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jeudi 23 mai 2024

Iran : le régime en mode gestion de crise après la mort de Raïssi

 La mort du président des mollahs, Ebrahim Raïssi, ainsi que celle de son ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian et de plusieurs autres hauts responsables, soulève plus de questions que de réponses. Compte tenu de la longue histoire de secret, de tromperie et de manipulation de l’opinion publique du régime, même s’il devait divulguer des informations et des détails sur l’incident, on ne peut pas se fier à de telles révélations. Ce qui est certain, cependant, ce sont les ramifications politiques et sociales de cette évolution importante.

La cause et les circonstances
Dimanche 19 mai, une délégation composée des plus hauts responsables du régime s’est rendue dans le nord-ouest du pays pour inaugurer un barrage et rencontrer une délégation azerbaïdjanaise. Au milieu de tensions sans précédent avec l’Occident et de efforts visant à déstabiliser de nombreux pays de la région, Téhéran était désireux de montrer ses relations positives avec ses voisins. L’Azerbaïdjan était une cible particulièrement importante en raison de la crise qui a suivi la fusillade contre son ambassade à Téhéran le 27 janvier 2023 et des affrontements frontaliers en cours entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet de la région du Haut-Karabakh. Les médias d’État ont rapidement publié des informations et des photos de l’événement.

Cependant, Raïssi et Amir-Abdollahian n’ont pas survécu pour célébrer l’effort diplomatique de dimanche comme une autre réussite. Selon les médias d’État, la météo dans la région de Varzeqan, le long de la trajectoire de vol de Raïssi et de l’équipe d’Amir-Abdollahian, était extrêmement mauvaise.

Les rapports indiquent que trois hélicoptères ont quitté le site d’inauguration et que deux d’entre eux sont revenus sains et saufs. Étant donné que l’hélicoptère principal transportait le président et le ministre des Affaires étrangères, le retour en toute sécurité des deux hélicoptères qui l’accompagnaient sans l’hélicoptère principal ne peut être simplement considéré comme une erreur de sécurité. Il faut conclure qu’à tout le moins, Téhéran était conscient de la cause et des conséquences de l’échec du retour de l’hélicoptère de Raïssi et d’Amir-Abdollahian.

Selon le site Internet Asr-e Iran, des experts ont rapporté que l’hélicoptère utilisé par Raïssi et Amir-Abdollahian était un Bell 412, construit dans les années 1990 et appartenant à l’origine à une compagnie pétrolière. Après une révision et l’installation d’équipements spéciaux tels que des gadgets de vision nocturne, il fut ajouté à la flotte présidentielle. Ainsi, l’hélicoptère disparu lors de l’incident de la province de l’Azerbaïdjan oriental avait près de 40 ans.

Graves faiblesses militaires et logistiques
Un régime qui prétend depuis longtemps être la première puissance de la région, exportant des missiles et des drones vers d’autres pays et donnant en spectacle le lancement de plus de 300 roquettes et drones sur Israël en une nuit, a été contraint le 19 mai de démontrer au monde qu’il pouvait pas garantir la sécurité de ses plus hauts responsables exécutifs, et encore moins les sauver. Simultanément, Téhéran a mobilisé plus de la moitié des forces de sécurité et des forces armées dans la province de l’Azerbaïdjan oriental, déployé des centaines d’équipes de recherche et évité d’annoncer les résultats des recherches, révélant son manque d’organisation et d’équipement nécessaire pour localiser ses hauts responsables.

La situation s’est aggravée au point que même après que des pays comme la Turquie ont offert leur aide pour rechercher l’épave de l’hélicoptère, le régime a refusé toute aide étrangère par l’intermédiaire des médias d’État. Pirhossein Kolivand, chef de la Société du Croissant-Rouge du régime, a qualifié de « rumeur » le rôle de l’aide étrangère dans la localisation de l’hélicoptère de Raïssi.

Mode de gestion de crise
Comme elle l’a fait lors des crises passées, la dictature cléricale est entrée en mode « gestion de crise » les 19 et 20 mai, tentant d’obscurcir la vérité avec des informations contradictoires. Pour un régime qui a réprimé dans le sang des dizaines de soulèvements nationaux et locaux depuis 2017, la mort simultanée de plusieurs hauts responsables et complices de crimes contre l’humanité et de terrorisme mondial est une question de « sécurité nationale ».

Afin de gérer pleinement l’impact psychologique et d’éviter un choc social, Téhéran a délibérément diffusé pendant plus de 12 heures des informations contradictoires sur le groupe disparu. Le régime a délibérément promu la théorie d’un « atterrissage brutal » concernant l’hélicoptère de Raïssi, alors que tous les responsables locaux affirmaient leur ignorance. Gholamhossein Esmaili, chef du bureau de Raisi, a affirmé que le contact avait été établi avec le centre par Mohammad-Ali Alehashem, le chef de la prière du vendredi et représentant de Khamenei à Tabriz et que d’autres responsables ont affirmé avoir reçu des signaux de vie de l’hélicoptère tombé.

Ali Khamenei, le guide suprême du régime, connu pour ne pas réagir rapidement, a fait une rare apparition publique moins de 24 heures après l’incident. S’adressant à des membres triés sur le volet sous le couvert de familles des Gardiens de la Révolution, il a rassuré les forces du régime profondément préoccupées, affirmant que les autorités devaient prévenir les troubles. Suite à l’annonce des décès de Raïssi et d’Amir-Abdollahian, il a rapidement nommé leurs successeurs et a appelé à la tenue d’élections dans les 50 jours.

Si l’on doute de la voie que Khamenei pourrait prendre après la mort d’Ebrahim Raïssi et de son ministre des Affaires étrangères, les actions de gestion de crise de Téhéran servent de sonnette d’alarme et fournissent suffisamment d’informations politiques et sociales pour tirer des conclusions sur les développements futurs en Iran.

Source:NCRI 

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