Pages

samedi 6 avril 2024

La crise du régime iranien face à une société rebelle

 Alors que le régime théocratique iranien se vante publiquement d’être une puissance régionale, ses responsables et les médias d’État rappellent régulièrement la menace d’une société rebelle, une situation qui a accru les luttes intestines des factions.

Le 29 mars, Gholamhossein Mohseni Ejei, le chef du pouvoir judiciaire du régime, a reconnu les querelles croissantes entre factions au sein du régime et la façon dont elles affecteraient l’emprise de la théocratie sur le pouvoir.

« Aujourd’hui, des adversaires et des forces malveillantes s’efforcent de semer la discorde, le pessimisme et le désespoir au sein de notre peuple. Notre objectif n’est pas simplement d’assurer des positions de pouvoir, a-t-il déclaré. Au lieu de cela, nous devons maintenir et renforcer notre unité, en empêchant toute infiltration d’éléments malveillants et d’espions dans nos rangs. »

Le système judiciaire du régime a multiplié les mesures de répression et les exécutions dans le but de terroriser une société au bord de l’explosion. Pourtant, Ejei a déclaré : «Notre mission aujourd’hui est d’administrer la justice à nos citoyens, en garantissant leur dignité à la fois dans cette vie et dans l’au-delà. Nous devons garantir le bien-être, la paix et la sécurité de notre peuple. »

Il n’est pas le seul responsable à reconnaître la vulnérabilité du régime. Dans une interview accordée au journal Etemad Online en mars, Mansour Haqiqatpour, un autre responsable proche de la faction au pouvoir, a déclaré : « Un vrai leader doit s’humilier devant le peuple ; ce gouvernement n’a pas gagné le respect de la nation iranienne. Il ne peut pas relever les défis de notre nation. Un gouvernement doit être exempt de défauts et gouverner le pays avec indépendance et raison, mais l’administration présidentielle actuelle n’est pas à la hauteur de cet idéal. »

Lors d’un entretien avec le site d’information contrôlé par l’État Khabar Online, Amanollah Qaraee-Moghaddam, un expert affilié à l’État, a évoqué les changements socio-économiques importants que l’Iran a connus au cours de l’année iranienne 1402 (mars 2023-mars 2024). Son analyse se penche sur les tensions sous-jacentes qui façonnent l’environnement social et politique iranien, notant en particulier un déclin significatif de la classe moyenne, qui entraîne de vastes implications pour la stabilité su régime.

Qaraee-Moghaddam souligne : « Un changement important que nous avons observé en 1402 est la contraction de la classe moyenne. Historiquement, la classe moyenne a agi comme une barrière protectrice, protégeant les segments inférieurs de l’influence de la classe supérieure. Selon l’expert, sa présence décroissante perturbe non seulement cet équilibre, mais ouvre également la voie à d’éventuelles frictions entre les classes inférieures et supérieures ainsi qu’avec le gouvernement. Ce déclin de la classe moyenne représente donc la perte d’un élément stabilisateur essentiel de la société iranienne, posant des risques pour l’unité sociale et une gouvernance efficace. »

« Il est impératif d’apaiser rapidement cette colère montante. Le gouvernement actuel, dirigé par Raïssi, est le moins méritant et incapable d’atténuer cette frustration », a déclaré le 25 mars Fayaz Zahed, un expert du régime au site Internet Ruydad 24.

Lorsque le guide suprême du régime, Ali Khamenei, a nommé Raïssi président, il s’agissait d’une tentative de renforcer son régime. Cependant, à la suite d’un soulèvement national et de difficultés économiques croissantes, le « grand projet » de Khamenei s’est effondré de façon lamentable.

Source: CNRI 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire