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lundi 7 août 2023

L’adhésion du régime iranien à l’OCS ne sauvera pas son économie déliquescentes

 Ces dernières semaines, les responsables du gouvernement d’Ebrahim Raïssi ont lancé une vaste propagande concernant l’adhésion du régime iranien à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Compte tenu des sanctions internationales sans précédent affectant toutes les transactions commerciales et économiques avec l’Iran, tout engagement extérieur avec ce régime soulève une question cruciale : l’adhésion de Téhéran à l’OCS est-elle une bouée de sauvetage pour son économie chancelante ou simplement un spectacle sans avantages tangibles ?

Qu’est-ce que l’Organisation de Coopération de Shanghai ?
Le mécanisme initial des Cinq de Shanghai était une « organisation intergouvernementale » créée le 26 avril 1996 par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan pour promouvoir la coopération multilatérale dans les domaines de la sécurité, de l’économie et de la politique dans la région eurasienne. Il a été initialement fondé pour contrer l’influence des États-Unis et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dans la région. Peu de temps après, l’Ouzbékistan a également rejoint l’organisation, et elle a été officiellement rebaptisée « Organisation de coopération de Shanghai ».

En plus des membres principaux, la Mongolie est devenue observateur en 2004, suivie par l’Iran, le Pakistan, l’Inde et l’Afghanistan en 2005, et plus tard la Biélorussie a rejoint en tant qu’observateur. L’Inde et le Pakistan sont devenus membres à part entière de l’OCS en juin 2017.

Processus d’adhésion de l’Iran à l’OCS
Le 17 septembre 2021, alors qu’Ebrahim Raïssi se rendait à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan, et assistait au sommet de l’OCS, le régime a finalement obtenu son adhésion tant souhaitée à l’organisation. Le projet de loi pour l’adhésion du régime à l’OCS a été approuvé par le parlement du régime le 27 décembre 2022. En moins de deux ans, et lors du sommet virtuel des pays membres tenu en Inde le 4 juillet 2023, l’adhésion officielle de Téhéran à l’OCS a été approuvé et annoncé.

Après l’adhésion officielle à l’Organisation de coopération de Shanghai, les factions désormais écartées du pouvoir l’ont dénigré comme une « pseudo-réalisation d’Ebrahim Raïssi ». Dans leurs propres médias, ils ont écrit : « L’adhésion de l’Iran à l’OCS a été l’une des premières questions soulevées par le précédent gouvernement. Bien que Téhéran s’y efforçait depuis des années, grâce à la propagande et à l’embellissement du succès, il a été marqué sous le nom du gouvernement actuel. »

Les sanctions internationales et le parrainage du terrorisme sont les principales raisons du long processus d’adhésion de Téhéran à l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Ces demandes d’adhésion à l’OCS ont été bloquées jusqu’en 2015 en raison des sanctions des Nations unies contre le régime. En 2010, lors du sommet de Tachkent, les membres de l’OCS ont convenu que tout pays souhaitant devenir membre à part entière ne devrait pas faire l’objet de sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU.

Le Tadjikistan, en tant que l’un des pays membres, s’est opposé à l’adhésion de Téhéran à l’organisation en raison de son affiliation avec Muhiddin Kabiri, le chef du Parti de la Renaissance islamique du Tadjikistan (IRPT). En 2005, l’IRPT a été déclaré illégal au Tadjikistan, accusé d’avoir tenté de renverser le gouvernement et d’établir un système similaire au régime iranien dans un pays persanophone.

Selon le règlement intérieur de l’OCS, l’adhésion de tout nouveau pays à l’organisation est soumise à l’approbation de tous les membres. L’opposition du Tadjikistan a conduit à des pourparlers de sécurité entre Téhéran et Douchanbé, ce qui a conduit le Tadjikistan à accepter également l’adhésion de l’Iran.

Afin de devenir membre de l’OCS, le régime iranien a été contraint de renoncer à sa stratégie de parrainage du terrorisme au sein des pays membres. Il a dû renoncer à investir dans les failles nationales et religieuses de ces pays, qui avaient toujours été un prétexte pour le régime pour parrainer le terrorisme et accroître ce qu’ils appelaient un «levier stratégique » dans les négociations.

Résoudre les problèmes économiques de Téhéran
Commentant la manière dont l’OCS pourrait aider le régime, Mohammad Lahooti, membre de la Chambre de commerce de Téhéran et chef de la Confédération des exportations du régime, a déclaré le 10 juillet : « Les pays membres de l’OCS ont réduit leur commerce avec l’Iran en raison de la non- adhésion au GAFI [Groupe d’action financière]. La Chine n’est pas disposée à exporter directement de nombreuses marchandises vers l’Iran parce que l’Iran est sur la liste noire du GAFI.

Le GAFI est une organisation intergouvernementale qui élabore des politiques de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme dans le monde. Le régime est sur la liste noire du GAFI pour non-respect des règles de l’organisme en matière de transparence financière.

« Lors des précédentes séries de sanctions, les sociétés énergétiques chinoises ont abandonné l’industrie iranienne et la Chine a réduit ses importations de pétrole en provenance d’Iran. L’Inde, un autre membre de l’OCS, a également réduit ses importations de pétrole en provenance d’Iran lors des sanctions précédentes et continue de le faire maintenant. L’Iran ne doit donc pas espérer bénéficier de la résolution des pays membres de l’OCS pour atténuer les effets des sanctions », a conclu Lahooti.

Dans un rapport intitulé « L’adhésion de l’Iran à l’Organisation de coopération de Shanghai: conséquences pour la diplomatie économique », le Centre de recherche de la Chambre de commerce, des industries, des mines et de l’agriculture a également conclu que les avantages de l’adhésion du régime à l’OCS sont pratiquement liés à la levée des sanctions internationales.

Ebrahim Rahimpour, ancien adjoint pour l’Asie et l’Océanie au ministère des Affaires étrangères du régime, a déclaré : « La Chine, en tant que membre le plus important de l’OCS, et non l’Inde, n’a pas investi en Iran comme prévu. Il ne semble pas qu’aucun de ces deux pays soit disposé à provoquer une réaction des États-Unis, et il est peu probable qu’une adhésion formelle à l’Organisation de coopération de Shanghai change cette réalité.»

« Puisque l’Iran est isolé par l’Occident, les membres de l’Organisation de coopération de Shanghai ne seront pas disposés à coopérer avec Téhéran et à développer des relations. Ils préfèrent travailler avec un pays qui n’est pas sous sanctions et qui n’a pas de problèmes avec les transactions en dollars. Ceci, avec la désignation de l’Iran sur la liste noire du GAFI, fait partie des obstacles que les économistes désignent comme des obstacles au développement des relations avec les pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghai. Les Chinois nous ont précédemment informés que nous devions d’abord approuver le GAFI pour étendre la coopération », a ajouté Rahimpour.

De vagues espoirs pour les investissements de SCO
Les économistes affiliés à l’État estiment qu’il existe de multiples défis à l’utilisation des avantages économiques de l’Organisation de coopération de Shanghai. L’Iran n’est pas une voie de transit attrayante en raison des lacunes des réseaux ferroviaires et routiers modernes et du manque d’accès aux ports. L’Iran fait face à des difficultés de financement de grands projets, qui ne seront pas atténuées par l’adhésion à l’OCS.

Selon Ebrahim Rahimpour, il n’existe aucun mécanisme de transactions économiques entre les neuf membres de l’OCS pour une coopération mutuelle utilisant leurs monnaies nationales.

« La Chine a lancé un projet très important et très investi appelé l’Initiative Ceinture et Route, mais malheureusement, l’Iran a été largement mis à l’écart des voies d’investissement, malgré son fort potentiel d’accès aux eaux chaudes », a déclaré Rahimpour. « C’est pourquoi l’avantage économique de l’Iran n’est pas vraiment évident sur le terrain. »

Conclusion
La volonté du régime d’adhérer à l’Organisation de coopération de Shanghai semble être alimentée par le battage publicitaire plutôt que par des avantages tangibles. Compte tenu des sanctions internationales en cours contre le régime et de sa présence sur la liste noire du GAFI, les avantages économiques d’une adhésion à l’OCS restent évanescentes. De plus, sous la dictature cléricale, la structure économique de l’Iran manque d’attrait pour attirer les investissements stratégiques. Le climat politique incertain qui prévaut et la société potentiellement volatile suscitent des inquiétudes chez les investisseurs qui envisagent des engagements économiques à long terme avec le régime. Par conséquent, il faut comprendre que l’accomplissement surmédiatisé ne concerne pas ce qui est réellement réalisé, mais plutôt qui il est censé tromper.

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