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lundi 24 avril 2023

Iran : Des millions d’écolières menacées d’empoisonnements dans leurs écoles

 Amnesty International  Quelques mois après le début des manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, des écolières ont été victimes d’empoisonnements et hospitalisées. Ces attaques au gaz dans des écoles primaires, des collèges et des lycées pour filles se multiplient. Les autorités nient toute implication. Nous alertons sur les risques de nouveaux empoisonnements et demandons l’ouverture d’enquêtes indépendantes.

La première attaque au gaz signalée dans une école de filles en Iran a eu lieu le 30 novembre 2022 dans la ville de Qom, où 18 écolières ont été empoisonnées. Deux semaines plus tard, 51 écolières ont été empoisonnées dans la même école.

Détresse respiratoire, palpitations cardiaques, nausées, vomissements… des milliers de jeunes filles ont été victimes d’empoisonnement au gaz depuis novembre 2022. Les attaques ont d’abord été signalées dans la province de Qom, puis se sont étendues à d’autres provinces et sont devenues plus fréquentes. Plus de 100 écoles ont été visées, certaines plusieurs fois. Selon les médias indépendants et les organisations de défense des droits humains, les attaques les plus récentes ont eu lieu les 15, 16 et 17 avril dans plusieurs écoles.

Ces empoisonnements, non revendiqués, semblent s’inscrire dans le cadre d’une campagne coordonnée et organisée visant à punir les écolières pour leur participation aux manifestations qui ont éclaté à la mi-septembre 2022. Depuis le début du soulèvement, les autorités iraniennes usent déjà de méthodes de répression violentes visant à étouffer le mouvement.

Déni total des autorités

Depuis les premières attaques au gaz dans les écoles, les autorités ont cherché à dissimuler les informations et à déformer les faits pour minimiser les attaques. Elles ont par exemple attribué les symptômes ressentis par les écolières à du « stress » ou à une « contagion mentale » plutôt qu’à un empoisonnement. Un médecin iranien nous a informé que le ministère de la Santé avait publié un protocole à l’intention des centres médicaux du pays, ordonnant au personnel médical d’attribuer au « stress » les symptômes dont souffrent les écolières à la suite des attaques au gaz chimique.  

Les autorités ont aussi tenté de réduire au silence les médias qui traitaient du sujet. Un journaliste a été arrêté pour son reportage sur les attaques au gaz dans les écoles. 

Malgré le dépôt de plainte de plusieurs familles, les autorités ne communiquent aucune information sur le suivi des enquêtes. Certains parents ont retiré leurs filles de l’école, craignant pour leur sécurité.

Mort d’une fillette de 11 ans

En février, des journalistes indépendants hors d’Iran ont rapporté qu’une fillette de 11 ans était morte après avoir été empoisonnée lors d’une attaque dans son école à Qom. Les autorités ont réfuté ces informations et les médias d’État ont publié des articles citant une maladie virale respiratoire et une maladie rénale comme causes de la mort. Les membres de la famille ont confirmé publiquement cette thèse. Nous craignons que la famille n’ait été contrainte de faire ces déclarations sous la pression ; étant donné les pressions qu’exercent depuis longtemps les autorités iraniennes sur les familles des victimes pour leur extorquer des aveux forcés et publics confirmant les récits officiels.

Par ces attaques au gaz chimique, visant délibérément les écoles de filles en Iran, ce sont les droits à l’éducation, à la santé et à la vie de millions d’écolières qui sont menacés. Nous demandons une enquête indépendante et approfondie. 

Comment agir ?

Pour appuyer notre demande d’enquête indépendante et alerter sur la multiplication des attaques au gaz dans les écoles de filles, nous vous proposons un modèle de courrier adressé au procureur général iranien Mohammad Jafar Montazeri qui sera envoyé l’Ambassade d’Iran pour l’Union européenne. Vous pouvez aussi relayer l’information sur vos réseaux sociaux. En parler, c’est déjà agir.

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