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mercredi 22 novembre 2023

Les contrôleurs du hijab intensifient le harcèlement contre les femmes dans le métro de Téhéran

 – Ces derniers jours, des photos représentant le métro de Téhéran ont fait surface sur les médias sociaux, révélant un nouveau cadre d’individus associés au Comité autoproclamé pour la promotion de la vertu et la prévention du vice luttant contre le non port du Hijab.

Officiellement non affilié, ce groupe, composé d’hommes et de femmes dont beaucoup dissimulent leur visage, se présente comme des « ambassadeurs de l’orientation ». Positionnés le long des couloirs du métro menant aux sorties, ils confrontent et réprimandent les femmes qui ne portent pas le hijab, allant même jusqu’à les photographier sans leur consentement.

Il est inquiétant de constater que certains membres de ce groupe agressent verbalement les femmes et les jeunes filles de manière flagrante. Des individus non identifiés en civil filment subrepticement le visage des gens sans leur permission.

Une photo d’Enghelab Metro montrant ces nouvelles patrouilles a circulé, mais aucune déclaration officielle n’a été faite concernant l’identité de ces individus ou de leur organisation.

En réponse, le journal Farhikhtegan, tout en reconnaissant la situation, tente de minimiser la présence illicite des surveillants de hijab et d’autres groupes informels dans les espaces publics.

Le journal affirme que le comportement de ces agents est « doux » et que leurs avertissements ne sont pas « sérieux ». Cependant, le rapport révèle également les strates complexes de ces patrouilles, reconnaissant leur nature multiforme.

Le journal révèle que « dès le début de l’intersection de la rue Valiasr-Jomhuri, une femme portant un tchador et couvrant son visage d’un masque rappelle tranquillement aux passants qu’ils doivent porter le hijab.

Un officier de police se tient également à côté de la femme observant le hijab ». En outre, près de l’entrée du métro, deux femmes portant le tchador, accompagnées d’une importante présence policière, conseillent aux femmes entrant dans le métro sans châle ou foulard de porter le hijab.

Le rapport se penche sur les différents niveaux de contrôle du hijab, détaillant leurs emplacements et leurs méthodes. Le journal s’interroge sur la légalité de la prise d’images des passagers du métro, soulignant le manque de clarté quant à l’institution responsable de l’obtention de ces images et quant à l’autorité qui accorde l’autorisation de procéder à des actions aussi intrusives. Ce comportement invasif a, à juste titre, provoqué la colère des citoyens.

Les utilisateurs des médias sociaux se sont fait l’écho de ces préoccupations en évoquant l’atmosphère qui règne à la station de métro Teatr-e Shahr (Théâtre de la ville). La semaine dernière, des rapports ont fait état de confrontations entre des contrôleurs de hijab et plusieurs femmes dans cette station de métro.

Il est essentiel de noter que la politique du hijab obligatoire en Iran est depuis longtemps un sujet de discorde. Appliquée par le gouvernement, en particulier depuis la révolution islamique de 1979, le port obligatoire du voile par les femmes est un symbole du contrôle exercé par le régime sur les libertés individuelles.

Les femmes qui résistent ou protestent contre cette obligation s’exposent souvent à de lourdes conséquences, notamment des arrestations, des amendes et l’ostracisme social. Les cas de harcèlement par des contrôleurs de hijab autoproclamés, décrits ci-dessus, illustrent l’environnement répressif que de nombreuses femmes iraniennes endurent quotidiennement, ainsi que le problème plus large de la discrimination systémique fondée sur le sexe et des restrictions des libertés individuelles dans le pays.

Face à cette intrusion troublante de contrôleurs de hijab dans le métro de Téhéran, il est impératif de reconnaître le contexte plus large des troubles civils et des protestations contre le régime iranien. Le catalyseur de ce bouleversement a été la mort tragique de Mahsa Amini en garde à vue, un incident qui a suscité l’indignation générale.

L’arrestation d’Amini le 13 septembre 2022 par la patrouille d’orientation pour violation présumée de la loi iranienne sur le hijab obligatoire s’est transformée en un horrible épisode de brutalité. Des témoins ont attesté qu’elle avait été sévèrement battue par les agents de la patrouille d’orientation, ce qui a entraîné son effondrement, son hospitalisation et sa mort tragique trois jours plus tard.

À la suite de la mort d’Amini, une vague de protestations sans précédent a débuté le 16 septembre 2022 et s’est poursuivie en 2023. Ces manifestations ont été décrites comme le défi le plus important lancé au régime depuis la révolution islamique de 1979, représentant une révolte généralisée et profonde contre les politiques oppressives en place.

Le régime iranien a réagi par des coupures d’Internet généralisées, des restrictions sur les médias sociaux et le déploiement de gaz lacrymogènes et de tirs d’armes à feu, ce qui nous rappelle brutalement jusqu’où le régime est prêt à aller pour réprimer la contestation.

Alors que le pays est aux prises avec ces questions complexes, le harcèlement dans le métro décrit plus haut est un microcosme de la lutte plus large pour les libertés individuelles et les droits de l’homme en Iran.

Source : INU/ CSDHI : https://csdhi.org/actualites/repression/42671-les-controleurs-du-hijab-intensifient-le-harcelement-contre-les-femmes-dans-le-metro-de-teheran/

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