Le 6 mars, Amnesty International a publié un communiqué de presse indiquant que cette campagne était menée par le biais d’une « surveillance généralisée des femmes et des jeunes filles dans les espaces publics et de contrôles de police massifs ciblant les conductrices ».
« Des dizaines de milliers de femmes se sont vu confisquer arbitrairement leur voiture pour avoir défié les lois iraniennes sur le port du voile. D’autres ont été poursuivies et condamnées à la flagellation ou à des peines de prison, ou ont dû faire face à d’autres sanctions telles que des amendes ou l’obligation de suivre des cours de ‘moralité' », ajoute la déclaration.
Le rapport se fonde sur les témoignages de 46 personnes – 41 femmes, une jeune fille et quatre hommes – recueillis par Amnesty International en février 2024
Cette organisation de défense des droits de l’homme indique qu’en préparant ce rapport, elle a examiné « des documents officiels, notamment des verdicts de tribunaux et des ordres de poursuites, qui indiquent qu’une pléthore d’organismes publics sont impliqués dans la persécution de femmes et de jeunes filles pour avoir simplement exercé leurs droits à l’autonomie corporelle et à la liberté d’expression et de croyance ».
Amnesty International a examiné des captures d’écran de 60 SMS de ce type envoyés au cours de l’année écoulée à 22 femmes et hommes.
« Amnesty International s’est entretenue avec 11 femmes qui ont décrit des poursuites et des arrêts de voiture intimidants et des mises en fourrière soudaines alors qu’elles vaquaient à leurs activités quotidiennes ordinaires telles que les trajets pour se rendre au travail, les visites médicales ou les courses d’école. Elles ont souligné le mépris total de la police pour leur sécurité, certaines d’entre elles se retrouvant bloquées sur des autoroutes très fréquentées ou dans des villes éloignées de leur lieu d’habitation », ajoute le rapport.
« Les femmes et les hommes ont déclaré que la procédure pour récupérer leur voiture auprès de la police de sécurité morale impliquait de longues files d’attente et un traitement dégradant de la part des fonctionnaires, y compris des insultes et des réprimandes sexistes sur l’apparence des femmes et des filles dès l’âge de neuf ans, ainsi que des instructions humiliantes de se couvrir les cheveux et des menaces de flagellation, d’emprisonnement et d’interdiction de voyager ».
Selon le rapport, des femmes et des filles ont reçu des instructions humiliantes leur enjoignant de se couvrir les cheveux et ont été menacées de flagellation, d’emprisonnement et d’interdiction de voyager.
« Une femme a également raconté à l’organisation un incident survenu à la fin de l’année 2023, au cours duquel un agent de la force publique d’une station de métro de Téhéran a frappé sa cousine de 21 ans à la poitrine », indique Amnesty dans son rapport.
« Une jeune fille de 17 ans a déclaré à Amnesty International que le directeur de son école l’avait temporairement suspendue après qu’une caméra de vidéosurveillance l’eut filmée non voilée dans une salle de classe, et qu’il avait menacé de la dénoncer à l’Organisation des renseignements des gardiens de la révolution si elle enlevait à nouveau son foulard.
Le communiqué de presse d’Amnesty International note qu’il est difficile de déterminer l’ampleur de ces persécutions judiciaires car les autorités s’abstiennent de publier des statistiques pertinentes.
Toutefois, les déclarations de Mohammad Reza Mirheidari, commandant des forces de police de la province de Qom en janvier 2024, concernant 1986 affaires judiciaires liées au port obligatoire du voile uniquement dans cette province depuis le début de l’année 2023, indiquent que ces affaires n’ont pas été largement signalées.
« Une femme a raconté à Amnesty International qu’un juge avait montré du doigt une pile de 30 ou 40 affaires sur son bureau, en indiquant qu’elles étaient toutes liées au port obligatoire du voile », selon le rapport. « Plusieurs autres femmes ont déclaré que les fonctionnaires du ministère public et de la police se plaignaient de leur lourde charge de travail due à la résistance des femmes contre le port obligatoire du voile.
« En janvier 2024, les autorités ont infligé une peine de 74 coups de fouet à Roya Heshmati pour s’être montrée non voilée en public. Dans un témoignage publié sur son compte de médias sociaux, elle a raconté sa flagellation par un fonctionnaire masculin en présence d’un juge, dans une pièce qu’elle a décrite comme une ‘chambre de torture médiévale’. »
À la suite des vastes manifestations qui ont débuté l’année dernière et qui ont entraîné la mort de Mahsa (Zhina) Amini alors qu’elle était détenue par la police de la moralité, le nombre de femmes et de jeunes filles qui s’abstiennent de porter le voile obligatoire en Iran a considérablement augmenté, ce qui constitue une forme de protestation civile.
Source : Iran Focus (site anglais)/ CSDHI
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