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vendredi 18 août 2023

Le projet de loi du Parlement iranien sur le hijab et la chasteté suscite la controverse dans un contexte de tensions

 Le 13 août, la majorité des membres du Majlis, l’organe parlementaire iranien, se sont prononcés en faveur du projet de loi controversée sur le hijab et la chasteté.

Selon les données des agences de presse officielles iraniennes, sur 238 représentants, 175 ont voté pour, 49 contre et 5 se sont abstenus.

Ce projet de loi controversé, connu officiellement sous le nom de « Projet de loi pour la protection de la famille par la promotion de la chasteté et de la culture du hijab », est une initiative du régime autoritaire visant à imposer le port obligatoire du voile en Iran. Cette initiative s’appuie sur l’article 85 de la Constitution, qui autorise le Parlement à déléguer son pouvoir législatif à ses commissions dans certaines circonstances.

Le processus d’élaboration du projet de loi n’a pas été sans complexité. Après examen, il s’est avéré que le projet de loi avait recueilli « plus de 1600 amendements » de la part de 59 représentants, ce qui indique une opposition significative. L’approbation de la commission a donc été considérée comme une solution rapide.

Le pouvoir judiciaire a initié la genèse du projet de loi après l’arrêt temporaire de la police des mœurs en 2022 en raison d’un soulèvement national. Après sa rédaction initiale, le projet de loi a considérablement évolué. La Commission judiciaire parlementaire a élargi le nombre d’articles, qui était de 9 au départ, à 70, et a même inclus des clauses relatives à Internet.

Le climat politique entourant ce projet de loi est obscur. Bien que certaines factions fassent pression pour qu’il soit accepté, son statut reste ambigu. Comparativement, cette ambiguïté reflète les efforts passés du régime, tels que les tentatives d’augmenter les prix des carburants ou de restreindre les libertés sur Internet.

Cette récente décision politique est considérée comme une réaction au tollé provoqué par l’assassinat de Mahsa Amini, sanctionné par l’État, pour cause de « port incorrect du voile ». À la suite de cet événement tragique, des manifestations à forte connotation politique ont éclaté, exigeant la fin de la dictature religieuse.

Ces manifestations ont creusé le fossé entre les citoyens iraniens et leur gouvernement, l’imposition du port obligatoire du voile étant au cœur des débats. Le régime, conscient des implications, reconnaît qu’il est dangereux d’accéder aux demandes du public. Il craint qu’une seule concession ne le conduise à sa perte.

Pour réorienter le récit, le régime a opté pour des diversions médiatiques et des tactiques politiques, espérant recentrer le débat sur la tenue vestimentaire, détournant ainsi l’attention de questions plus profondes.

Cependant, le régime est confronté à deux défis majeurs. Tout d’abord, l’imminence de l’anniversaire des manifestations de 2022 suscite des inquiétudes quant à la possibilité de raviver les tensions. D’autre part, les élections législatives de février prochain sont cruciales pour que le Guide suprême Ali Khamenei puisse affirmer la légitimité du régime.

Les enjeux dépassent les simples choix vestimentaires. Les manifestations de 2022 ont illustré le rejet général par la population iranienne du régime autoritaire et de l’imposition religieuse.

Compte tenu de ces facteurs, il est évident que le régime se trouve dans un bourbier en ce qui concerne l’approbation du projet de loi, au moins jusqu’à ce que la poussière retombe après l’anniversaire des manifestations et la fin des élections parlementaires.

Source : Stop au Fondamentalisme/CSDHI

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