-on lire dans la directive du commandant des pasdaran, Hossein Salami, adressée à tous les commandants des pasdaran, comme l’a révélé la Résistance iranienne.

Les récentes exécutions sont les efforts désespérés de Khamenei pour retarder la chute de son régime, alors que les protestations se sont transformées en révolution démocratique. Mais la réaction de la société a perturbé son plan.

Bien que les récentes exécutions aient été largement condamnées par la communauté internationale, ce soutien vocal n’a pas arrêté la folie meurtrière de Khamenei. Il n’arrêterait pas sa machine à tuer avec de belles paroles, des résolutions bien senties ou des condamnations verbales. Les dictateurs comme lui ne comprennent que le langage de la force.

Le moment est venu pour les démocraties occidentales de soutenir concrètement la révolution du peuple iranien en coupant tous les liens avec Téhéran, en fermant ses ambassades, en expulsant ses agents et en reconnaissant le droit du peuple iranien à l’autodéfense. Ces mesures rendront certainement l’appareil oppressif de Khamenei plus faible.

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