Maryam Radjavi : la révolution démocratique du peuple iranien vaincra
Chers amis du peuple iranien et de sa Résistance,
Chers compatriotes,
Votre rassemblement à l’occasion de l’anniversaire de la révolution antimonarchique de 1979 témoigne de la détermination et de la lutte passionnée du peuple courageux qui a choisi une solution révolutionnaire en se soulevant pour renverser la dictature des mollahs.
Si une révolution signifie s’insurger et se sacrifier, si une révolution signifie bouleverser les fondements du statu quo, et si une révolution signifie fermer toutes les voies de retour vers la réaction, la déviation, la tyrannie et la dépendance (c’est-à-dire l’opposition à l’indépendance), alors vous et votre peuple avez trouvé la clé de la victoire et de la liberté.
Votre rassemblement aujourd’hui a deux messages essentiels : il fait écho à la voix du peuple iranien disant que le soulèvement et la révolution se poursuivront jusqu’à ce que le régime soit renversé ; il est aussi l’expression de la volonté des Iraniens en exil loin de leur patrie.
Vous êtes venus pour dire que vous êtes prêts à soutenir le soulèvement et à fermer toutes les voies au régime réactionnaire et inhumain de tout votre cœur, de tout votre amour et de tous vos sentiments. Je vous en félicite.
La révolution de 1979 pour la liberté et la démocratie
Chers amis,
Nous sommes en février. Vous avez tous en mémoire la révolution de 1979, comment le peuple d’Iran a chassé le chah et renversé le régime monarchique.
La révolution de 1979 recherchait la liberté, la démocratie et l’indépendance et s’opposait à la dépendance et à l’asservissement. Elle visait une république souhaitée par tous les Iraniens qui étaient dans le camp du peuple et contre la monarchie.
La révolution voulait éliminer la répression, les prisons, la torture et la discrimination.
Elle recherchait la justice sociale et une vie confortable pour tous les secteurs, toutes les classes et toutes les minorités ethniques.
Massoud [Radjavi, le dirigeant de la Résistance iranienne] a été libéré au bout sept ans et demi de prison, dix jours seulement avant l’arrivée de Khomeiny en Iran. Dès le début, il a pris la parole pour appeler à une « révolution démocratique » et a souligné : « surtout ne parlez pas de révolution islamique ».
Dix jours après la chute du régime du chah, dans un discours à l’université de Téhéran, il a réitéré qu’ « au Kurdistan, au Baloutchistan ou ailleurs, n’agitez pas l’excuse du séparatisme. Les désirs du Kurdistan et du Baloutchistan ne sont pas différents de ceux de Téhéran et de l’Azerbaïdjan. Tous veulent la même chose, sauf que ces gens (Kurdes et Baloutches) ont été soumis à une double oppression en raison de leur langue et de leur appartenance ethnique. Quant à la manière d’administrer le pays et à la vie politique et économique, ils veulent la formation de conseils populaires. »
Il a conclu en disant : « La route qui nous attend est longue et sinueuse. »
Pourquoi ? Parce que les mollahs rétrogrades ont détourné la direction de la révolution. Une force réactionnaire n’a jamais pu dans le passé et ne pourra jamais dans le présent ni dans le futur diriger une révolution.
Khomeiny, le grand voleur du siècle
Le grand voleur du siècle, Khomeiny, est arrivé. Il était au sommet de sa popularité sociale et religieuse, ce qui rendait la situation très compliquée. C’était le seul exemple et un cas unique dans toute l’histoire de l’Iran où un individu détenait une légitimité religieuse et sociale en même temps qu’une légitimité politique résultant d’une révolution. C’est pourquoi tous les hommes politiques de l’époque, à l’exception de Massoud [Radjavi], lui embrassaient la main lorsqu’ils le rencontraient.
Le problème, c’est que pendant un demi-siècle de dictature, le chah et son père n’avaient laissé aucune place à qui que ce soit et à quoi que ce soit d’autre hormis le réseau des mollahs. Au point qu’un jour, le chah a dissous ses partis fantoches pour annoncer la création d’un parti unique, « Rastakhiz (résurrection) », et que tous ceux qui n’étaient pas d’accord devaient soit quitter l’Iran, soit aller en prison.
Le peuple iranien a sacrifié de nombreuses vies pour accueillir Khomeiny, mais celui-ci a érigé une dictature religieuse exclusive avec les éléments laissés par la dictature monarchique.
Encore une fois, c’est Massoud [Radjavi] qui, dans son tout premier discours, dix jours après l’arrivée de Khomeiny au pouvoir, a dit clairement qu’il pouvait sentir l’odeur de toutes sortes de restrictions à venir pour les forces qui avaient forgé la révolution et avaient combattu le chah dans le passé. Ceux-là mêmes qui n’étaient pas apparu brusquement sur le terrain pour accaparer les fruits de la révolution. Il a utilisé une allégorie tirée du Coran et, de la manière la plus expressive qui soit, il a dit que les forces ayant fait la révolution non seulement n’étaient pas proches de ce leadership (à savoir Khomeiny) mais en étaient très éloignées.
À l’époque, ces prises de position n’étaient pas bien accueillies d’un point de vue social, politique et religieux. Elles n’apportaient que pression, isolement et restrictions pour les Moudjahidine du peuple (OMPI/MEK). De même, en boycottant le référendum de Khomeiny sur le principe du guide suprême pour gouverner le pays, les Moudjahidine n’ont récolté que coups de matraque et coups de feu.
C’était indispensable pour préserver notre honneur et nous acquitter de notre devoir et de notre responsabilité historique ; sinon, il n’y aurait pas d’alternative démocratique décente aujourd’hui.
Une autre chose qui a été très douloureuse pour Khomeiny et les mollahs au cours du premier mois de leur régime, c’est que Massoud a dit à nos sœurs (qui portaient des foulards) d’aller protéger et soutenir les femmes qui s’opposaient au voile obligatoire imposé par Khomeiny. Des photos des femmes et des filles de l’OMPI protégeant la marche des femmes non voilées ont été publiées à l’époque.
Puis il y a eu la déclaration de l’OMPI le 12 mars 1979, annonçant avec les mots exacts que je prononce : « La révolution n’accepte aucun doute ni déni concernant la liberté complète juridique, politique et sociale des femmes » et « imposer de force toute forme de hijab aux femmes de ce pays (…) est aberrant et inacceptable ».
Mais ces déclarations sont tombées dans l’oreille d’un sourd et Khomeiny a enchaîné les femmes avec la misogynie, la coercition et la double oppression.
Il a versé le sang et réprimé, humilié et pillé le peuple iranien autant qu’il l’a pu. Il a imposé la pauvreté, les privations et la misère à la population, rendant tout le monde malheureux.
Cependant, le peuple iranien, ses enfants et ses véritables dirigeants n’ont pas perdu courage. Ils ont lancé une résistance immense et organisée, combattant le régime en payant un prix massif, sans équivalent dans l’histoire de l’Iran.
Une résistance qui a mené pendant plus de quatre décennies une guerre totale de libération contre ce régime et qui est le plus grand capital national et patriotique du peuple iranien pour le libérer des griffes de la tyrannie religieuse.
Six décennies de lutte contre deux dictatures
Et aujourd’hui, après avoir traversé des milliers d’épreuves, de machinations et de défis vertigineux, le peuple iranien est arrivé au soulèvement de 2022. Il laisse derrière lui une longue histoire de soulèvements, de massacres et de batailles. Il s’appuie sur 57 années de lutte continue contre les dictatures du chah et des mollahs depuis six décennies.
C’est l’histoire de combattants de la liberté qui, malgré de nombreux hauts et bas, sont déterminés à lutter pour se libérer de l’oppression, de la dictature et de la coercition et à apporter la liberté à l’Iran.
Et malgré toutes les inimitiés et les rejets, personne ne peut nier la vérité que la Résistance iranienne et l’OMPI sont les mieux organisées.
Des générations d’hommes et de femmes altruistes ont tout sacrifié pour la liberté de leur peuple et ont servi de modèles à la jeunesse courageuse d’Iran.
Aujourd’hui, le monde peut voir l’aube de la liberté en Iran, colorée par le sang de 120 000 hommes et femmes pleins de bravoure. Il voit l’ampleur des crimes et de la répression, et d’un autre côté, la témérité des manifestants et le prix qu’ils payent. C’est pourquoi il convient que le monde se tienne aux côtés de l’Iran et du peuple iranien en solidarité avec les manifestants et leur soulèvement.
Chers amis et compatriotes !
D’innombrables forces sont venues sur le terrain. Des forces combattantes jeunes et informées et des femmes courageuses forment l’avant-garde de cette lutte. Voici quelques points importants à noter :
Premièrement, les meurtres et les arrestations massives n’ont pas réussi à intimider et à faire taire le peuple, en particulier les jeunes insurgés. Et le régime n’a pas été en mesure de réduire à néant le courage de la force combattive et insurgée qui est l’axe principal de la révolte. La Résistance iranienne a annoncé que 30.000 personnes ont été arrêtées lors de ce soulèvement. Plus tard, les médias du régime ont annoncé que le nombre d’arrestations était de 29.000, et récemment, les pasdarans de Khamenei ont officiellement reconnu avoir arrêté environ dix mille personnes dans le seul Téhéran. Cependant la répression sauvage, au lieu de conduire au désespoir et à la passivité, a mené à une explosion de colère et de rejet de la population.
Deuxièmement, le régime a forcé des personnes innocentes et non armées à se défendre.
Selon les chiffres annoncés dans les médias officiels, plus de 7000 agents de la répression ont été blessés pendant les affrontements. Plus d’un millier de centres de la milice du Bassidj, des bases des pasdarans ainsi que des sièges et locaux du pouvoir ont été incendiés. De même, 700 véhicules et équipements des forces répressives et 800 centres financiers et de pillage du pouvoir prédateur et de ses pasdarans ont été la cible d’attaques.
De telle manière que la résistance et la combattivité de la jeunesse insurgée ont profondément désespéré et effrayé les forces de soutien du régime. Le 26 novembre dernier, Khamenei a personnellement réconforté les miliciens du Bassidj en leur demandant de garder le moral.
Le troisième point est l’incapacité du régime à répondre aux demandes d’une société de 85 millions d’Iraniens. Khamenei et son régime n’ont ni solution, ni programme, ni feuille de route. Le soulèvement a changé les points de repères dans la société et dans la mentalité de l’opinion publique et les ont orientées vers le renversement du pouvoir.
Neutraliser les conditions du soulèvement actuel nécessite des changements politiques fondamentaux, que Khamenei n’abordera jamais et qu’il considère à juste titre comme synonymes de renversement.
Du point de vue économique, la société a besoin d’un traitement urgent et d’une amélioration fondamentale de la situation économique, mais Khamenei et son bourreau de président vont exactement dans la direction opposée. La base de leur politique est toujours de vider les tables et les poches de la population.
Khamenei a récemment commencé à vendre des actifs de l’État en raison du déficit budgétaire. Il a donné l’immunité judiciaire à la délégation chargée de ces ventes pour exécuter son plan sans la moindre entrave. C’est une autre étape importante du pillage des biens de la nation iranienne. Par conséquent, Khamenei est obligé de suivre une voie où chacun de ses pas alimente le soulèvement.
Aujourd’hui, Khamenei s’appuie sur son armée d’assassins et sur ses hordes de tortionnaires et de juges de la mort pour préserver son régime putréfié. Mais si la répression était la solution, le soulèvement actuel n’aurait jamais éclaté.
Le résultat est que toutes les voies vers le passé sont bloquées et il ne tiendra pas en restant dans la situation présente. Cette situation n’a qu’une issue : le renversement du fascisme religieux et l’instauration d’une république démocratique fondée sur le vote du peuple iranien.
« Ni chah ni mollah » : la ligne rouge du CNRI
Chers compatriotes,
Face à la tempête du soulèvement et de la révolution, en dehors des arrestations et des meurtres, qui sont sa méthode habituelle, le régime des mollahs utilise toutes sortes de ruses et de tromperies pour gagner du temps et prolonger son existence. Les événements au cours de ce soulèvement ont montré comment Khamenei utilise les vestiges de l’ancienne dictature – cachés ou manifestes. Des faits indéniables ont montré que les ficelles de ces pantins sont tirées par le ministère du renseignement ou les gardiens de la révolution dans le but d’entraver le soulèvement et le renversement.
Cependant, la propagation du slogan « à bas l’oppresseur, qu’il soit chah ou mollah », même si cela a coûté l’arrestation de nombreux jeunes insurgés, a cependant activé l’effondrement de l’illusion d’un retour à la dictature précédente, illusion qui disparaîtra encore plus à l’avenir.
Il a été prouvé que la démarcation « ni chah ni mollah », qui est la « ligne rouge du Conseil national de la résistance et des Moudjahidine du peuple » depuis quatre décennies, est fondée ; et que la révolution démocratique, issue de la négation du chah et des mollahs, constitue la poursuite et l’évolution historique de la stratégie de Mossadegh connue sous le nom de « l’équilibre négatif » (équilibre qui nie à la fois la dépendance aux puissances de l’Ouest et de l’Est)
Oui, nous arrivons toujours à la même conclusion que la leçon la plus importante et la plus grande du soulèvement est que la solution au problème de l’Iran est le renversement du fascisme religieux et l’établissement d’une république démocratique fondée sur le vote populaire.
Certes, la réponse n’est pas dans les alternatives virtuelles et purement médiatiques. Il faut en payer le prix par des sacrifices. Le sacrifice toujours vivace des martyrs, resté intact depuis plus de 40 ans, ne laisse aucune place à un retour vers le passé. Il faut avancer vers l’avenir. Rien ne peut se faire sans le sacrifice et la lutte, et personne à part nous-même, ne le fera pour nous.
Les devoirs des Iraniens et soutiens de la résistance
Chers compatriotes,
C’est pourquoi, où que vous soyez, vous devez sans exception vous considérer comme un soutien des insurgés, un messager de la révolution démocratique iranienne.
– Les sanctions symboliques ou sans effet ne suffisent plus.
– Khamenei, Raïssi, Rohani, Zarif et tous ceux qui ont trempé leurs mains dans le sang des enfants de la patrie doivent comparaitre devant une cour de justice internationale et payer pour le sang injustement versé au cours de ces 44 années, y compris les victimes de l’attaque au missile contre l’avion ukrainien. Bien entendu, ils devront répondre principalement devant les tribunaux compétents de l’Iran libre.
– Il faut non seulement inscrire le corps des pasdarans et le ministère du renseignement de Khamenei sur la liste des entités terroristes, mais il faut aussi les dissoudre. C’est nécessaire pour la paix et la sécurité internationales et cela doit être approuvé par la communauté mondiale, les instances internationales, les parlements et les gouvernements attachés aux droits humains.
– Il faut fermer les ambassades du régime. Ces nids d’espionnage et d’exportation du terrorisme et de l’intégrisme sont des centres logistiques et d’opérations de soutien de la répression du soulèvement.
– Il faut invalider les passeports de tous les mercenaires du régime, comme l’a fait le verdict de la justice belge pour les terroristes poseurs de bombe et expulser les agents du Corps des pasdarans, du ministère du Renseignement et de la Force Qods des mollahs.
– La communauté internationale doit reconnaître à la jeunesse et au peuple iraniens le droit à l’autodéfense et le droit de résister et de renverser le fascisme religieux.
– La liste des instruments d’espionnage et des équipements au service de la répression et de la censure que les entreprises occidentales ont vendus au régime est ahurissante. Il faut mettre un terme à ces transactions trempées de sang.
Pour la liberté
Chers amis, Iraniens épris de liberté,
Depuis quatre décennies, une bataille étonnante et pleine d’espoir se déroule pour obtenir les droits les plus élémentaires du peuple iranien.
Pour la liberté, pour supprimer toute forme d’oppression et de dictature.
Pour la justice sociale et un Iran libéré de la pauvreté, des vols et du pillage.
Pour la séparation de la religion et de l’État, les droits des minorités ethniques et l’autonomie du Kurdistan.
Pour la liberté des idées et des religions.
Pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et le rôle déterminant des femmes à la direction politique.
Pour se débarrasser du gouvernement obligatoire, de la religion obligatoire et du voile obligatoire.
Pour la libération des prisonniers politiques et l’abolition de la torture, des exécutions et de l’inquisition.
Oui, ce qui se passe dans les rues d’Iran est le prolongement d’une bataille de quarante années avec les mêmes slogans, idées et aspirations, avec à l’avant-garde les femmes et les filles courageuses et rebelles, les jeunes insurgés et les unités de résistance. Une bataille qui se dirige vers le renversement des mollahs et vers un Iran libre.
Je terminerai mon discours en marquant l’anniversaire de la naissance du mentor historique des Moudjahidine du peuple, l’Imam Ali, le premier Imam chi’ite, qui avait déclaré dans son dernier discours : « Soyez un ami des opprimés et un ennemi des oppresseurs ». Que notre soulèvement et notre révolution remportent la victoire en mettant fin à la nuit noire de l’oppression et de la répression, et en sauvant et libérant au plus vite les opprimés.
Vive le peuple iranien !
Vive la liberté !
La révolution démocratique du peuple iranien sera victorieuse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire