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mercredi 23 août 2023

Nasrin Alizadeh détenue, les familles des victimes du soulèvement confrontées à une nouvelle oppression

 Amnesty International demande que soit respecté le droit des familles à commémorer sans représailles les êtres chers tués pendant le soulèvement, à l’occasion du premier anniversaire de celui-ci.

Les forces de sécurité du régime clérical à Isfahan ont arrêté Nasrin Alizadeh aujourd’hui, mercredi 23 août 2023, et l’ont transférée dans un lieu non divulgué.

Nasrin Alizadeh est la sœur de Shirin Alizadeh, qui a été tuée par les forces de sécurité à Ramsar, dans le nord de l’Iran, au cours des premiers jours du soulèvement iranien l’année dernière.

Nasrin Alizadeh a été arrêtée après une descente des forces de sécurité à son domicile. On ne dispose d’aucune information sur le lieu et le motif de sa détention.



Le 17 août 2023, le mari de Shirin Alizadeh, M. Kourosh Vaziri, a été arrêté par les forces de sécurité et détenu à la prison de Dastgerd à Isfahan.

Nasrin Alizadeh détenue, les familles des victimes du soulèvement
Kourosh Vaziri et son fils, Daryoush, à côté de la tombe de leur femme et de leur mère.

M. Vaziri a été arrêté après avoir célébré l’anniversaire de sa femme avec quelques amis sur sa tombe. Il a été arrêté devant son fils.

Shirin Alizadeh, 35 ans, mère d’un garçon de 7 ans appelé Daryoush, a été tuée d’une balle dans la tête par les forces de sécurité à Ramsar alors qu’elle voyageait en voiture avec son mari et son fils le 22 septembre 2022.

Hier, 22 août 2023, Mme Mahsa Yazdani, la mère de Mohammad Javad Zahedi, tué lors des manifestations en Iran l’année dernière, a également été arrêtée par les forces de sécurité à Sari, la capitale de la province de Mazandaran, dans le nord de l’Iran. Aucune information n’est disponible sur le lieu et la raison de son arrestation.

Les forces de sécurité de Sari ont tué Mohammad Javad Zadehi le 22 septembre 2022.

Nasrin Alizadeh détenue, les familles des victimes du soulèvement
Mahsa Yazdani et son fils, Mohammad Javad Zahedi, tués lors des manifestations en Iran 2022

Les services de renseignement et les forces de sécurité iraniens arrêtent les proches des manifestants tués à la veille de l’anniversaire du soulèvement iranien, le 16 septembre 2022.

Amnesty International : il faut mettre fin au harcèlement des familles des victimes tuées illégalement lors de manifestations

Amnesty International a publié le 21 août 2023 un rapport décrivant comment les autorités iraniennes soumettent les familles des victimes à des arrestations et détentions arbitraires, imposent des restrictions cruelles aux rassemblements pacifiques sur les lieux de sépulture et détruisent les pierres tombales des victimes.

Amnesty International a déclaré que les familles des personnes tuées illégalement par les forces de sécurité iraniennes lors du soulèvement de 2022 doivent être autorisées à commémorer le premier anniversaire de leur mort.

Amnesty International a écrit : Aucun responsable n’a eu à rendre des comptes pour l’homicide illégal de centaines d’hommes, de femmes et d’enfants commis par les forces de sécurité lors de la répression brutale du soulèvement populaire qui a embrasé l’Iran à la suite de la mort en détention de Mahsa/Zhina Amini, le 16 septembre 2022.

« La cruauté des autorités iraniennes ne connaît pas de limites. Dans leur sinistre volonté de dissimuler leurs crimes, elles exacerbent la détresse et la souffrance des familles des victimes en les empêchant de réclamer justice, vérité et réparation, ou même de fleurir les tombes de leurs proches. Alors que l’anniversaire du soulèvement approche, les familles redoutent d’être en butte aux méthodes répressives habituelles pour les empêcher d’organiser des cérémonies, a déclaré Diana Eltahawy, directrice adjointe d’Amnesty International pour la région Afrique du Nord et Moyen-Orient.

« La communauté internationale doit soutenir ces familles et faire pression sur les autorités iraniennes, en privé et en public, pour qu’elles respectent leur droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Les familles doivent être mises à l’abri de la détention arbitraire, des menaces et autres représailles. Les États doivent aussi engager les autorités iraniennes à libérer toutes les personnes détenues pour avoir réclamé vérité et justice pour leurs morts, annuler toutes les condamnations et sentences iniques prononcées contre elles et abandonner toutes les charges visant les personnes exposées à des représailles pour s’être exprimées. »

Dans sa dernière publication, Amnesty International a recensé les cas de 36 familles de victimes originaires de 10 provinces à travers le pays qui subissent des atteintes à leurs droits depuis plusieurs mois. Il s’agit des familles : de 33 personnes tuées illégalement par les forces de sécurité lors des manifestations, de deux personnes exécutées arbitrairement en lien avec la contestation et d’une victime de torture qui s’est suicidée une fois libérée.

En juillet 2023, la mère d’Artin Rahmani, 16 ans, abattu par les forces de sécurité le 16 novembre 2022 à Izeh, dans la province du Khuzestan, a déclaré sur Twitter : « Les autorités de la République islamique ont tué mon fils innocent, emprisonné mon frère et mes proches, et m’ont convoquée au bureau du procureur afin de me faire taire parce que j’ai commis le crime de réclamer justice pour le meurtre de mon enfant. Les citoyen·ne·s en Iran n’ont pas le droit de protester et toute volonté de liberté est étouffée avec la plus grande violence. »

Les autorités tentent aussi d’interdire aux familles d’organiser des cérémonies sur les tombes de leurs proches, y compris pour leur anniversaire. Celles qui ont malgré tout organisé des rassemblements ont signalé la forte présence des forces de sécurité ; celles-ci ont interrompu avec violence les cérémonies, pris des photos des participants et frappé ou arrêté arbitrairement les membres de la famille.

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