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mercredi 24 janvier 2024

Salavati : l’impitoyable juge de la mort en Iran

 Avant l’aube du 23 janvier, la vie de deux individus a connu une fin tragique dans l’enceinte de la prison de Ghezel Hesar. Mohammad Ghobadlou, un manifestant du soulèvement de 2022, et Farhad Salimi, un militant kurde, ont été exécutés par le bourreau. Leurs condamnations à mort ont été signées par le juge Salavati, le juge impitoyable des peine de mort en Iran.

Abolghassem Salavati a gravé son nom dans l’infamie à travers un sombre héritage d’accusations concoctées et de condamnations draconiennes. Qualifié de « juge des pendaison » ou « juge de la mort », il se délecte de son rôle macabre.

La notoriété du juge Salavati dépasse les frontières iraniennes puisqu’il a activement contribué à la condamnation de nombreux citoyens occidentaux détenus en Iran. Utilisant ces individus comme des pions dans un sinistre programme de prise d’otages, il leur a imposé des emprisonnements prolongés, voire des condamnations à mort.

Faisant face à des sanctions de la part de l’Union européenne et des États-Unis respectivement en 2011 et 2019, Salavati est accusé de violations des droits humains qui ont choqué le monde.

Officiellement, sa litanie de violations des droits humains comprend le refus d’un avocat à au moins 229 accusés, le placement d’au moins 166 personnes en isolement cellulaire, la restriction des contacts entre 104 accusés et leurs proches et la soumission de 46 personnes à la torture mentale et physique. Mais la réalité est autrement plus sinistre.

Le juge Salavati fait des condamnations à mort une source de fierté personnelle et de vantardise familiale. Son épouse, Parvin Shiri, originaire de Kermanshah, a pris sa retraite après neuf ans passés dans un établissement de santé psychiatrique à l’âge de 40 ans en raison de la détresse psychologique provoquée par les évocations des jugements épouvantables de son mari.

Le parcours de Salavati a commencé en tant que juge à Eslamabad-e-Gharb, dans l’ouest de l’Iran, avant de déménager à Kermanshah. Il a ensuite été transféré à Hamedan, obtenant une promotion pour ses exécutions sans vergogne à Eslamabad-e-Gharb.

Il n’existe aucune trace de Salavati possédant une formation ou des qualifications juridiques, ce qui laisse les défenseurs des droits de l’homme et même ses collègues juges se méfier de ses jugements erratiques. Son manque de compréhension des principes juridiques aggrave encore les craintes au sein de son propre entourage.

Le juge Salavati s’est fait connaître en supervisant des procès publics de manifestants à la suite de l’élection présidentielle controversée de 2009 en Iran. Non seulement les manifestants ont été confrontés à ses jugements cruels, mais également d’anciens responsables gouvernementaux tels que Mohammad Ali Abtahi, Behzad Nabavi et Abdollah Ramezanzadeh n’y ont pas échapés. Plus d’une centaine de manifestants ont été condamnés à de lourdes peines de prison, dont au moins six ont été condamnés à mort et pendus.

Parmi les affaires cruciales présidées par Salavati, citons le procès inquiétant du médecin irano-suédois Ahmadreza Djalali, où le juge a proclamé : « Votre condamnation est la mort, et elle ne changera pas à la fin du procès. »

Dans l’affaire Ruhollah Zam, il a prononcé une condamnation à mort pour 17 chefs d’accusation, ce qui a conduit à l’exécution de Zam le 12 décembre 2020. Ce dernier, un opposant qui résidait en France, avait été enlevé en Turquie et emmené en Iran pour monter sur l’échafaude.

Lors du procès d’un groupe de militants écologistes, Salavati a refusé aux accusés le droit de choisir leurs propres avocats. Narges Mohammadi a été condamné à dix ans de prison en 2015 et Mohsen Amir-Aslani a été condamné à mort en octobre 2014 pour avoir fourni une interprétation différente du Coran. Zahra Bahrami, une citoyenne irano-néerlandaise, initialement arrêtée pour avoir participé aux manifestations d’Achoura en 2009, a été exécutée le 22 janvier 2011, sa condamnation à mort étant ensuite attribuée au trafic de drogue visant à échapper à la surveillance internationale. Omid Kokabi, étudiant d’élite en physique aux États-Unis, a été condamné à dix ans de prison en avril 2012 pour avoir prétendument « collaboré avec un État ennemi ».

Dans un régime qui ne survit et ne prospère que grâce à la terreur, des individus tels que le juge Salavati trouvent un chemin sans entrave vers le pouvoir en trahissant l’essence même des valeurs humaines. Malgré la condamnation mondiale du régime des mollahs pour ses violations flagrantes des droits humains, l’absence d’actions concrètes a accordé à des criminels comme Salavati un degré d’impunité alarmant. La communauté internationale devrait plaider en faveur de l’isolement diplomatique de Téhéran et subordonner toute relation à la cessation de la peine de mort en Iran.

Source: CNRI 

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